Le Chili développe l'entrepreneuriat local en subventionnant... des étrangers

Publié le 21/01/2012 à 00:00

Le Chili développe l'entrepreneuriat local en subventionnant... des étrangers

Publié le 21/01/2012 à 00:00

Par Diane Bérard

Tous les États veulent susciter des vocations entrepreneuriales. Le gouvernement du Chili, lui, a choisi une voie peu orthodoxe pour y arriver. Il accordera 1 000 subventions de 40 000 $ chacune à des start-ups étrangères pour qu'elles s'installent chez lui. Son pari : développer une culture entrepreneuriale en exposant ses citoyens aux plus allumés des entrepreneurs en série étrangers.

Le 16 décembre dernier, Praveen Reddy, Evan Shoemaker, Andy Josuweit et Jerry Tian ont appris par courriel qu'ils figuraient parmi les 100 gagnants de la troisième édition du concours d'entrepreneuriat Start-Up Chile. Le prix : une bourse de 40 000 $ et un visa de travail d'un an. Les contraintes : aucune.

Start-Up Chile, un organisme gouvernemental, ne réclame aucune participation dans les start-up qu'il subventionne. Et n'exige ni de recruter du personnel local ni d'être rentable, ni même de demeurer au Chili au-delà des six mois que dure le programme. Il s'agit là d'un précédent.

«Start-Up Chili est unique, souligne le boursier Andy Josuweit. Les accélérateurs d'entreprises les plus courus - comme Y Combinator et Tech Stars - exigent une part du capital-actions et n'offrent pas plus de 20 000 $ en Bourse.»

Start-Up Chile, lui, n'est pas un accélérateur d'entreprises comme les autres. C'est d'abord une expérience sociale, explique le boursier canadien Jerry Tian, fondateur de la firme de cybertutorat Learningfly.com. «Le Chili veut créer un écosystème semblable à celui de Silicon Valley en comptant sur l'apport d'entrepreneurs venus de partout dans le monde.»

«Nous voulons transformer le Chili en plaque tournante de l'entrepreneuriat sud-américain», dit Jean Boudeguer, directeur du programme Start-Up Chile. Mais alors, pourquoi financer des entrepreneurs étrangers plutôt que des entrepreneurs chiliens ? «Notre problème tient au manque de réseaux. Nos entrepreneurs doivent s'ouvrir sur le monde.»

Le parcours des lauréats

Praveen Reddy a vécu 10 ans aux États-Unis. Il a travaillé pour Yahoo et GeoCities, et il a contribué au lancement de six entreprises. Son réseau comprend, entre autres, de nombreux capital-risqueurs californiens.

Le Canadien Evan Shoemaker et l'Américain Andy Josuweit se sont rencontrés à Vienne avant de démarrer en Asie une entreprise de création de sites Web.

Jerry Tian est né en Chine. Il a grandi à Vancouver, étudié un an à Montréal et appris le développement de sites Web en Thaïlande.

C'est sur des centaines entrepreneurs comme eux que le Chili compte.

Rendement social

Le gouvernement chilien s'attend à un rendement à long terme. Mais que désire-t-il à court terme ?

«La plupart de ces entreprises ne produiront pas de revenus au cours des six mois que dure le séjour, répond Jean Boudeguer. Nous avons donc imaginé le concept de «rendement social» de notre investissement pour expliquer aux gagnants ce que l'on attend d'eux.»

Chaque boursier gagne des «points sociaux» chaque fois qu'il se connecte à l'écosystème chilien : présentation à des étudiants, rencontre avec des sociétés locales, mentorat, etc.

Un pari

Start-Up Chile est un pari, reconnaît Jean Boudeguer. Le gouvernement chilien a créé un laboratoire sans pour autant changer le reste du système de financement des entrepreneurs. «Cela ne doit pas demeurer une expérience isolée, plaide M. Boudeguer. Il faut arrimer Start-Up Chile au reste des politiques économiques.»

Et si les lauréats quittent le pays après six mois, le gouvernement chilien aura-t-il eu raison de leur donner 40 000 $ à chacun ? «Absolument ! Je suis convaincu qu'il restera quelque chose de notre passage», répond Petr Base, gagnant de la seconde édition.

«Le Chili est un pays conservateur, tout le contraire de la culture entrepreneuriale, soutient Noah Ornstein, gagnant de la première. Le gouvernement compte sur des gens comme nous pour offrir une autre façon de voir la vie et le monde du travail, le marché. C'est exactement ce que nous faisons.»

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