On invoquera en défense que le gouvernement se devait d'accélérer le processus de renouvellement et de sauver des jobs à La Pocatière. Des arguments qui ne sont pas sans considération, mais qui ne font pas le poids contre la force du précédent avec lequel il faudra désormais composer. Bien que le renouvellement de ces wagons se faisait pressant, on pouvait encore attendre le temps d'un processus d'appel d'offres. L'on comprend entre les lignes que c'est ce que privilégiait la STM elle-même.
Quant à sauver les emplois de La Pocatière. Il y a toujours des variations d'effectif assez importantes à cette usine et Bombardier donne l'impression de l'avoir elle-même mis à risque. Sa soumission initiale était de 3,5 M$ par wagon (pour 1000 wagons) alors que les experts de la STM évaluait le projet à 2,6 M$ par wagon. En poussant trop fort sur le crayon (et tentant de profiter d'un contexte monopolistique?), elle a forcé la STM à rejeter sa soumission et lancé tout l'imbroglio.
Plusieurs ne manqueront d'ailleurs pas de se demander si le respect du processus en cours n'aurait pas permis de substantielles économies. L'affirmation apparait peu crédible dans son ampleur, mais CAF soutient qu'elle aurait pu livrer les 500 voitures à 1,3 M$ par voiture (c'était davantage autour de 2 M$ initialement), alors que Bombardier-Alstom livre à 2,6 M$.
Le risque judiciaire
La société espagnole menace maintenant de poursuivre en alléguant que le comportement de l'État ne respecte pas les ententes sur le commerce international.
Québec réplique que ces ententes ne s'appliquent pas aux sociétés de transport.
Peut-être. Il n'en reste pas moins que l'on avait actuellement en cours un appel international de candidatures (exigé par le gouvernement du Québec lui-même) et que l'on vient sans motif légitime de passer outre.
Non seulement l'on faute, mais on couvre cette faute par une loi spéciale qui vient empêcher CAF d'obtenir réparation pour les dommages subis. Il est un principe de droit qui dit que le parlement est souverain et que "The King can do no wrong".
Québec vient aujourd'hui d'illustrer que rien n'est moins sûr…