Le titre de La Baie : une aubaine, mais...

Publié le 19/01/2013 à 00:00, mis à jour le 17/01/2013 à 09:14

Le titre de La Baie : une aubaine, mais...

Publié le 19/01/2013 à 00:00, mis à jour le 17/01/2013 à 09:14

L'affaire semble intéressante pour un chasseur d'aubaines. Le titre de La Baie (Tor., HBC) se négocie à 17 $, et Canaccord Genuity estime la valeur de son parc immobilier à 23,50 $ par action (une fois la dette payée). Un solde de plus de 25 %. Vraiment ?

Peu de consommateurs le savent, mais lorsqu'ils achètent dans un grand magasin, ils n'obtiennent que bien rarement des prix d'aubaine. Ils croient acheter en solde, et s'en félicitent, mais ils paient en réalité très souvent le prix attendu. Annuellement, plus de 70 % des articles vendus par les établissements le sont en effet lors de promotions (la statistique est de Perry Caicco, à la CIBC).

Comme dans l'allée, mieux vaut être prudent face aux apparents soldes boursiers.

C'est une chose d'avoir une valeur immobilière sur papier, c'en est souvent une autre de la matérialiser. Si La Baie décidait de tout liquider, rien ne dit qu'elle trouverait nécessairement preneur pour tous ses emplacements ou ses baux. Peut-être le détaillant américain Macy's serait-il intéressé à quelques établissements phares (comme à Montréal), mais pas nécessairement à l'ensemble. Des centres de distribution pourraient par exemple devenir mal localisés et perdre toute valeur.

La valeur du parc immobilier offrirait un incontestable soutien au titre si tout se mettait à mal aller pour La Baie, mais elle pourrait être de loin inférieure à l'évaluation de Canaccord. Il est donc préférable pour l'instant de se borner à évaluer la société en fonction de ses activités courantes.

Un intéressant redressement

Récemment revenue en Bourse, la Compagnie de la Baie d'Hudson a changé de profil depuis sa privatisation, il y a quelques années. Le groupe compte toujours 90 établissements La Baie. Il n'y a plus de Zellers, mais il y a désormais 48 Lord and Taylor aux États-Unis (qui ressemblent aux La Baie). Il y a aussi 69 Déco Découverte (Home Outfitters), mais leur présence est, dans les faits, immatérielle.

La société est à l'aube d'une vaste transformation de ses façons de faire. Elle modernise ses systèmes de gestion, consacre plus de place aux segments les plus payants (les vêtements pour femmes, les complets pour hommes, les sacs à main, les chaussures pour femmes, les cosmétiques), elle améliore sa mise en marché et ses décors, et amène plus de produits exclusifs (Topshop, Polo, UGG, Coach, Burberry).

Au cours des prochains mois, elle veut continuer sa migration vers une offre encore plus haut de gamme, par l'introduction de marques exclusives. Elle veut aussi augmenter le nombre de ses produits de marque privée, qui procurent de meilleures marges de profit.

Les analystes voient la transformation porter ses fruits de manière importante dès cette année : le bénéfice par action de l'entreprise devrait doubler et se situer autour de 1,40 $.

Là où un autre solde incertain apparaît

Au cours actuel (17 $), le marché applique donc au titre un multiple de 12. Pendant ce temps, les grands détaillants américains se négocient, eux, à 15 fois le bénéfice attendu, bien que Dillard et Macy's, les comparables les plus rapprochées, se négocient respectivement à 12,9 et à 11,3 fois le bénéfice prévu.

Constat ?

Selon cette approche aussi, La Baie semble être en solde. Elle offre à première vue plus de potentiel de croissance que ses pairs. Si elle atteint le consensus de 1,40 $ en 2013, le multiple devrait grimper autour de 15 et l'action, toucher les 21-22 $.

Se profile cependant une menace importante : Target.

Le détaillant américain devrait ouvrir 124 magasins dans les anciens Zellers au cours de 2013, en commençant par une trentaine dans la région de Toronto en mars ou en avril.

C'est dire que les ventes canadiennes de La Baie (2,5 des 3,9 G$) devront faire face à un nouveau concurrent.

La direction de La Baie ne juge pas la menace sérieuse. Selon elle, Target est un escompteur qui ne joue pas dans le même créneau de prix et de qualité. Le chevauchement des marques en magasin n'est par exemple que de 5 %.

S'il est vrai qu'un client préférera sans doute toujours son jeans Levi's à 80 $ à une marque plus ou moins connue chez Target, il n'est pas clair que la situation sera la même pour tous les achats.

CIBC fait remarquer que le consommateur canadien pourrait ne pas nécessairement faire la différence et préférer un gilet en chenille de Target (29 $ aux États-Unis) à un autre en cachemire de La Baie (80 $ US). D'autant que, selon un sondage Katar Retail, 67 % des actuels clients de La Baie entendent aller voir de quoi aura l'air Target à son arrivée.

Vous voyez la suite.

Ce qui semble à escompte, pourrait soudainement devenir à prime si Target fait en sorte que l'anticipation de bénéfice 2013 n'est pas atteinte. Et le titre, potentiellement retraiter autour de 14-15 $.

On attendrait un peu avant d'acheter des actions de La Baie. Quel que soit l'angle d'approche, l'aubaine n'est pas aussi alléchante qu'elle n'y semblait au premier coup d'oeil.

DANS LE DÉTAIL

Sur le radar

Le titre depuis son retour en Bourse

La Baie (HBC ; 16,90 $)

Données de marché

Symbole : HBC

Prix actuel : 16,90 $

Fourchette 52 sem. : 16,20 $ - 17,25 $

Dividende : 0,38 $

Valeur boursière : 692 M$

Prévisions de bén. par action

Année / 2013 / 2014

Exercice (jan.) / 0,63 $ / 1,40 $

T1 / n.d. / (0,02 $)

T2 / n.d. / 0,22 $

T3 / n.d. / 0,19 $

T4 / 0,96 $ / 0,98 $

Recommandations des analystes

Achat 2

Surperforme 2

Conserver 1

Sous-performe 0

Vendre 0

Cible des analystes

Moyenne : 20,40 $

Plus élevée 22 $

Plus basse 19 $

Sources : Bloomberg, Thomson Reuters

francois.pouliot@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

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