Si les revenus et le bénéfice de toutes les divisions de Microsoft étaient en baisse au dernier trimestre, aucune n'a autant souffert que celle des services Internet, dont les pertes sont passées de 332 à 490 millions de dollars américains, par rapport à l'an dernier. Microsoft mise gros sur son moteur de recherche Bing, lancé en mai dernier, pour regagner une partie de cet argent ainsi que pour rattraper le précieux terrain perdu au profit de Google. Et peut-être aussi pour faire oublier l'échec du rachat avorté de Yahoo, au début de l'année.
Microsoft estime que le marché de la recherche vaut 80 milliards de dollars américains. Mais au-delà de sa valeur économique, ce marché constitue le nerf de la guerre pour vendre des logiciels et services sur le Web. Sur ce plan, Google possède une avance écrasante : son moteur effectue plus de 60 % des recherches sur le Web en Amérique du Nord.
Ça n'empêche pas Steve Ballmer d'espérer. Le chef de la direction de Microsoft parle d'ailleurs de Bing comme du filon le plus prometteur de toute la stratégie Internet de Microsoft. " Nous dominons le secteur des ordinateurs personnels et nous essaierons d'en faire autant dans le secteur de la recherche en ligne ", dit-il à ce sujet.
Il y a cependant loin de la coupe aux lèvres. Bing gagne effectivement en popularité chaque mois depuis qu'il a été lancé, en juin dernier. Sauf que, loin de nuire aux résultats de Google, sa popularité croît essentiellement au détriment de Yahoo. Pis encore, sa croissance pourrait n'être qu'un effet temporaire causé par la vaste campagne publicitaire que Microsoft mène à son endroit.
Selon les analystes, il est loin d'être certain que Bing maintienne ce rythme, une fois la campagne terminée.
C'est ce que craint François Campeau, gestionnaire chez Trilogy Advisors. " La croissance de Bing est gonflée par la publicité, dit-il. Qu'arrivera-t-il lorsque cette campagne se terminera ? Là est la vraie question. "
M. Campeau pense que, laissé à lui-même, le moteur de recherche de Microsoft risque peu de faire ombrage à Google. " Microsoft ne rattrapera pas Google. Ce serait déjà bien que Bing se stabilise à environ 10 % du marché. Si ce moteur continue de gagner des parts de marché, ce sera encore mieux. "
