BLOGUE. C'est BCE, Rogers et Telus qui doivent être heureuses. S'il faut en croire les derniers développements, ce n'est pas demain la veille que la concurrence s'accentuera fortement dans la téléphonie sans fil au Canada. Moment d'entrer dans un des trois titres ?
Wind Mobile, Mobilicity et Public Mobile, les derniers arrivants dans la téléphonie sans fil, sont à vendre. Telus serait intéressée à Mobilicity. Pendant ce temps, Rogers pourrait acheter le spectre alloué à Shaw, dans l'Ouest.
Un bien mauvais signal pour l'augmentation de la concurrence tant souhaitée par Industrie Canada et le gouvernement fédéral. Mais un fort bon signal pour BCE, Rogers et Telus.
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Heureusement pour Ottawa, et malheureusement pour l'oligopole, Catalyst Capital Group fait aussi partie des sociétés intéressées par Wind Mobile et Mobilicity.
Il est certain que les autorités préféreraient que les spectres et les abonnés des nouveaux réseaux passent aux mains d'un nouvel acteur indépendant plutôt qu'à l'un des membres de l'oligopole. Et il se pourrait que l'on bloque ultimement toute vente à ceux-ci.
Même là, leurs sourires ne tomberaient sans doute que pour la forme.
Là où se trouve en grande partie le problème
Si Wind, Mobilicity et Public se mettent en vente à la veille d'un nouvel encan pour plus de fréquences, c'est en effet qu'aucune ne croit encore à la possibilité d'obtenir un rendement potable dans le sans-fil.
Catalyst est réputée vouloir regrouper Wind et Mobilicity. L'initiative ne semble pas tellement menaçante.
Au Québec, Québecor a réussi à tirer son épingle du jeu, mais Vidéotron détient l'avantage d'offrir le forfait quatre services (sans-fil, téléphonie traditionnelle, Internet et télévision). Les nouveaux entrants, même consolidés, ne disposent pas de cet atout.
Lorsqu'ils se présentent dans une entreprise ou à un particulier, ils n'ont pas l'avantage de pouvoir offrir un prix forfaitaire.
Même Cogeco Câble, qui offrait déjà trois services, a préféré passer son tour dans le sans-fil. À ses yeux, le rendement de l'investissement n'en vaut pas la chandelle.
Sans espoir, vraiment ?
Plus aucun danger pour les trois acteurs de l'oligopole, donc ? Pas tout à fait.
La firme Macquarie Research émettait récemment l'hypothèse qu'Amazon et Google pourraient un jour être tentées de faire leur entrée dans le marché canadien de la téléphonie, mais comme opérateurs virtuels.
Il s'agirait en fait pour Amazon ou Google de louer l'infrastructure d'un fournisseur sans fil et d'offrir le service téléphonique. La maison estime que les deux acteurs ont une raison incitative à changer le plan de match de l'industrie du sans-fil en offrant un nouveau modèle de prix qui pourrait accélérer la pénétration de leurs contenus et services. Aux États-Unis, pour 79 $ US par mois, Amazon Prime inclut un service de livraison gratuit sur tout achat, de même que l'accès à 25 000 films, séries et émissions de télé. Macquarie croit qu'un service d'accès gratuit à la téléphonie et aux données pourrait bientôt être ajouté.
Réduire les prix lorsqu'on n'a pas de volume n'est pas une équation économique pour un nouvel entrant dans le sans-fil. Avec du volume (celui vendu à Amazon et Google), la donne change cependant. C'est ce qui explique pourquoi un épicier continue de faire de l'argent même si sa marge est plus faible que celle d'un dépanneur.
On s'est aussi demandé si l'avenue pourrait être intéressante pour Québecor. Google e Ct Amazon pourraient lui permettre de financer son expansion à l'extérieur du Québec. Il y aurait certes un impact sur ses revenus au Québec, puisque les prix seraient réduits, mais elle pourrait se «refaire» avec les revenus supplémentaires dans le reste du Canada. Mais il y a un écueil : en raison du récent rachat d'une participation de la Caisse de dépôt, Québecor n'a peut-être pas la capacité financière d'entreprendre une consolidation, tout en achetant du spectre supplémentaire.
Jouer ou pas le secteur ?