Le prix de l’or a reculé de 3,9% en mai à 1246$US l’once à New York, ce qui le place dans les pires performances mensuelles parmi les principaux actifs. Le mois dernier, l’indice Nasdaq a bondi de 3,1% alors que le S&P 500 a gagné 2,1%.
Le métal précieux a perdu environ 11% en un an. L’or avait commencé l’année en s’appréciant de 180$US l’once jusqu’en mars avant de perdre une grande partie de ces gains depuis.
De plus, la baisse de l’or fait contraste avec la performance des obligations gouvernementales américaines. Depuis le début de 2014, les rendements de ces obligations ont surpassé toutes les attentes, avec des taux passant de 3,0% à 2,49% aujourd’hui.
Ce que je trouve curieux, c’est de constater que la baisse des taux à long terme laisse les investisseurs indifférents quant à l’or. Généralement, de bas taux ont aidé les prix de l’or, si ce n’est que par le fait que les coûts de financement sont moins élevés.
Depuis quelques semaines, cette relation ne vaut plus. D’une part, le prix de l’or en début d’année a profité de tensions internationales, comme en Ukraine, et de problèmes dans quelques pays émergents. Or, sans être disparus, ces tensions et problèmes inquiètent moins.
Par ailleurs, le comportement obligataire inquiète bien des investisseurs. En effet, au lieu de monter comme tout le monde le prévoyait, les taux ont baissé depuis six mois. Bien des gestionnaires y voient anguille sous roche, en faisant une lecture négative quant aux perspectives économiques.
Et on sait que si la croissance n’est pas au rendez-vous, on peut probablement en dire autant quant aux pressions inflationnistes. Vous comprenez maintenant pourquoi l’or perd de son lustre. L’or a pour elle les principales banques centrales qui se battent pour raviver l’inflation (incroyable, n’est-ce pas?).
Ne croyez pas toutefois que ce soit nécessairement favorable pour le métal précieux. Dès le moindre de signe de succès, vous pouvez être certaines que les Federal Reserve interviendront pour éteindre toute menace de feu inflationniste.
En terminant, ne me demandez pas si le prix de l’or a atteint un creux. Je n’en sais rien. Je sais que depuis son sommet de septembre 2011, à plus de 1800$US l’once, il a perdu de sa popularité (le prix de l’or avait été multiplié par huit ou neuf fois en 11 ans). Je sais aussi que la ferveur aurifère s’est nourrie en partie des ratés du marché boursier.
Et comme je pense que cette ferveur pour l’or se transfèrera progressivement, lentement, mais sûrement vers les actions dans les prochaines années, je suis convaincu que le prix de l’or n’a pas fini de fondre à long terme.
Bernard Mooney