BLOGUE. Cela ressemble pratiquement à de la magie. Le titre de Dollarama, émis à 17,50$ le 8 octobre 2009, vaut maintenant 60$. Ce qui signifie qu’en moins de trois ans, les dirigeants ont fait passer la valeur de cette société de 1,3 milliard de dollars (G$) à 4,5G$.
Pour comprendre comment l’exploitant de magasins vendant des produits à 2$ ou moins a créé tant de richesse, il faut comparer la société aujourd’hui à ce qu’elle était lorsqu’elle a fait son premier appel public à l’épargne.
Ainsi, selon les chiffres de son prospectus définitif, Dollarama exploitait une chaîne de 585 magasins. Aujourd’hui (au 29 avril pour être précis), la chaîne compte 721 magasins, 136 de plus, une croissance organique de 23%. Il n’y a pratiquement pas d’autre chaîne qui peut se vanter d’une telle croissance pendant la même période.
Et cette croissance ne s’est pas faite aux dépens de la rentabilité, loin de là.
Pour ses 12 mois terminés le 2 août 2009 (les chiffres du prospectus), Dollarama affichait des revenus de 1,1G$, des bénéfices avant les frais d’intérêt, les impôts et les amortissements (BAIIA) de 161M$ et des bénéfices avant impôts de 46,8M$ (pour éliminer les distorsions possibles créées par la fluctuation du taux d’imposition, je préfère utiliser les profits avant impôts).
En termes de marges, la société avait à ce moment des marges brutes de 34,2%, des marges d’exploitation de 13,8% et des marges avant impôts de 4%.
Si je refais ces mêmes calculs, mais pour les quatre plus récents trimestres, j’obtiens des revenus de 1,6G$ (une croissance de 42%), des BAIIA de 310,6M$ (marges de 18,8%), et des bénéfices avant impôts de 261,2M$ (marges de 15,8%). La marge brute a été de 37,5%.
À tous les niveaux, Dollarama a amélioré sa rentabilité, expliquant l’explosion de plus de 450% dans ses profits.
La cerise sur le gâteau : la société a réduit considérablement sa dette, qui est passée de 776M$ (dette totale) à 271,5M$. Si on soustrait son encaisse, Dollarama n’a plus que 187,4M$ de dette nette.
En fait, je pourrais ajouter d’autres cerises sur ce gâteau déjà bien garni en mentionnant qu’elle a commencé à verser un dividende et qu’elle a l’intention de racheter de ses actions.
Évidemment, une telle performance n’est pas passée inaperçue. L’acheteur de l’action à l’émission a payé moins de 13 fois les bénéfices réalisés à son premier exercice clos 31 janvier 2010. Aujourd’hui, à 60$, l’acheteur paie 24 fois les bénéfices des quatre derniers trimestres.
Mais comment critiquer l’enthousiasme des investisseurs?
Bernard Mooney
P.S. Ne manquez pas cette semaine dans le Journal Les Affaires ma chronique intitulée: «Le risque ne peut pas se résumer à un chiffre!»