Laissez l'économie tranquille

Publié le 18/07/2009 à 00:00

Laissez l'économie tranquille

Publié le 18/07/2009 à 00:00

Les marchés financiers sont encore dominés par les craintes liées à l'économie, en particulier l'économie américaine. Les dernières données sur l'emploi inquiètent les investisseurs, alors qu'il y a quelques semaines à peine, ces derniers voyaient des signes de reprise un peu partout.

Buffett rate une occasion de se taire

Il n'en faut pas plus pour qu'on se tourne vers le gouvernement américain. De nombreux observateurs et gens d'affaires, comme l'investisseur milliardaire Warren Buffett, demandent un nouveau plan de relance.

Si vous voulez mon avis, M. Buffett a raté une occasion de se taire ! Il semble ne prêcher que pour sa paroisse lorsqu'il dit que l'économie américaine aura probablement besoin d'un second plan de relance. Il ressemble ainsi au coiffeur à qui on demande si on a besoin d'une coupe de cheveux !

En effet, Berkshire Hathaway, le conglomérat que M. Buffett dirige, possède de nombreuses sociétés fermées qui sont bien placées pour profiter de n'importe quelle initiative gouvernementale pour revigorer l'économie.

Par contre, je connais assez Warren Buffett pour savoir qu'il ne dit pas cela pour mousser ses propres intérêts. Il est bien au-dessus de cela. Ses intentions sont nobles, mais le problème est que l'enfer est pavé de bonnes intentions.

Car, à long terme, la plupart des plans de relance gouvernementaux ont peu d'effet. C'est normal, car ni gouvernements ni les politiciens ne disposent d'un pouvoir magique de créer de la richesse.

Une exception

Le premier plan du président Barack Obama était une exception.

Au milieu d'une crise financière où les marchés étaient de toute évidence dysfonctionnels, l'intervention gouvernementale, dont l'objectif consistait davantage à rassurer les marchés qu'à stimuler l'économie, était justifiable.

Quelques mois plus tard, on ne peut plus parler de crise, car les marchés ont repris leur fonctionnement normal.

Il est vrai que, selon plusieurs observateurs, la croissance est anémique et l'économie continue de battre de l'aile.

Mais ce n'est pas une raison pour intervenir avec un second plan de relance. D'abord, il est curieux de parler d'un second programme alors qu'une bonne partie de l'argent du premier programme de 800 milliards de dollars américains n'a pas encore été dépensée.

De plus, il faut éviter que l'appel à l'aide gouvernementale devienne un réflexe conditionné. Ce serait le meilleur moyen de décourager définitivement l'initiative privée.

Ensuite, et c'est le plus important, les résultats obtenus grâce aux programmes gouvernementaux sont habituellement décevants.

L'exemple de Roosevelt

Barack Obama s'est fait élire en partie grâce à une plateforme interventionniste. Plusieurs l'ont présenté comme le sauveur de l'économie américaine, au bord de la dépression. Ce qui a suscité la comparaison avec Franklin Delano Roosevelt.

Roosevelt est une figure mythique, car il est vu comme le président qui a sorti les États-Unis de la dépression à la fin des années 1930.

On attribue à ses politiques, dont le célèbre New Deal, des effets qui tiennent de la fable. Par exemple, Roosevelt n'a pas fait grandchose contre le chômage. De 1923 à 1929, le taux de chômage aux États-Unis s'est établi en moyenne à 3,3 %, selon le Bureau of Labor Statistics.

Or, malgré une intervention massive dans l'économie, le taux de chômage était encore à 14,6 % en 1940, sept longues années après l'élection de Roosevelt !

En fait, le taux de chômage a atteint un sommet de 24,9 % en 1933, pour baisser à 14,3 % en 1937. Puis il a explosé l'année suivante à 19 %. Il a fallu attendre 1941 pour qu'il redescende sous les niveaux de 1937.

C'est loin d'être réconfortant pour tous ceux qui croient que les dépenses massives du gouvernement peuvent nous ramener sur le sentier de la croissance.

En fait, bien que ce soit malheureux, ce ne sont pas les politiques de Roosevelt qui ont sorti l'économie américaine du gouffre, mais la Deuxième Guerre mondiale.

Pas de recette magique

Plusieurs études ont montré qu'à long terme, pour chaque dollar que le gouvernement injecte par un programme spécial, dans l'économie, le secteur privé réduit ses dépenses d'un dollar. Résultat net : zéro !

La dure réalité, c'est qu'il n'existe pas de recette magique pour relancer une économie, surtout pas provenant des bureaucrates et des politiciens. Il faut du temps. Il faut aussi faire assez confiance au secteur privé pour que les autorités gouvernementales acceptent de s'enlever du chemin.

Il ne faut pas oublier que la source de la croissance et de la création d'emplois se trouve dans l'épargne, l'investissement et la production. Trois moteurs qui prennent du temps à agir, mais dont les effets justifient pleinement la patience. C'est cela qu'il faut encourager si on veut une reprise durable et une économie prospère.

bernard.mooney@transcontinental.ca

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