Si vous vous attendiez à un plan clair et précis avec le dévoilement de la nouvelle politique énergétique du Québec, vous risquez d'être déçu.
On s'attendait personnellement à une série de mesures et quelques programmes, avec des budgets précis pour parvenir à des cibles à atteindre.
Pour l'instant, seules les cibles sont clairement identifiées. Et certaines apparaissent pour le moins ambitieuses.
On est ressorti de la présentation en se disant que les objectifs étaient en megawatts, mais que l'éclairage sur les moyens de les atteindre, était, pour l'instant du moins, en watts.
Ce que le Québec a en vue
Sur l'horizon 2030, soit dans 15 ans, la province veut:
-Améliorer de 15% l'efficacité avec laquelle l'énergie est utilisée;
-Réduire de 40% la quantité de produits pétroliers consommés;
-Éliminer l'utilisation du charbon thermique;
-Augmenter de 25% la production totale d'énergie renouvelable;
-Augmenter de 50% la production de bioénergie;
Les moyens proposés
Le gouvernement annonce qu'il débloquera 4 G$ sur la période pour aider les ménages, les entreprises et les établissements publics à aller davantage vers des mesures d'efficacité et de substitution énergétiques. Cet argent, qui est déjà dans le chiffrier budgétaire, proviendra principalement du Fonds vert.
Un nouveau guichet unique sera aussi créé. Toutes les ressources gouvernementales qui gèrent des programmes et offrent des services touchant à l'innovation, l'efficacité et la substitution énergétique, y seront regroupées. Ce guichet doit notamment permettre aux citoyens et entreprises qui souhaitent investir en innovation ou en économies énergétiques de ne pas se perdre dans des méandres administratifs.
Le reste des moyens proposés est plus flou et semble en bonne partie à définir. Québec parle de trois plans d'actions à venir, un pour l'horizon 2016-20, un autre pour l'horizon 2021-25, et un dernier sur l'horizon 2030.
Le ministre Pierre Arcand a cependant donné quelques exemples de choses qui seront faîtes ou de projets qui pourraient se faire. Québec souhaite notamment instaurer des centres multi-carburants, où l'on pourra faire le plein en électricité, en gaz naturel, en propane, etc. Gaz Metro devrait continuer d'étendre son offre de gaz liquéfié. Un possible prolongement de pipeline en Beauce a de même été évoqué.
Politique réaliste?
Le réalisme de la plupart des objectifs est difficile à évaluer.
Celui sur les gains d'efficacité énergétique semble l'être. La récupération de 15% peut sans doute être mise en perspective avec celle de 28,1% obtenue entre 1992 et 2011 (page 27 du document Politique énergétique 2016-25, Efficacité et innovation énergétique).
L'objectif d'augmenter de 25% la production d'énergies renouvelables est confus. On croit comprendre des documents de présentation que l'arrivée des nouveaux barrages d'Hydro-Québec y contribuera, mais on ne sait trop avec quelle force. Il pourrait y avoir de l'éolien dans le nord pour des projets spécifiques qui sont actuellement au mazout, mais ici aussi on ne sait pas trop avec quelle force.
L'objectif le plus ambitieux, et probablement le moins réaliste, est celui de réduire de 40% la consommation pétrolière en 15 ans. Il suffit de s'attarder aux derniers chiffres du ministère de l'Énergie et des ressources naturelles du Québec pour le constater. De 1997 à 2011, il n'y a pas eu de baisse de consommation des produits pétroliers au Québec. Il est vrai qu'il y en a eu une à compter de 2007, mais celle-ci s'explique par la récession qui a dû être traversée. Il se trouve ici une très haute probabilité d'échec.
Du vent que cette politique énergétique?
On ne dirait pas cela.
Le gouvernement la place au cœur de sa stratégie économique, et, bien que les moyens soient limités, on sent qu'il cherche à créer une ambiance d'investissement vers l'industrie de l'électricité propre.
Il est douteux cependant que ce signal est assez puissant, ciblé et clair pour que les citoyens et les entreprises du Québec se sentent interpelés et y répondent à la hauteur des attentes.
Les plans d'actions à venir devront être nettement moins "high level" et beaucoup plus concrets.
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