Si Verizon venait quand même
Pas concluant comme plan d'affaires, donc. Et c'est pour cela que l'on est personnellement loin d'être sûr que Verizon viendra.
Mais si elle s'amenait quand même, quels seraient les dommages?
On l'a vu plus haut, Verizon risque d'avoir du (sans) fil à retordre pour prendre des parts de marché. Si elle s'amène, c'est qu'elle aura à ce moment décidé d'utiliser l'arme fatale dont les autres ne disposaient pas: ses poches profondes. Elle cassera fortement les prix. Les pertes seront colossales les premières années, mais elle fera le pari qu'après coup, une fois installée, elle pourra laisser remonter les prix et le jeu en aura valu la chandelle.
Évidemment, tout ne se fera pas du jour au lendemain. La rentrée s'amorcera vraisemblablement d'abord en Ontario.
À l'exception de Québecor, les cours boursiers des sociétés de téléphonie ont déjà été secoués en anticipation. Ceux de Telus et Rogers particulièrement, alors que le bénéfice du sans-fil représente pour eux entre 60 et 65% du bénéfice total (38% pour Bell).
Dans une récente analyse, sur la base des bénéfices anticipés en 2015, Vince Valentini, de Valeurs mobilières TD, estime que, dans le pire de ses scénarios, le titre de BCE (42,38$) pourrait passer à 34$, celui de Rogers (41,41$) à 36$, et celui de Telus (31,18$) à 26$.
Le scénario est en effet probablement un peu noir pour l'horizon 2015-16. Verizon n'aurait à ce moment probablement pas encore attaqué tous ses marchés géographiques et certains afficheraient encore des prix relativement élevés. Il n'est cependant certainement pas à écarter pour un peu plus loin dans le temps.
En théorie, Québecor semble dans une meilleure posture que les autres. Il y a déjà quatre concurrents au Québec, et le réseau de distribution de Verizon y est totalement à construire (Wind et Mobilicity ne sont pas ici). En outre, le sans-fil ne pèse pour l'instant que pour un peu plus de 7% de ses revenus. Cela dit, sa croissance future serait remise en doute.
D'autant que Verizon semble avoir le sol québécois bien en mire. Un commentaire du chef de la direction financière lors de la dernière conférence téléphonique de l'entreprise, le laisse en tout cas entendre. «Si vous regardez la population du Canada, 70% se trouve entre Toronto et Québec. C'est adjacent à notre réseau», a-t-il dit.
Ça ressemble à une indication de cible.
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