REER pour les jeunes : plus de choix... et plus d'incertitude

Publié le 11/02/2012 à 00:00

REER pour les jeunes : plus de choix... et plus d'incertitude

Publié le 11/02/2012 à 00:00

Récemment, un jeune adulte m'a demandé comment je gérerais mon régime enregistré d'épargne retraite (REER) si j'étais dans la trentaine.

La question m'a fait réfléchir. Car le contexte a changé par rapport à ce qu'il était il y a 20 ans. À l'époque, dès qu'on avait le salaire et l'épargne suffisants, on ouvrait un REER et on y contribuait au maximum. La seule question épineuse se posait après l'achat d'une maison. On se demandait s'il était préférable de privilégier le remboursement de son hypothèque ou de contribuer à son REER.

Aujourd'hui, les choix sont plus nombreux avec, entre autres, le compte d'épargne libre d'impôt (CELI), qui a certains avantages clés par rapport au REER. Il est vrai que le CELI n'offre pas de déductions, mais le fait que les rendements et les retraits qui y sont effectués sont libres d'impôt lui donne de la souplesse.

Le REER a l'avantage d'offrir la déduction fiscale, mais celle-ci ne sera significative que si le jeune a un salaire relativement élevé, ce qui n'est pas toujours le cas. De plus, comme les retraits sont imposés, le cotisant au REER fait le pari que son taux d'imposition sera plus faible lors du retrait que lors de la contribution. Sinon, c'est le fisc qui est gagnant.

La première règle pour choisir entre REER et CELI est donc le taux d'imposition. Plus le cotisant a un taux d'imposition élevé, plus le REER a des chances d'être avantageux.

Toutefois, le REER a été conçu pour procurer un instrument d'épargne en vue de la retraite. De ce fait, il est avantageux surtout pour financer les projets à très long terme.

Le CELI, lui, sert à épargner aussi bien en vue de la retraite que pour les projets à court terme.

Se prendre en main rapidement

Le contexte actuel est inquiétant à bien des points de vue. Par exemple, le désengagement des employeurs face au financement de la retraite exerce une grande pression sur les jeunes. La réaction rationnelle serait de se prendre en main et de commencer le plus tôt possible à épargner.

Mais c'est rarement le cas. Influencés par les histoires d'horreur de la génération précédente et bombardés par les manchettes négatives concernant les perspectives économiques, les jeunes ont plus tendance à vivre au présent. Pas question de sacrifier le court terme pour le long terme !

On peut les comprendre, alors que bien des gens de 50 ans et plus ne savent pas quand ils pourront prendre leur retraite. Imaginez le jeune de 31 ans !

Le bon côté de l'incertitude

Lorsque je contribuais à mon REER, il y a plus de 20 ans, je le faisais parce que je voulais réduire mes impôts et parce que je visais investir ce capital. Cette motivation est toujours valable aujourd'hui.

De ce côté, les jeunes sont chanceux, même s'ils ne le savent pas. Bien des jeunes se disent qu'ils préféreraient commencer leur vie d'investisseurs en plein marché haussier, comme ce fut le cas durant la période allant de 1998 à 2000. C'est un leurre dangereux.

En effet, les jeunes qui se sont lancés en Bourse juste avant la bulle de 2000 ont vécu deux douloureux marchés baissiers dans la même décennie. Ils ont commencé à investir alors que l'ensemble des titres en Bourse étaient surévalués, dans un moment d'euphorie qu'on ne voit qu'une fois par génération.

Aujourd'hui, les perspectives boursières sont bien meilleures qu'il y a 10 ans. D'une part, les titres sont généralement moins chers. L'histoire montre que les rendements boursiers sont inversement proportionnels à l'évaluation des titres : plus les titres sont chers, moins les rendements futurs sont élevés. Et vice-versa.

D'autre part, l'état d'esprit des investisseurs est loin d'être euphorique. Bien des épargnants ont lancé la serviette face au marché boursier. Et ça aussi, c'est de bon augure pour l'investisseur à long terme.

Que mettre dans son REER ?

En ce sens, j'estime que les jeunes investisseurs devraient favoriser le marché boursier lorsque vient le moment de choisir des placements pour leur REER. La Bourse, si on la compare aux autres catégories de placement (CPG, obligations, etc.), est la meilleure option.

Je pense aussi que c'est une erreur de se limiter à la Bourse canadienne, qui est tellement concentrée dans les titres financiers et dans le secteur des ressources naturelles qu'elle en est difforme.

Je suggère un maximum de 25 % du portefeuille au Canada, le reste étant investi aux États-Unis et à l'international. L'instrument idéal pour ce faire, si vous ne voulez pas vous tracasser à choisir des titres, est le fonds négocié en Bourse, un outil révolutionnaire.

Quant au CELI, je crois que la majorité des gens devraient d'abord en faire un compte d'épargne, ce qui signifie sans placement boursier.

Enfin, le capital que l'on retrouve dans le REER ou le CELI a été durement épargné. Il devrait être investi prudemment et intelligemment. Évitez donc toute spéculation.

DE MON BLOGUE

Macroéconomie

Ce qui soutient l'immobilier canadien

L'économiste Sherry Cooper, de la Banque de Montréal, pense que la dégringolade des prix des maisons, que bien des experts prédisent, ne se produira pas. Je suis d'accord avec elle. L'immobilier profite d'un cercle vicieux. La croissance n'est pas forte. Ce qui signifie une demande potable pour les maisons. En raison de la faible croissance, les taux d'intérêt sont bas. C'est ce qui explique la demande soutenue pour l'immobilier. Deux scénarios pourraient provoquer une baisse des prix. Une récession qui ferait disparaître la demande et une accélération de la croissance qui pousserait les taux à la hausse. Il est peu probable que l'un de ces scénarios se réalise cette année.

Vos réactions

«J'ai vécu la situation que vous décrivez à la fin de votre blogue. J'ai fait bâtir une maison à la fin des années 1990 et il m'a fallu une quinzaine d'années pour que sa valeur rejoigne son coût.»

- m1ax

«C'est la SCHL qui soutient le marché immobilier au Canada.»

- pbrasseur

«L'immobilier suit l'inflation à long terme et finit toujours par revenir aux valeurs fondamentales de l'économie.»

- Incubus

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

bernard.mooney@tc.tc

À la une

Bourse: records en clôture pour Nasdaq et S&P 500, Nvidia première capitalisation mondiale

Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les titres de l’énergie contribuent à faire grimper le TSX.

Stellantis rappelle près de 1,2 million de véhicules aux États-Unis et au Canada

Environ 126 500 véhicules au Canada sont concernés par le rappel.

Le régulateur bancaire fédéral maintient la réserve de stabilité intérieure à 3,5%

L’endettement des ménages reste une préoccupation pour le Bureau du surintendant des institutions financières.