Commission unique: l'armistice n'est pas signé

Publié le 22/12/2011 à 15:49, mis à jour le 22/12/2011 à 15:51

Commission unique: l'armistice n'est pas signé

Publié le 22/12/2011 à 15:49, mis à jour le 22/12/2011 à 15:51

Ottawa perd, mais…

Essentiellement, si l'on comprend bien le jugement, Ottawa mord la poussière parce qu'elle a voulu aller trop loin en prenant charge de toutes les activités des commissions des valeurs mobilières provinciales.

La Cour ne ferme cependant pas la porte à des interventions fédérales dans le secteur des valeurs mobilières lorsque la présence de régimes provinciaux autonomes ne permet pas d'atteindre certains objectifs nationaux. On comprend que si le projet de loi n'avait pas embrassé si large et n'avait contenu que des mesures destinées à atténuer des risques systémiques, ou encore à instaurer un système de collecte de données à l'échelle nationale, il aurait été jugé légal.

Quelle sera la suite?

Pas surprenant donc que, dans sa réaction, monsieur Flaherty dise abandonner le projet de loi actuel, mais vouloir "analyser le jugement et agir conformément (à ses prescriptions)".

À l'évidence, le ministre des finances n'est pas prêt à laisser tout tomber.

Et il a peut-être raison. Un exemple. Lors de la crise financière aux États-Unis, la SEC décida d'interdire pendant un certain temps la vente à découvert sur tous les titres au pays. La mesure fut aussi adoptée par les différentes commissions des valeurs mobilières au Canada. Mais si l'une ou l'autre d'entre elles avait dit non, il peut être argué que le risque systémique au Canada aurait augmenté.

Ce n'est pas pour rien que la Cour Suprême insiste dans son jugement sur la nécessité pour les autorités politiques de collaborer pour permettre une amélioration du système actuel.

Reste maintenant à voir comment monsieur Flaherty choisira de poursuivre le jeu.

Le Québec vient de gagner une bataille pour la préservation d'emplois et d'un symbole. Il se pourrait cependant qu'il doive plus tard concéder un peu de souveraineté dans son champ juridictionnel.

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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