C'est la question la plus intéressante. Et il est difficile d'y répondre parce que la compagnie est une société privée.
Au printemps, Porter avait toutefois annoncé son intention d'entrer en bourse avec un appel à l'épargne de 120 M$.
L'opération a été annulée à la fin de l'été, la compagnie indiquant que le moment n'était pas propice à une émission d'actions.
Le prospectus provisoire émis à ce moment permet d'avoir un aperçu de la situation du transporteur à bas prix.
À première vue, on peut se demander si Air Canada ne risque pas vraiment de se casser les dents avec son offensive.
Porter se targue en effet d'atteindre le seuil de rentabilité avec un coefficient d'occupation parmi les plus bas du secteur. Au cours de 2009, ce coefficient était pour elle à 49%, un niveau bien inférieur à ceux de WestJet (71%) et Air Canada (83%).
La compagnie attribue cet avantage au fait qu'elle n'exploite qu'une seule catégorie d'appareils - une vingtaine de Q-400 - alors que les autres sociétés ont de multiples parcs d'appareils. Il y a aussi le fait que ses effectifs de travailleurs sont non syndiqués.
Au total, elle compte 47 employés par appareils, alors que WestJet en a 73.
C'est à première vue. En creusant, il devient apparent que Porter n'est pas si solidement retranchée dans ses positions.
Le coefficient d'occupation du transporteur a été de 47% au premier trimestre de 2010, et de 47,9% pour l'exercice 2009. Sous le seuil de rentabilité. Depuis le début de l'année, les choses se sont améliorées, mais le coefficient cumulatif ne demeure qu'à 53,3%.
Pour l'exercice 2009, le BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) est positif à près de 8 M$, mais lorsque l'on fait tout entrer, la perte d'exploitation grimpe à près de 4,5 M$.
À l'évidence, la compagnie ne se présente pas sur le tarmac avec des coffres de guerre bien remplis.
Encore ici, il faut cependant faire attention et savoir que l'expansion de Porter pèse sur ses résultats. La compagnie a ouvert plusieurs routes en 2009 et doublé son parc d'avions (de 8 à 18). Développer de nouvelles routes coûte cher. Mettrait-on fin à quelques unes, que la rentabilité s'améliorerait sans doute.
Conclusion?