Plan Nord : les nuages s'accumulent

Publié le 06/10/2012 à 00:00

Plan Nord : les nuages s'accumulent

Publié le 06/10/2012 à 00:00

« Le gouvernement du Québec devrait être prudent avant d'engager trop fortement sa stratégie industrielle dans le Plan Nord. Idem pour les investisseurs avec leur portefeuille. La Chine fait actuellement miroiter de grandes choses, mais la fin pourrait être bien plus près qu'il ne semble. »

Telle était l'introduction de notre dernière chronique sur le sujet, en janvier. Le hasard nous avait à l'époque amené à étudier de plus près l'épine dorsale du Plan Nord : le secteur du minerai de fer.

C'est dans ce secteur que se trouvent les plus importants projets de développement.

Les raisons de la prudence à l'époque ?

Un constat et une étude.

Le constat : la Chine, avec 11 % du PIB mondial et 20% de la population de la planète, consomme actuellement 50% de l'acier produit dans le monde. C'est à l'évidence insoutenable.

L'étude : celle de la Deutsche Bank. Après une comparaison historique des sommets de consommation dans différents pays, elle conclut que la consommation d'acier de la Chine atteindra un sommet en 2017. L'économie chinoise devrait alors devenir plus dépendante de ses dépenses de consommation que de la construction d'infrastructures et d'immeubles. Moins d'acier sera conséquemment ensuite nécessaire.

La maison prévoyait que le prix du fer passerait de 130$ à 180$US la tonne en 2012, se maintenir à des niveaux relativement élevés jusqu'en 2014 et tomber à 80$US en 2017. La faute de l'arrivée d'un trop grand nombre de producteurs de fer.

Ce qui s'est passé depuis

Nous ne sommes pas en 2017, mais c'est tout un épisode que vient de connaître le prix du fer. À 149$US la tonne à la mi-avril, il est redescendu à 86,70$US au début de septembre, mais a dernièrement rebondi à 105$US.

Que s'est-il passé ?

La production d'acier chinois a chuté de 12% en août par rapport aux mois de juin et juillet. En raison de stocks d'acier à un haut niveau et d'une croissance économique au ralenti, il n'en fallait pas plus pour que le marché ne se mette à douter.

La décision de la Fed d'aller de l'avant avec un troisième programme d'assouplissement quantitatif et, surtout, l'annonce du gouvernement chinois d'une enveloppe de 157G$US pour la construction d'une soixantaine d'infrastructures sur cinq ans ont toutefois ramené un peu d'enthousiasme.

Que se passera-t-il maintenant ?

Pas simple à dire. La bonne nouvelle, c'est que les coûts des producteurs de fer chinois sont plus élevés que ceux d'ici. La moins bonne, c'est qu'on ne sait pas trop à quel niveau ils se situent. La Deutsche Bank estime que le coût marginal de production chinois est autour de 135$US la tonne, Marchés mondiaux CIBC l'estime cependant, elle, à environ 105$US.

L'Association des mines métallurgiques de Chine indiquait la semaine dernière que 40% des mines de fer du pays avaient suspendu leurs activités. Difficile de voir toutefois à quel niveau de prix elles les reprendront. Et un tel excédent de capacité donne en outre à penser que l'offre répondra rapidement à la demande et empêchera les prix de monter.

Heureusement, à la mi-octobre, le Parti communiste chinois doit se donner un nouveau Politburo. De nouvelles annonces en infrastructures pourraient alors suivre et redonner du souffle au secteur. La CIBC note que les investissements récemment annoncés de 157G$US ne représentent en effet que le quart du dernier plan quinquennal qui avait été annoncé en 2008.

Que retenir ?

À court et à moyen terme, le prix du fer pourrait bien rebondir. Sur l'horizon 2017, il pourrait bien avoir de nouveau reculé.

> Si on est investisseur, il y a peut-être une occasion intéressante sur un horizon court terme. Des titres comme Cliffs Natural Ressources, Alderon Iron Ore et Labrador Iron Ore Royalty ont notamment significativement reculé ces derniers mois. Il faut cependant bien jauger le risque. La Deutsche Bank estime par exemple que, si le prix du fer est en moyenne à 140$US, le bénéfice par action de Cliffs sera de 8,24$US. En revanche, si le fer avoisine les 110$US, le bénéfice tombe à 2,83$US, et la société se rapproche alors dangereusement de la limite de ses conventions de crédit.

> Si on était responsable du développement économique du Québec, on ne se ferait pas trop d'illusions sur l'avenir du secteur minier et l'on y irait modérément avec d'éventuels investissements et une révision des politiques de redevances. Le projet d'expansion d'Arcelor-Mittal au Mont-Wright, dont les coûts comptants d'exploitation sont prévus à 35$US la tonne, ne semble pas trop en danger. À 65$US, ceux du projet Bloom Lake de Cliffs sont moins intéressants. Une fois les charges d'amortissement ajoutées, on n'est pas très sûr du rendement si le fer est à un prix de 80$US. Ce n'est pas là un très bon signal pour du développement supplémentaire dans la région.

DANS LE DÉTAIL

Sur le radar

Le titre sur cinq ans

CLIFFS NATURAL RESOURCES (CLF ; 39,13 $ US)

Recommandation des analystes

Achat 3

Surperformance 6

Conserver 13

Sous-performer 1

Cible moyenne : 53$US

Le titre sur cinq ans

ALDERON IRON ORE (ADV ; 1,95$)

Recommandation des analystes

Achat 5

Surperformance 10

Conserver 1

Sous-performer 1

Cible moyenne : 4,60$

Le titre sur cinq ans

LABRADOR IRON ORE ROYALTY (LIF ; 30,26$)

Recommandation des analystes

Achat 1

Surperformance 3

Conserver 4

Cible moyenne : 38$

Source : Thomson Reuters, Bloomberg

francois.pouliot@tc.tc

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