Protéger du marché
Les câblos ont tout intérêt à tarifer à haut prix l'utilisation de la vidéo sur Internet. C'est qu'à terme, elle constitue une menace pour leur modèle d'exploitation. On a qu'à penser à Netflix et son tarif de 7,99$ par mois pour des films illimités, iTune de Apple (films à la carte), ou encore à Google tv (pas encore disponible ici). Ces véhicules sont susceptibles d'un jour amener les abonnés du câble, sinon à se désabonner, du moins à diminuer la valeur de leurs forfaits.
Ce n'est pas un hasard si au même moment où Netflix annonçait son entrée au Canada, Rogers abaissait significativement les plafonds de ses forfaits Internet. Plus le plafond est bas, moins l'utilisateur d'Internet a intérêt à s'en servir comme câble de télé. Les visionnements vidéo déclenchent des surprimes qui coûtent plus chères que le câble.
Les telcos ont en apparence moins d'intérêt à instaurer des plafonds, mais il ne faut pas s'y laisser prendre. Ils investissent eux aussi massivement dans la fibre optique pour rentrer la télévision dans les foyers. En tarifant très chère la vidéo, ils limitent la concurrence.
Les chiffres ne permettent pas de conclure, mais…
Certains indicateurs font froncer les sourcils lorsque l'on examine le paysage concurrentiel actuel.
On notera par exemple que le prix moyen d'Internet au-delà des plafonds tarifé par les fournisseurs d'accès canadiens est parmi les plus élevés de l'OCDE, selon la CIBC.
On ajoutera qu'aux États-Unis, les plafonds d'utilisation sont significativement plus élevés qu'au Canada. Ainsi, le plafond de Comcast est à 250 Go. Ceux de Rogers, Vidéotron et Bell sont respectivement à 175, 170 et 100 Go.
Évidemment, on ne peut pas conclure à un comportement anticoncurrentiel à partir de ces seuls éléments. Il est possible que des questions de densité de population et d'étendues géographiques viennent justifier les politiques en place.
Il serait néanmoins intéressant de voir le Bureau de la concurrence se pencher sur la question. Il ne conclurait peut-être pas à l'existence de comportements anticoncurrentiels, mais les chiffres qu'il apporterait pourraient permettre à l'État de mieux voir si l'ajout de bande passante est exagérément tarifé et s'il n'y aurait pas lieu d'intervenir par voie réglementaire.