En théorie, cette idée a du sens. Les titres des sociétés à petite capitalisation (small caps), plus risqués, procurent des rendements plus élevés à long terme. Vous avez même de nombreuses études, chiffres à l'appui, qui le démontrent.
Je suis désolé de vous décevoir, mais cette thèse ne résiste pas à l'examen critique. De plus, je vous dirais que les small caps n'ont pas systématiquement leur place dans votre portefeuille.
Le mythe des titres à petite capitalisation provient en grande partie d'une étude faite par Eugene Fama, lauréat d'un prix Nobel, et par Kenneth French, un autre chercheur renommé. Elle révèle que le rendement des titres à petite capitalisation a battu celui des titres à grande capitalisation par un total cumulatif de 253 % de juillet 1926 à février 2012.
Il s'agit d'un rendement annuel composé de 11,5 % pour les titres à petite capitalisation par rapport à 9,69 % pour le S&P 500, indice représentant les titres à grande capitalisation. C'est une différence substantielle.
Calculs faussés
Sauf que cette étude comporte plusieurs faiblesses. Par exemple, si vous ne tenez pas compte de la période de 1975 à 1983, qui a été exceptionnellement favorable aux petits titres, oups ! il n'y a plus de surperformance.
La plus importante faiblesse est toutefois le biais systématique de cette étude. En effet, comme l'ont montré deux autres chercheurs, Tyler Shumway et Vincent Warther, le calcul des rendements des petits titres est biaisé puisqu'on ne tient pas compte de l'effet de la disparition d'un grand nombre de ces titres.
Autrement dit, les rendements sont gonflés artificiellement parce qu'on tient compte uniquement des titres qui ont survécu.
C'est un peu comme si je calculais le rendement des titres du régime d'épargne-actions (REA) au Québec en tenant compte seulement des titres comme Alimentation Couche-Tard, Groupe CGI, etc., sans inclure toutes ces sociétés qui ont fait partie du REA dans le passé, ont disparu et ont fait perdre l'argent de bien des investisseurs (des noms comme Foresbec et Artopex me viennent en tête). J'obtiendrais un rendement teinté de rose, c'est le moins qu'on puisse dire.
Enfin, il ne faut pas oublier que les rendements des indices qui sont publiés sont théoriques. Dans la vraie vie, il faut soustraire les frais et les impôts. Si on suppose le même genre de gestion de portefeuille, on peut oublier l'impact fiscal (pas de différence entre petits et grands titres).