L'enjeu maintenant
Au terme de tout un processus, sans que la chose ait fait trop de bruit, l'industrie canadienne s'est entendue pour que les repos soient envoyés à la chambre de compensation de la Bourse de Montréal. Les produits devraient normalement commencer à y transiter à l'automne.
Il s'agit cependant là du petit marché. Le plus gros, celui des swaps, qui affiche une valeur notionelle de 5,6 billions $ (trilion en anglais), pourrait cependant curieusement aboutir non pas à Montréal, mais à l'international. Les acteurs ont jusqu'au 31 décembre 2012 pour s'entendre sur l'endroit où seront échangés ces produits. Et c'est loin d'être acquis pour nous.
Dans le coin droit, des grandes banques, comme la Royale, qui sont déjà membres de chambres de compensation internationales comme LCH SwapClear à Londres ou CME à Chicago, souhaiteraient que l'on aille à l'une de ces chambres plutôt que d'avoir à s'inscrire à une nouvelle chambre. Il y aurait pour elles toutes sortes d'économies.
Les plus petites institutions que sont par exemple la Nationale, la Laurentienne et Desjardins n'ont cependant pas la grosseur leur permettant d'être admises à ces chambres de compensation internationales et devraient se trouver un partenaire chez de plus grandes institutions. Ce qui veut dire pour elle des commissions plus élevées et une position concurrentielle diminuée.
Des observateurs confient que la partie est loin d'être gagnée pour les partisans d'une solution canadienne car, pour qu'elle fonctionne avec efficacité, il faudrait idéalement qu'une majorité d'acteurs internationaux acceptent de s'y joindre.
Malgré tout, une solution locale apparaît préférable. Bien que la Bourse de Montréal ne perdrait pas nécessairement d'acquis, elle perdrait un important potentiel de développement (et la création d'emplois intéressants) avec la solution internationale. Les plus petites institutions canadiennes seraient vraisemblablement désavantagées. Et la Banque du Canada se retrouverait dans une drôle de situation, avec bien peu d'influence et de supervision sur la mécanique opérationnelle de produits dont elle serait pourtant l'ultime pourvoyeuse en liquidités.
On croit comprendre que la décision reviendra ultimement aux commissions des valeurs mobilières du pays, au ministre fédéral de l'industrie et du commerce et au Bureau de la concurrence.
Restons à l'antenne. Luc Bertrand et le groupe des neuf viennent d'amener sur la place publique un important enjeu pour le Québec qui avait jusqu'à maintenant échapper à la plupart.