Un second mystère
Ce n'est là que le premier mystère. Il s'en trouve un second.
Le groupe Jean Coutu a annoncé mardi qu'il souhaitait vendre 10% de sa position dans Rite Aid. À la suite de cette vente, il conserverait toujours plus de 25% du capital-actions.
Pourquoi cette vente?
Il ne faut pas y voir un manque de confiance dans l'avenir de Rite Aid. La vente n'a pour seul but que de financer le programme de rachat d'actions en cours chez Jean Coutu, a expliqué la direction.
Voici néanmoins une autre explication potentielle, qui ne va pas à l'encontre de la première.
Il se trouve un certain nombre d'analystes pour soutenir que Rite Aid risque de ne pas passer à travers la prochaine période de refinancement de sa dette. Sans mentionner de date, Morningstar évalue à 75% la probabilité qu'elle ne parvienne pas à générer suffisamment de flux de trésorerie pour rembourser sa dette. Une date à surveiller: septembre 2012, où doit avoir lieu un important refinancement.
Avec la vente de 10% de ses actions, Jean Coutu est peut-être donc aussi en train d'essayer de sortir en douceur 30 M$ avant une échéance difficile.
C'est dans ce désengagement, bien que très partiel, que réside le deuxième mystère de Jean Coutu. Il vient renforcer les interrogations qui planaient déjà sur ses intentions aux États-Unis. Et, non, il ne s'agit pas d'interrogations quant à un éventuel retrait, mais plutôt quant à un éventuel retour en force.
À l'automne, monsieur Coutu nous avait passablement surpris avec son autobiographie. Alors que l'on croyait l'aventure US terminée, il parlait plutôt, lui, "d'un rendez-vous reporté". Et il concluait:" Nous avons beaucoup appris de cette expérience (Eckerd) et nous comptons bien demeurer vigilant afin qu'elle nous serve tout à la fois de tremplin et de balise lorsque de prochaines possibilités d'expansion en sol américain se présenteront à nous."
Coutu peut difficilement demeurer dans Rite Aid et espérer un "nouveau rendez-vous" aux États-Unis. On voit tout de suite les conflits d'intérêt que cela susciterait, les trois administrateurs du groupe au conseil de l'américaine bénéficiant alors de renseignements privilégiés. C'est pour cela que l'on dit que, bien que très partiel, le projet de vente d'actions annoncé mardi peut amener à penser que Coutu songe à une nouvelle opération. Pourquoi pas un rachat éventuel des anciennes Brooks, ses premières amours aux Etats-Unis, dans le cadre d'une éventuelle vente à l'enchère d'une partie du réseau de Rite Aid pour rembourser de la dette?
L'agenda espéré de Jean Coutu
Que vise réellement Jean Coutu?
Une grosse acquisition canadienne dans l'Ouest? Un retrait de Rite Aid et un éventuel retour aux États-Unis sous une autre forme?
Peut-être rien de tout cela. Mais quelque chose nous dit qu'il existe un agenda espéré plus important que celui exposé. Dont on ne peut évidemment pas nous parler.