Jobs : des années avant de voir un impact sur Apple

Publié le 03/09/2011 à 00:00

Jobs : des années avant de voir un impact sur Apple

Publié le 03/09/2011 à 00:00

La semaine dernière, en commençant ma planification automnale, je me suis dit que je devais écrire sur le grand mystère Apple, en particulier pourquoi le titre est si peu cher.

En un coup d'oeil, on peut voir que sa capacité bénéficiaire est mise en doute. C'est la seule façon d'interpréter le fait qu'une société qui a une telle croissance et une telle rentabilité ne se vende pas plus chère.

Une fois enlevée l'encaisse de 76 milliards de dollars américains (G$ US) (82 $ US l'action), le titre se vend 10 fois les profits de 2011 par rapport à 14 pour le S&P 500, même si la société croît six fois plus vite.

Parmi les explications, certains mentionnaient que le marché boursier anticipait le départ de Steve Jobs.

Et voilà que le mercredi 24 août, M. Jobs annonce son départ de la présidence d'Apple.

Malgré bien des craintes, le titre a reculé de 0,7 %, à 373,72 $ US. Et le lendemain, il a fortement rebondi, terminant la semaine en hausse de 8 %, à 383,58 $ US.

Encore une fois, Apple a fait mentir les experts. Mais maintenant le plus grand mystère, c'est d'évaluer l'impact de ce départ historique. Pour pouvoir y arriver, il faut tenter de mesurer la contribution du dirigeant-entrepreneur de 55 ans.

Hommage à un génie

Steve Jobs fait partie des grands responsables de la révolution de l'ordinateur personnel par le lancement du Apple II avec son partenaire Steve Wozniak. Au milieu des années 1980, le conseil d'administration d'Apple l'a mis à la porte pour le remplacer par un gestionnaire professionnel (incroyable, n'est-ce pas ?).

Pendant son exil, il a acheté et bâti un studio d'animation qui allait révolutionner l'industrie du cinéma, Pixar. En le vendant à Disney, M. Jobs est devenu son plus important actionnaire avec 138 millions d'actions (7,3 %) valant plus de 4,4 G$ US.

C'est son retour qui a fait de lui une légende. À partir du lancement du premier iPod, en octobre 2001, Apple a repoussé les limites de ce qu'est une société informatique pour devenir un géant de l'électronique grand public.

L'iPod a transformé l'industrie musicale, l'iPhone, l'industrie du téléphone cellulaire et probablement Internet, et l'iPad, l'industrie des ordinateurs personnels.

Encore plus remarquable, on parle d'un dirigeant axé corps et âme sur l'innovation, bien avant sa fortune personnelle. Chez Apple, il reçoit comme rémunération totale 1 $ par année. Il n'a aucune option et se contente de ses 5,5 millions d'actions valant 2 G$ US (il ne reçoit rien non plus de Disney). Vous ne verrez plus ça de votre vivant !

L'avenir d'Apple

C'est pour cela qu'il est facile de conclure que son départ est tragique pour Apple. C'était également ma réaction, mais une longue réflexion m'a fait changer d'idée. Pourquoi ? Parce que Steve Jobs laisse Apple fort de tellement d'avantages stratégiques que la société en a pour plusieurs années à dominer.

D'abord, Tim Cook, son successeur, a déjà fait ses preuves, remplaçant avec succès Steve Jobs lors de ses absences passées. On ne sait pas grand-chose de ses qualités dans le domaine de l'innovation, mais sur le plan de la gestion, le dirigeant de 49 ans est une valeur sûre.

De plus, les produits phare d'Apple iPod, iPhone et iPad, sans oublier les iMac se vendent encore comme des petits pains chauds et devraient continuer de le faire pendant encore un bon bout de temps. Ça aussi, c'est un grand avantage pour un nouveau dirigeant. Il y a fort à parier que la société a déjà sur sa planche à dessin d'autres produits pour faire rager la concurrence.

Un autre avantage clé, c'est que plusieurs concurrents importants sont mal en point. Hewlett-Packard vient d'annoncer son retrait du marché de l'ordinateur personnel, Research In Motion a été fortement ébranlée par le succès de l'iPhone et des sociétés comme Nokia et Motorola ne sont plus l'ombre de ce qu'elles étaient. Enfin, Google a les mains pleines avec son acquisition récente de Motorola Mobility, en plus d'être la cible d'une enquête du ministère de la Justice américain.

Enfin, le plus important avantage, c'est ce que Steve Jobs a fait d'Apple.

Apple a une plateforme, une technologie, des processus, des design et une perception de ses clients à part des autres. C'est la seule façon par exemple d'expliquer le succès de ses boutiques qui ont réalisé en moyenne des revenus de 34 M$ US chacune en 2010 et de 10,8 M$ à son plus récent trimestre.

Les produits d'Apple, on l'a souvent dit, sont comme une religion, mais une religion qui se développe à la vitesse d'un virus. Il y a 10 ans, seul son iMac avait des fidèles ; aujourd'hui, les fidèles sont tous ceux qui achètent des iPod, des iPhone et des iPad. Imaginez la puissance !

Ce n'est pas pour rien qu'Apple domine comme jamais auparavant une société n'a dominé ce secteur.

Tout cela me fait dire qu'il faudra probablement des années avant qu'on ne puisse constater l'impact du départ de Steve Jobs. Si c'est le cas, ce sera sa plus grande réalisation.

DE MON BLOGUE

La catastrophe HP

Dire que les investisseurs ont mal réagi à l'annonce de Hewlett-Packard du 18 août est un euphémisme.

En annonçant la fin des activités de Palm, la mise en vente ou l'essaimage de sa division d'ordinateurs personnels et l'acquisition d'Autonomy, la direction de HP a lancé le signal qu'elle appuyait sur le bouton de panique.

L'annonce qu'elle déboursera plus de 11 milliards de dollars américains (G$ US) comptant pour Autonomy est plus difficile à comprendre. Regardez le ridicule profond de cette décision : HP paie plus de 11 fois les revenus pour ce concepteur de logiciels, ou environ 30 fois ses bénéfices d'exploitation, alors qu'il ne s'agit pas d'une société à forte croissance et qui, somme toute, n'est pas assez importante pour avoir un impact majeur sur HP.

Pour financer cet achat, HP devra ajouter à sa dette et réduire ses rachats d'actions. Elle cessera donc d'acheter de son titre, qui se vend à 0,3 fois les revenus et à environ 5 fois les profits pour acquérir une société à 11 fois les revenus !

Vos réactions

" Les conseils d'administration ne sont pas bons pour gérer de grandes sommes d'argent dormant. "

SB

" Beaucoup de dirigeants de compagnie se croient très supérieurs et, de plus, ils aiment prendre de " grandes décisions ".

puck61

bernard.mooney@transcontinental.ca

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

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