Le côté sombre d'Apple

Publié le 05/09/2009 à 00:00

Le côté sombre d'Apple

Publié le 05/09/2009 à 00:00

Je viens de lire un ouvrage fascinant qui ne traite ni Bourse ni des marchés financiers. Par contre, l'auteur y fait au passage d'importantes observations pour tous ceux qui s'intéressent à la coqueluche boursière de l'heure dans le secteur des technos, Apple.

Felix Dennis est un entrepreneur britannique qui a fait fortune dans l'édition, entre autres. En Amérique du Nord, on le connaît surtout comme fondateur du magazine Maxim.

M. Dennis, parti de rien, a bâti une fortune qu'il évalue entre 400 à 900 millions de dollars américains. Il dit avoir dépensé des centaines de millions pour ses besoins personnels.

L'argent mis en contexte

Il a décidé d'écrire un ouvrage sur les façons de devenir riche, parce qu'il aime écrire, notamment de la poésie, mais aussi parce qu'il considérait que la plupart des ouvrages sur le sujet étaient l'oeuvre d'opportunistes voulant devenir riches avec leur livre !

Bien qu'il ne vous rendra sans doute pas riche du jour au lendemain, How to Get Rich, paru chez Penguin, est à tout le moins un bon traité sur le sujet. C'est un exposé honnête, transparent et direct, comme on en voit rarement.

J'ai particulièrement aimé le fait que Felix Dennis réussisse à bien mettre en contexte l'importance de l'argent. Il affirme à plusieurs reprises que devenir riche ne vous rendra pas plus heureux, bien au contraire (il précise que de nombreux millionnaires qu'il connaît sont malheureux ou dépressifs).

Si ses conseils portant sur l'enrichissement ne sont pas révolutionnaires, les anecdotes tirées de ses nombreuses aventures entrepreneuriales sont captivantes.

Le chapitre intitulé " The Fallacy of the Great Idea " mérite plus particulièrement d'attirer l'attention des investisseurs.

M. Dennis y explique en détail pourquoi il n'accorde pas beaucoup de valeur à la recherche de l'idée géniale censée vous enrichir rapidement. Les idées ne peuvent être brevetées, explique-t-il, et sans une exécution parfaite, elles ne valent pas cher.

" Ce n'est pas assez d'avoir une idée. Ce n'est jamais assez ", insiste-t-il.

Le problème d'Apple

Et il cite l'exemple Apple et de son visionnaire président, Steve Jobs. Ce que M. Dennis soutient est choquant dans un sens. C'est toutefois un point de vue à considérer si vous êtes actionnaire d'Apple ou vous avez l'intention de le devenir.

" Apple a un problème; elle a toujours eu un problème. Son nom est Steve Jobs ", écrit M. Dennis. Selon lui, M. Jobs a toujours été aveuglé par la quête de l'idée géniale.

Par exemple, en 1984, Apple a été la première entreprise à bien comprendre le potentiel de l'ordinateur personnel (PC). Elle a conçu des produits innovateurs, conviviaux, au design branché et de loin supérieurs à tout ce qui était offert par ses rivales.

Mais pourquoi Apple ne détient-elle qu'une petite partie du marché du PC ? À cause de Steve Jobs, répond M. Dennis.

En dépit de ses qualités et de son génie, M. Jobs aurait un grand défaut : il est incapable d'admettre ses erreurs. Ainsi, c'est lui qui aurait insisté pour que les premiers Macintosh soient des systèmes fermés et pour que le système d'exploitation des Mac ne soit jamais partagé ni vendu sous licence.

Selon M. Dennis, l'attitude de M. Jobs envers la concurrence était dominée par l'arrogance. " Cette arrogance, et la croyance que seules ses idées sont bonnes, est le côté sombre de la force qui a dirigé Apple dans ses hauts et ses bas pendant près de 30 ans. "

Prélude à un déclin ?

Apple traverse justement une de ces bonnes périodes, après avoir réussi des coups d'éclat planétaires avec l'iPod et l'iPhone. Le titre, qui vivotait sous les 16 $ US il y a cinq ans, vaut maintenant autour de 165 $ US. C'est une appréciation de 900 %.

Par contre, l'actionnaire est en droit de se demander si c'est le prélude à une autre période de déclin.

Actuellement, la société est portée par la vague de l'iPhone, qui fera bientôt son entrée en Chine. Toutefois, à long terme, Apple devra trouver de nouvelles sources de croissance, ce qui sera loin d'être facile pour une entreprise dont la valeur boursière approche les 50 milliards de dollars américains.

Sans oublier le fait que ses rivales le talonnent de plus en plus, ce qui pourrait affaiblir ses marges bénéficiaires et son rythme de croissance.

Évalué à un ratio élevé de 24 fois le bénéfice prévu pour l'exercice 2010, le titre d'Apple a peu de marge de manoeuvre et pourrait facilement décevoir.

Desmarais contre Buffett

Le numéro de septembre de Bloomberg Markets contient un reportage sur Paul Desmarais père et Power Corporation qui affirme que les rendements boursiers de cette société dépassent ceux de Berkshire Hathaway, le conglomérat de Warren Buffett.

Selon les calculs de Bloomberg, le rendement annuel composé de Power a été de 14,5 %, comparativement à 14,1 % pour Berkshire pour la période de 1993 à 2008. On ne mentionne pas si cela comprend les dividendes (Power en verse un, mais pas Berkshire).

Ce qui me pousse à vous demander qui est le meilleur : Paul Desmarais ou Warren Buffett ?

Vos réactions

" Warren Buffett sans l'ombre d'un doute. Il ne faut pas oublier le fait que Berkshire a le double des actifs de Power et que son avoir des actionnaires est plus de 10 fois supérieur. Étant donné que la taille d'une entreprise devient après un certain seuil une ancre à la performance, comparer les rendements boursiers de Power et Berkshire revient à comparer une pomme à un melon. "

- Philippe C.

" Il est beaucoup plus facile de faire de l'argent dans une république de bananes comme le Canada. "

- Brian Schreiber

De mon blogue

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bernard.mooney@transcontinental.ca

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