D'autre part, parce qu'en défendant le régime alaouite à Damas, la Russie devient de facto l'allié des puissances chiites au Moyen-Orient (Iran, Irak et Hezbollah libanais) et un adversaire des pays sunnites (Turquie, Arabie saoudite, pays du Golfe persique).
Selon certains observateurs, l'intervention de la Russie accroît aussi le risque d'un affrontement direct entre l'armée américaine et l'armée russe.
Qu'arriverait-il si un avion russe abattait par erreur un avion américain en Syrie ou si un bombardement américain tuait involontairement des soldats russes en train d'aider les troupes du régime syrien?
Officiellement, Moscou et Washington ne s'affrontent pas en Syrie.
Mais leur intervention dans ce pays pourrait provoquer involontairement une crise majeure, voire une escalade militaire qu'il pourrait être difficile de stopper par la suite, disent des spécialistes.
Chose certaine, l'intervention militaire de la Russie dans la guerre civile syrienne vient de changer la donne. Par exemple, une solution au conflit n'est plus possible sans que Moscou n'impose en partie ses conditions.
La Russie sauvera-t-elle Bachar Al-Assad, dont les Occidentaux réclament le départ en raison des crimes commis contre le peuple syrien?
D'autres questions se posent.
L'État islamique sera-t-il vaincu? Plus d'un an après le début des bombardements de la coalition dirigée par les États-Unis, l'EI occupe toujours une bonne partie de la Syrie - et du nord de l'Irak.
L'État islamique peut-il conquérir l'ensemble de la Syrie? Ce n'est pas impossible, mais peu probable, car tous les pays de la région - sans parler des Occidentaux et des Russes - veulent l'anéantir.
Assisterons-nous à une partition de la Syrie? C'est un scénario possible compte tenu de la résilience de l'État islamique. Ne pouvant l'éliminer, ses opposants pourraient se contenter de le confiner dans l'est de la Syrie.
Chose certaine, la Syrie demeurera un champ de bataille à court terme.
Reste à savoir si l'intervention de la Russie contribuera à apporter une solution politique à ce conflit qui a fait plus 250 000 morts depuis 2011 ou si elle ne fera au contraire qu'envenimer la situation.