Ce que pourrait valoir Bombardier dans cinq ans

Publié le 18/05/2013 à 00:00

Ce que pourrait valoir Bombardier dans cinq ans

Publié le 18/05/2013 à 00:00

L'humeur était assez bonne, la semaine dernière, à l'assemblée annuelle de Bombardier.

Laurent Beaudoin a même eu droit à une ovation debout, lorsque, en fin d'allocution, son fils Pierre a fait remarquer qu'il avait uni sa destinée à celle de Bombardier il y a 50 ans. M. Beaudoin a un peu rougi et tenté de calmer les applaudissements. Un beau moment.

Il faut dire que, dans les minutes précédentes, les actionnaires avaient appris de bonnes nouvelles. Des résultats du premier trimestre légèrement supérieurs aux attentes et, surtout, le maintien de la fin juin comme date du premier vol d'essai du CSeries.

L'affaire est loin d'être gagnée, mais les choses semblent bien aller pour le CSeries. En conférence de presse, le responsable de la division aéronautique, Guy Hachey, a indiqué que les plus importants obstacles en prévision du premier vol d'essai avaient été franchis.

Le plus intéressant

Le plus intéressant pour nous se trouvait cependant dans un passage de l'allocution de Pierre Beaudoin. «Nous planifions, dans un horizon de cinq ans et plus, augmenter nos revenus de 10 à 16 G$ US et notre marge bénéficiaire (avant intérêts et impôts), de 3 à 4 points de pourcentage par rapport à 2012.»

Une révélation. Depuis le temps qu'on tente de cerner le potentiel du CSeries et des autres projets de Bombardier (Tor, BBD.B, 4,71 $).

M. Beaudoin avait déjà fait le pronostic, il y a quelque temps, lors de la journée des investisseurs de Bombardier à New York, mais la chose nous avait échappé.

La moitié de l'augmentation des revenus devrait provenir du CSeries (le reste viendra d'autres avions comme le Learjet 85 ou de la division Transport).

Voyons voir ce que cela donne comme potentiel pour l'action.

Notre évaluation s'appuie sur la méthode de l'enterprise value et considère que la valeur de l'entreprise est celle de la capitalisation boursière, plus la dette.

Deux précisions préliminaires.

La dette de Bombardier augmentera au cours des prochains trimestres, mais elle devrait commencer à reculer en 2014 et 2015, tandis que les flux de trésorerie s'amélioreront. On présume donc que, dans cinq ans, elle sera à peu près la même qu'aujourd'hui.

Le titre se négocie actuellement à environ 11 fois le bénéfice avant intérêts et impôts de 2012 (en incluant la dette nette de 2,5 G$).

En tenant compte de ces précisions et en entrant les hypothèses de la direction dans la calculatrice, le résultat est le suivant :

> Si l'on ajoute 10 G$ US aux revenus actuels, et que l'on augmente la marge avant intérêts et impôts de 3 %, le titre devrait se négocier à près de 12 $. C'est 2,5 fois sa valeur actuelle. Et c'est le scénario qui est sans doute en vue dans cinq ans.

> Si l'on ajoute 16 G$ US aux revenus actuels, et que l'on augmente la marge de 4 %, le titre devrait alors se négocier à environ 17,25 $. C'est presque quatre fois le cours actuel. Et c'est probablement pour un peu plus loin que dans cinq ans.

Beaucoup d'incertitude

Évidemment, il y a beaucoup de facteurs d'incertitude dans le modèle. Tant à la baisse qu'à la hausse.

Dans un scénario où les cibles de la direction sont atteintes, il est possible que le multiple actuel (11) soit rehaussé un peu. Il est aussi fort possible, étant donné l'amélioration des flux de trésorerie, que la dette soit à ce moment nettement moindre que ce que l'on suppose. Ces deux facteurs pourraient donner plus d'élan encore au titre.

Inversement, il se peut que certains projets ne fonctionnent pas comme prévu. Le CSeries est le meilleur exemple.

Il faut dans un premier temps qu'il vole (ce qu'on devrait savoir vers la fin de juin).

Il faut surtout qu'il vole bien, et honore ses promesses : une économie de 15 % sur les coûts d'exploitation, une économie de carburant de l'ordre de 20 %, des réductions d'émission de CO2 pouvant atteindre 20 % et une empreinte sonore quatre fois moindre.

Ne pas être à la hauteur des promesses risquerait d'assécher les commandes et entraînerait des investissements supplémentaires visant à corriger la situation. Le risque d'un échec financier n'est pas à négliger.

L'évaluation présume aussi que Bombardier n'aura pas trop à renflouer ses régimes de retraite. Il faudra pour cela une remontée des taux d'intérêt. Et quelques concessions des employés, comme le suggère le rapport D'Amours.

Bref, il y a pas mal de potentiel, mais également pas mal de risque. À chacun de décider s'il est de l'embarquement.

DANS LE DÉTAIL

Sur le radar

Le titre sur cinq ans

BOMBARDIER (BBD.B ; 4,71 $)

Données de marché

Symbole: BBD.B

Prix actuel: 4,71 $

Fourchette 52 sem.: 2,94 $ - 4,75 $

Dividende: 0,08 $

Valeur boursière: 8,04 G$

Prévisions de bénéfice par action ($ U S)

ANNÉE / 2013 / 2014

DÉCEMBRE / 0,40 $ / 0,51 $

Recommandations des analystes

Achat 7

Surperforme 10

Conserver 4

Sous-performe 2

Vendre 0

Cible des analystes

Moyenne: 5,25 $

Plus élevée 6,80 $

Plus basse 3,00 $

Sources : Bloomberg, Thomson Reuters

francois.pouliot@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

À la une

Bourse: records en clôture pour Nasdaq et S&P 500, Nvidia première capitalisation mondiale

Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les titres de l’énergie contribuent à faire grimper le TSX.

Stellantis rappelle près de 1,2 million de véhicules aux États-Unis et au Canada

Environ 126 500 véhicules au Canada sont concernés par le rappel.

Le régulateur bancaire fédéral maintient la réserve de stabilité intérieure à 3,5%

L’endettement des ménages reste une préoccupation pour le Bureau du surintendant des institutions financières.