Pourquoi acheter BRP quand on peut acheter Polaris ?

Publié le 11/05/2013 à 00:00

Pourquoi acheter BRP quand on peut acheter Polaris ?

Publié le 11/05/2013 à 00:00

Il y a plusieurs années que j'entretiens un préjugé à l'égard des nouvelles émissions d'actions. Le premier appel public à l'épargne de BRP ne me fera pas changer d'idée !

Le 17 avril, BRP a déposé un prospectus provisoire dans le cadre de son premier appel public à l'épargne.

La société mieux connue sous le nom de Bombardier Produits Récréatifs entend vendre 12,2 millions d'actions à un prix qui variera de 18,50 $ à 21,50 $, pour une émission d'environ 240 millions de dollars.

Je crois que les investisseurs ne devraient pas participer à cette émission. Ceux qui sont intéressés par ce secteur devraient plutôt se pencher sur Polaris Industries (NY, PII, 85 $ US), son plus important concurrent.

Réduire l'endettement de BRP

Comptant 6 800 employés partout dans le monde, BRP est un chef de file mondial en conception, développement, fabrication et distribution de véhicules récréatifs motorisés, dit son prospectus. Distribuée dans 105 pays, sa gamme de marques et de produits comprend les motoneiges Ski-Doo, les motomarines Sea-Doo, les véhicules tout-terrain et les véhicules côte à côte Can-Am, les roadsters Spyder, les moteurs hors-bord Evinrude ainsi que les systèmes de propulsion Rotax.

BRP, dont le siège social est à Valcourt, est devenue une société autonome de Bombardier en 2003 lorsqu'elle a été vendue à Bain Capital pour 1,2 milliard de dollars. Bain est son plus important actionnaire avec 46 % des actions, tandis que la Caisse de dépôt et placement du Québec a 14 % et le Groupe Beaudier (la famille Bombardier-Beaudoin), 35 %.

Lors de son exercice clos le 31 janvier, BRP a réalisé un bénéfice net de 121 M$ sur un chiffre d'affaires de 2,9 G$. C'était une nette amélioration par rapport à l'exercice précédent : l'entreprise avait dégagé des profits de 83,5 M$ grâce à des revenus de 2,6 G$.

BRP rebondit au rythme de la reprise économique après le creux de la récession. À la suite de la crise de 2008-2009, ses bénéfices ont fondu de moitié et ses revenus, de 25 %. Cinq ans plus tard, son chiffre d'affaires a dépassé celui d'avant la crise, même si le bénéfice est inférieur à ce qu'il était en 2003.

On parle donc d'une société assez sensible aux aléas de l'économie. Après tout, lorsqu'on perd son travail, la première dépense discrétionnaire qu'on éliminera sera l'achat d'un nouveau Sea-Doo !

Si on regarde du côté du bilan, on réalise vite pourquoi on fait l'émission. Au 31 janvier, la dette totale est d'un peu plus de 1 G$ avec 542 M$ en encaisse par rapport à des capitaux propres de 20 M$. Il n'est donc pas surprenant que le produit de l'émission serve à réduire son endettement.

En tant qu'investisseur, je préfère que l'argent recueilli lors de l'émission d'actions serve directement à des initiatives de croissance. Ce n'est pas le cas ici.

Enfin, le prospectus nous décrit le potentiel de croissance comme reposant sur l'amélioration de l'économie, le lancement de nouveaux produits et l'expansion internationale. BRP a réalisé en 2013 environ 22 % de ses revenus au Canada et 43 % aux États-Unis.

Le potentiel de BRP est évident. Elle a de bons produits avec de bonnes marques de commerce dans des marchés qui profitent du vieillissement de la population.

En résumé, vous avez donc une entreprise sensible à l'économie, assez endettée, mais dont les perspectives à long terme sont intéressantes. Reste à déterminer quel prix payer pour cette société...

Polaris en bonne posture

Si on présume que les actions sont émises à 20 $ chacune, cela signifie que les investisseurs paieraient environ 14 fois ce que le prospectus mentionne comme étant le «Résultat par action pro forma normalisé - dilué» pour 2013.

À 20 $, BRP se vendrait environ 10 fois ses bénéfices avant impôts, intérêts et amortissement (BAIIA) des quatre derniers trimestres. Son plus important concurrent, Polaris Industries, du Minnesota, se vend en Bourse selon mes calculs tout juste un peu plus de 10 fois son BAIIA des quatre derniers trimestres.

Et c'est là que l'émission de BRP perd tout son intérêt à mes yeux. Car vous avez en Bourse Polaris qui se vend à la même évaluation, alors que sa performance est supérieure. En fait, Polaris est une plus belle société.

À son plus récent exercice, BRP a réalisé des marges bénéficiaires nettes de 4,2 % et brutes de 25,5 %. Quant à Polaris, ses marges nettes atteignent 9,7 % et brutes, 28,8 %. La société américaine a mieux résisté à la crise et a rebondi plus vite. En 2009, ses revenus ont baissé de 20 % et ses bénéfices, de 15 %. Toutefois, dès 2010, Polaris a réalisé des revenus et des bénéfices records ! Ses profits ont triplé depuis le creux de 2009.

Enfin, sa situation financière est éclatante, avec une dette de 100 M$ US au 31 mars et 380 M$ US en encaisse. Polaris a réalisé en 2012 un rendement de l'avoir exceptionnel de 45,2 %.

Ce qui me pousse à vous demander pourquoi acheter BRP alors qu'on peut acheter Polaris, une meilleure société, plus solide et au même prix ?

DE MON BLOGUE

Votre meilleur placement

Je ne connais pas grand-chose à la boxe ni aux arts martiaux mixtes. J'ai toutefois été fasciné par un entretien avec Georges St-Pierre (GSP). Il a de nombreuses idées intéressantes qui s'appliquent aux investisseurs.

Par exemple, interrogé au sujet de sa relation avec l'argent, GSP mentionne que l'argent l'a bien servi. «Pendant des années, j'avais trois jobs en même temps parce que je gagnais des pinottes. Ce que j'ai gagné était réinvesti dans mon entraînement, dans le perfectionnement de mon art. Je me payais de grands maîtres, des camps d'entraînement à l'étranger, des conseillers et des mentors. La très grande partie de ce que je gagnais était ainsi réinvestie en moi...»

Voilà qui est d'une très grande sagesse. Le meilleur placement que l'on puisse faire, c'est d'investir sur soi, c'est-à-dire sur sa formation, son perfectionnement et son amélioration continue. GSP mentionne que, lorsqu'il ne connaît pas un domaine, «je vais chercher les meilleurs pour qu'ils s'occupent de cet aspect de ma vie». Encore plein de sagesse.

Vos réactions

«Le menuisier travaille le bois. L'armurier fabrique des flèches. Le sage se façonne lui-même, disait le Bouddha.»

- alecours

«Pour 99 % des gens, leur meilleur placement est eux-mêmes.»

- SB

bernard.mooney@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

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