Le rôle de la chance

Publié le 31/10/2011 à 08:43

Le rôle de la chance

Publié le 31/10/2011 à 08:43

Blogue. La semaine dernière à la suite d’un texte sur les problèmes de gestionnaires déclarés «gestionnaires de la décennie», certains lecteurs ont conclu que le succès de grands gestionnaires pourraient s’expliquer uniquement par la chance.

J’ai réfléchi longuement sur ce sujet et je crois que c’est une erreur de conclure cela. Mais c’est un sujet assez difficile, car il y a peu d’informations fiables et concrètes sur lesquelles appuyer ses conclusions.

Or, ce week-end, le New York Times a publié un reportage fascinant sur le rôle de la chance dans le monde des affaires. En fait, c’est un extrait d’un tout nouveau livre écrit par Jim Collins et Morten T. Hansen intitulé «Great by Choice: Uncertainty, Chaos, and Luck — Why Some Thrive Despite Them All».

Je connais bien M. Collins pour avoir dévoré ses livres, dont l’excellent «Good to Great» (je le cite dans ma conférence sur ce qu’il faut pour réussir en Bourse).

Son nouveau livre est un compte-rendu d’une recherche de neuf années pour tenter d’expliquer ce qu’il appelle les «succès les plus extrêmes» des temps modernes. Et comme je cherche, de façon quasi obsessionnelle, à investir dans de tels succès, vous pouvez facilement comprendre pourquoi ce genre de trucs attire mon attention.

Leur recherche a examiné des entrepreneurs qui ont bâti, à partir de petites sociétés, des compagnies qui ont surperformé leur industrie par un facteur de dix contre un dans des environnements fort difficiles (sociétés appelées dans le livre les 10Xers). Et ils se sont heurtés à cette question critique : «quel est le rôle de la chance dans de tels succès?»

Ils ont tenté d’identifier chez chaque entreprise étudiée des événements fortuits. Ils en ont comptés un total de 230 (qui peuvent être positifs ou négatifs). «En étudiant les éléments de preuve, nous avons découvert que les sociétés 10Xers (les supers succès) n’avaient pas été plus chanceuses en général que les sociétés comparables», écrivent les auteurs (ils ont comparé leurs sociétés 10Xers à un groupe de contrôle comprenant des entreprises comparables qui n’ont pas atteint les mêmes sommets).

Return on Luck

Pour faire une histoire courte, toutes les sociétés dans l’étude ont eu des événements fortuits, bons et mauvais en nombre comparable, ce qui pousse à conclure que ce n’est pas la chance qui cause ce genre de succès. Non. La question cruciale n’étant pas «Êtes-vous chanceux?», mais bien «quel est le rendement obtenu de cette chance?» (ce qu’il nomme «Return on Luck»).

En d’autres mots, et je crois que cela est vrai en affaires, à la Bourse et dans la vie en général, ce n’est pas la chance qui compte vraiment, mais ce qu’on en fait lorsqu’elle nous frappe. Autrement dit, c’est ce que vous faites avec la chance qui fait la différence (et jusqu’à quel point vous êtes prêt à l’exploiter au maximum lorsque la vie vous en fait cadeau). Et jusqu’à quel point vous réussissez à minimiser le dommage des malchances.

Bernard Mooney

 

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