C’est donc dire que la nouvelle lune de miel entre les investisseurs et l’Europe pourrait être de courte durée, car elle provient en partie d’investisseurs à court terme.
Une résolution à Washington du plafond de la dette pourrait ramener ces investisseurs-touristes aux États-Unis.
D’autres pourraient aussi perdre patience si l’économie de la zone euro fait mentir les indicateurs économiques précurseurs.
Le Fonds monétaire international (FMI) fait partie des sceptiques et prévoit une croissance de seulement 1% de la zone euro en 2014, après un recul de 0,4% en 2013.
Le FMI estime que le risque d’une nouvelle crise n’est pas écarté parce que les réformes bancaires et économiques tardent.
Chez Hexavest, le gestionnaire de Montréal spécialisé dans les marchés développés, on adopte une approche prudente en équipondérant l’Europe dans les portefeuilles.
«D’un côté, les données économiques prennent du mieux et la banque centrale européenne se tient prête à baisser son taux directeur ou à prêter aux banques de nouveau. De l’autre, l’Europe n’a réglé aucun de ses problèmes structuraux», explique en entrevue Marc Christopher Lavoie, vice-président, marchés européens, chez Hexavest.
Le chômage chronique, l’endettement encore très élevé de certains pays par rapport à la taille de leur économie et des banques peu enclines à prêter aux entreprises freineront la reprise et risquent de décevoir les investisseurs moins patients, dit-il.
Contrairement aux États-Unis où le marché des capitaux fournit 80 % du financement aux entreprises qui émettent des obligations, en Europe les banques fournissent 80% du financement aux sociétés.
«La courroie de transmission entre l’assouplissement monétaire de la banque centrale et l’économie fonctionne donc moins bien», précise M. Lavoie.
Les actions européennes ne sont plus les aubaines qu’elles étaient par rapport aux actions américaines, si bien que les bénéfices devront être au rendez-vous pour qu’elles s’apprécient davantage.
Les Bourses européennes se négocient à un multiple de 12,7 fois les bénéfices, comparativement à 9 fois à la mi-2012. Ce multiple se compare à celui de 14,2 fois pour le S&P 500 américain, selon IBES.
«Au début de 2013, les analystes prévoyaient une hausse de 10 % des bénéfices annuels. On se dirige plutôt vers une croissance de 2 %. L’an prochain, les analystes tablent sur une croissance de plus de 10 %», explique M. Lavoie.