L'affrontement avec Lowe's n'est que reporté

Publié le 22/09/2012 à 00:00, mis à jour le 20/09/2012 à 14:01

L'affrontement avec Lowe's n'est que reporté

Publié le 22/09/2012 à 00:00, mis à jour le 20/09/2012 à 14:01

Lowe's retire son offre d'acquisition au conseil d'administration de Rona. Victoire des tenants de la préservation des intérêts québécois du quincaillier ? On n'irait pas si vite en affaires. L'affrontement ne semble plutôt que reporté, et l'on n'est pas convaincu que Rona a une chance au final.

Les opinions sont partagées dans le marché sur ce que sera la suite des choses.

Keith Howlett, de Valeurs mobilières Desjardins, estime que l'offre amicale au conseil sera bientôt remplacée par une offre hostile. De son côté, Jim Durran, de Barclays Capital, s'interroge si, à la suite de l'échec, Lowe's ne sera pas plutôt tentée de se retirer du Canada.

Ce que voit M. Howlett

Rona est à réorganiser ses activités au Canada anglais, principalement en Ontario. Son plan prévoit la fermeture ou la réduction de la superficie d'une vingtaine de magasins à grande surface (big box) et l'ouverture de nouveaux formats plus petits qui devraient offrir un meilleur rendement.

L'analyste croit que Lowe's souhaite se saisir de ces big box et leur donner de l'élan. Attendre et laisser Rona aller de l'avant avec son plan rendrait en conséquence l'acquisition beaucoup moins intéressante.

D'où le pronostic d'une offre hostile d'ici trois mois.

Ce que voit M. Durran

Jim Durran se demande plutôt si l'échec ne vient pas sonner le glas de Lowe's au Canada.

Les ventes de ses magasins comparables reculent alors que celles de son principal concurrent, Home Depot, progressent. Lowe's a plus de difficultés à trouver de bons emplacements. Et les perspectives économiques ne sont pas extraordinaires pour les cinq prochaines années dans le secteur (une croissance annuelle de 2 à 3%, selon M. Durran).

De l'avis de M. Durran, Lowe's perd probablement actuellement de l'argent au Canada, et la poursuite d'une expansion sans Rona ne lui offre pas suffisamment de potentiel de rendement.

Ce que l'on voit

L'on adhérerait davantage à la vision de M. Howlett (une offre hostile), mais pas sur le même horizon ni pour le même motif.

Il semble clair qu'il n'y a pas d'avenir pour trois grands acteurs de la quincaillerie au Canada (quatre en incluant Canadian Tire). Une expansion de Lowe's par l'ouverture de nouveaux établissements (elle en a 31) viendrait frapper la rentabilité de tous, la sienne en premier lieu.

Bien qu'elle puisse s'intéresser aux big box que veut remodeler Rona, quelque chose nous dit que le motif le plus puissant de Lowe's pour Rona réside dans son modèle de franchises et de plus petits établissements. Le marché des big box arrive à maturité aux États-Unis, et la croissance commandera bientôt une évolution du modèle d'entreprise vers de plus petits formats pour servir une clientèle plus locale. Rona est le modèle sur lequel tabler.

C'est pour cette raison que l'on croit que Lowe's ne lâchera pas le morceau avec Rona.

Il n'y a cependant pas tant d'urgence. Et Lowe's pourrait en fait attendre après une nouvelle campagne électorale. Le Parti québécois au pouvoir semble en effet l'élément le plus menaçant pour une offre hostile.

Dans notre esprit, la Caisse de dépôt et placement du Québec, les marchands et même l'État ne seraient pas financièrement en mesure de bloquer une prise de contrôle de Rona (on montera peutêtre à une opposition de 30%, ce qui empêchera de fermer le capital, mais le bloc de contrôle sera obtenu).

Une intervention législative pourrait cependant empêcher l'opération.

francois.pouliot@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

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