Photo : Benjamin Nantel, LesAffaires.com
BLOGUE. Serge Godin n'était pas très loquace jeudi matin sur la petite histoire derrière l'acquisition de l'européenne Logica. Normal. La plus importante transaction de l'histoire de CGI a toutes les allures de l'acquisition opportuniste d'un canard boiteux que l'on espère pouvoir redresser.
À première vue, l'achat pour 2,8G$ de Logica (41 000 employés et 6,2 G$ de revenus), par CGI (31 000 employés et 4,2G$ de revenus), ressemble à la fable de la grenouille et du bœuf.
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Ne vous y fiez pas. Malgré sa taille, la valeur boursière de Logica n'est que de 1,7 G$ alors que celle de CGI est de près de 5,5 G$. En d'autres mots, l'une a peut-être de bien grosses ventes, mais à la dernière ligne du bas, l'autre fait bien plus d'argent.
On a beaucoup parlé aussi de la forte prime payée par CGI (60% sur le cours de fermeture de la veille, 50% sur 3 mois et 33% sur six mois). La prime est à première vue élevée, il est vrai, mais ça ne veut pas pour autant dire que le fleuron montréalais paie cher. Le prix offert est à 9,9 fois le bénéfice par action de Logica. C'est pas mal ce qui se paie actuellement sur le marché européen pour des sociétés d'information technologique. En France, CapGemini se négocie à 10,7 fois le bénéfice anticipé 2012. En Finlande, Tieto est à 9,9 fois. CGI semble donc payer un multiple de marché et non d'OPA. Pas si chère payée, Logica, donc.
Pourquoi CGI achète Logica
Depuis 2008 en fait, le prix de l'action de l'entreprise se promène entre 60 et 150 pence, sans jamais réussir à vraiment s'envoler (il était revenu à 60 pence avant l'offre).
"Depuis une demi-douzaine d'années, il y a eu peu de résultats sans une mauvaise performance dans l'un ou l'autre des pays où Logica a ses activités. Quand un problème était réglé, un autre survenait. Et parfois le problème réglé resurgissait", dit Tom Gidley-Kitchin, de la maison Charles Stanley.
"Le problème de Logica a toujours été qu'elle n'est pas en mesure de fonctionner sur tous ses cylindres", renchérit Rogers Philipps, de Merchant Securities.
Avec l'Europe qui tangue, et nombre de ses clients qui sont maintenant plus que jamais susceptibles de reporter leurs investissements, on peut se demander si le conseil d'administration de l'européenne n'a pas décidé de lancer la serviette et de sauter sur une prime avant la déprime.
Les sociétés s'observent depuis cinq ans, alors que CGI aurait bien aimé se présenter devant l'autel dès le premier jour. Ce que n'a pas dit monsieur Godin, c'est qu'une ou deux autres sociétés étaient aussi dans sa mire, il y a quelques mois, lorsque la Caisse a été approchée. Dans un cas ou dans l'autre on aurait besoin d'elle pour un important financement. Depuis, le cours de Logica a coupé en deux et probablement fait pencher le cœur de CGI.
Bref, CGI pourrait bien acheter maintenant pour deux raisons: profiter d'une faiblesse de marché en vue (anticipée dans les cours) et de dirigeants ayant perdu espoir en un redressement significatif.
CGI peut-elle faire de l'argent avec Logica?
Ce qui se passe en Europe n'est certainement pas une bonne nouvelle.
Le plan de match est cependant intéressant.
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S. Godin: « Nous avons l'habitude de doubler la taille de l'entreprise »
Investissement dans CGI : la Caisse fait déjà 10%