Stéphan Chrétier, président et chef de la direction de Garda World Photo : Garda World
BLOGUE. Vendredi, la société Garda World a annoncé sa privatisation. Son président Stéphan Crétier, avec l’appui de la firme d’investissement privé Apax offrira 12$ comptant par action pour acheter les actions qu’il ne possède pas déjà.
Incluant la dette, on parle d’une transaction dont la valeur atteindra 1,1 milliard de dollars (G$). Cela se compare à des revenus de 1,2G$ pour l’exercice 2012 (clos le 31 janvier) et des bénéfices après impôts de 21,6M$. Le prix de 12$ représente environ 18 fois ses profits de 2012 et 13,5 fois ceux de 2011.
M. Crétier a expliqué la privatisation ainsi:
«nous poursuivrons notre stratégie de croissance organique et par acquisitions qui se réalisera plus facilement en étant une entreprise à capital fermé. Avec Apax à titre d'actionnaire important, Garda aura accès à une structure de capital plus souple et plus efficace pour soutenir sa croissance. »
C’est une explication qui m’a surpris, de prime abord. En effet, lorsque j’ai entendu l’annonce de la privatisation de Garda, je me suis dit que la société avait probablement conclu que son potentiel de croissance était moins élevé et qu’ainsi rester en Bourse faisait moins de sens.
En principe, la raison majeure d’ouvrir son capital est de multiplier les possibilités de financement, pratiquement à l’infini. C’était toutefois davantage vrai il y a 20 ans. De nos jours, avec la prolifération des firmes d’investissement privé (comme Apax) et des grandes caisses de retraite (comme la Caisse de dépôt et placement du Québec), le marché boursier a un concurrent coriace.
En effet, avec les déboires répétées de la Bourse depuis deux décennies et surtout avec les exigences et les coûts en explosion depuis quelques années, venir en Bourse ou y rester devient une proposition moins intéressante. D’autant plus que les évaluations ne sont plus aussi généreuses que jadis! Ce n’est pas pour rien qu’on assiste à une vague d’OPA.
Et ceci n’est pas vrai seulement au Québec. Aux États-Unis aussi bien des entreprises choisissent de retrouver la tranquilité du privé! C’est d’ailleurs une tendance de fond à long terme. Ainsi, selon Wilshire Associates, il y avait 7 400 titres inscrits aux bourses américaines en 1997 contre 3 600 aujourd’hui (cité dans le numéro du 25 juin de Forbes).
Il y a une dernière possibilité pour expliquer la transaction de Garda. Que la direction estime qu’elle réalise un coup fumant parce que les bénéfices sont déprimés et sur le point d’exploser dans les prochaines années...Je ne connais pas assez l’entreprise pour me prononcer sur ce point.
Bernard Mooney