Ce n'est peut-être pas le bon mois de mai pour prendre des vacances

Publié le 12/05/2012 à 00:00

Ce n'est peut-être pas le bon mois de mai pour prendre des vacances

Publié le 12/05/2012 à 00:00

On entend beaucoup parler depuis quelque temps du fameux dicton boursier «Sell in May and Go Away» qu'on pourrait traduire par «Prenez vos bénéfices en mai et partez».

Si on regarde l'histoire récente, cela semble une bonne idée. En effet, en 2010, le marché boursier a établi un sommet le 23 avril avant de connaître plusieurs mois difficiles. En 2011, le sommet du 29 avril a été suivi d'une correction significative, presque d'un marché baissier en fait.

Cela mousse la popularité de ce dicton, mais pour plusieurs raisons, ce n'est peut-être pas le bon mois de mai pour le faire.

Les investisseurs à long terme qui sont à l'aise avec leur pondération en actions ne devraient pas tripoter leur portefeuille en se fiant à un dicton aussi simpliste. Ce qui se passera au cours des prochains mois a une importance négligeable pour quiconque investit selon un horizon de plus de cinq ans.

De plus, on donne un peu trop d'importance à mon goût à ce dicton, cette année. C'est suspect. La Bourse pourrait encore une fois déjouer les spéculateurs. En effet, le contexte est assez différent.

Bourse moins chère

D'abord, malgré la bonne performance des principaux indices depuis décembre, les actions sont moins chères cette année.

En effet, en avril 2010, l'indice S&P 500 se vendait à plus de 18 fois ses bénéfices des 12 derniers mois. Au début de 2011, cet indice se négociait à environ 16 fois les profits. De plus, il y a deux ans, le rendement des obligations gouvernementales de 10 ans frôlait les 4 % et était à plus de 3,5 % l'an dernier. Comparez cela à la situation actuelle : le S&P 500 se vend à 14 fois les bénéfices dans un contexte où les rendements obligataires sont plus bas, soit de moins de 2 %. Sur une base absolue et relative, la Bourse est plus attrayante en mai 2012.

Vous me direz que cet argument n'a aucune valeur si l'économie glisse en récession. Et vous avez raison. Mais encore une fois, la situation actuelle est différente.

Ainsi, les taux d'intérêt étant plus bas qu'il y a un an ou deux, la politique monétaire est encore plus accommodante. C'est très favorable à l'économie, et c'est également un bon appui au marché boursier. Par exemple, aux États-Unis, le taux offert pour une hypothèque de 30 ans est maintenant légèrement inférieur à 4 % alors qu'il était à plus de 5 % en 2011, de même qu'en 2010.

Un peu partout dans le monde, d'ailleurs, les politiques monétaires sont plus aptes à répondre aux besoins que dans un passé récent. Pratiquement toutes les économies, y compris celles des pays émergents, tentent de stimuler leur croissance. Cela aussi est différent et important.

L'économie du Japon, durement frappée par le tsunami l'an dernier, a repris de la vigueur.

Comme le fait observer James Paulsen, stratège en chef pour Wells Capital Management, dans une étude publiée le 30 avril, il ne faut pas oublier non plus que l'économie américaine performe mieux. La croissance des prêts bancaires s'accélère depuis un an et la confiance des consommateurs est en hausse. Les ventes d'autos aux États-Unis ont également repris, atteignant un rythme annuel de 15 millions de véhicules. Enfin, la création d'emplois a également progressé.

La croissance économique n'est pas explosive, mais elle est nettement plus solide qu'au cours des deux dernières années.

Les finances du consommateur

Et, élément rarement mentionné, la situation financière des Américains s'est nettement améliorée. Par exemple, au pire moment de 2007, le foyer américain moyen consacrait 19 % de son revenu personnel disponible à ses obligations financières. C'était un record de tous les temps ! Depuis, ce ratio est en chute libre, atteignant 15,9 % actuellement. Or, il faut retourner à 1984 pour observer un coefficient si bas.

De l'autre côté de l'océan, l'Europe inquiète toujours, ce qui représente un point commun avec 2011 et 2010. Difficile de voir la vie en rose de ce côté. Par contre, il est relativement rassurant de constater que les autorités monétaires là-bas ont amorcé un virage dans leur politique, abaissant leurs taux d'intérêt deux fois depuis juillet 2011.

Enfin, malgré des attentes modestes, les résultats des entreprises au premier trimestre ont jusqu'ici agréablement surpris.

Je vous rappelle qu'il est futile de tenter de prédire la Bourse à court terme. Mais si vous pensez que la Bourse prendra des vacances en mai comme lors deux dernières années, n'oubliez pas que le contexte est différent.

DE MON BLOGUE

Banques

La grande hypocrisie canadienne

«Mais au moins nos banques n'ont pas eu besoin de l'aide du gouvernement pour traverser la crise financière.» J'ai entendu cela des dizaines de fois depuis 2009. C'est faux ! Nos banques ont reçu l'aide du gouvernement pour sortir indemnes de la crise.

Selon une étude du Canadian Centre for Policy Alternatives, l'aide gouvernementale totale attendrait 114 G$ ! Cela représente 3 400 $ par Canadien.

C'est un peu révoltant de constater qu'une grande partie de cette aide n'a jamais été divulguée, contrairement aux États-Unis. Le fait que nos banques ont eu besoin de l'aide gouvernementale lors d'une crise financière est loin d'être un scandale. C'est normal. Ce qui est anormal, c'est de le cacher...

Vos réactions

«Vraiment déplorable de la part d'un gouvernement qui prétend prôner l'intervention minimale de l'État dans le marché !»

- fruitloops101

«Le pire dans toute cette histoire, c'est que le Canada se vante depuis des années de posséder le meilleur système bancaire du monde !»

- Réaliste1

«Ce grand manque de transparence pourrait-il laisser supposer que tout le système ne serait pas aussi transparent qu'on ne le croit ?»

- cerealmaker

bernard.mooney@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

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