Une année 2012 sous le signe du risque

Publié le 28/01/2012 à 00:00

Une année 2012 sous le signe du risque

Publié le 28/01/2012 à 00:00

«Les prévisions sont difficiles, surtout quand elles concernent l'avenir», disait l'écrivain français Pierre Dac. Et pourtant, c'est plus fort que nous. Il nous faut chercher à savoir. De là la popularité d'événements où se font valoir les boules de cristal, certains plus sérieux que d'autres.

C'était le cas de la conférence «Perspectives économiques 2012», présentée le 23 janvier par la Chambre de commerce de l'Est de Montréal.

En deux mots, c'est un monde dominé par le risque qui nous attend au cours des prochains mois. Tout ne sera pas sombre, mais il faudra surveiller de près l'évolution de la situation internationale.

C'est ce que sont venus expliquer les trois experts chevronnés invités pour l'occasion : François Dupuis, vice-président et économiste en chef au Mouvement Desjardins ; Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, et Stéfane Marion, économiste en chef et stratège de la Banque Nationale. Ce dernier vient d'ailleurs d'être reconnu comme le meilleur prévisionniste du Canada par Bloomberg Markets, ce qui n'est pas banal, compte tenu des périls du métier.

Il est effectivement périlleux de s'avancer à prévoir la suite des choses dans un contexte de mondialisation accélérée. Le télescope a remplacé le microscope. Il faut regarder loin devant. Et les nuages obscurcissent le paysage.

Le printemps sera chaud

Prenez l'Europe. Le sort de la Grèce est de nouveau en suspens. Sans compter l'Italie, qui doit réemprunter de 40 à 45 milliards d'euros en février et en mars, dit Sébastien Lavoie. Les précédentes émissions d'obligations se sont écoulées correctement, mais les sommes en jeu étaient bien moins considérables. Si les misères de la Grèce ébranlent les marchés, imaginez le tremblement de terre qu'occasionnerait une chute de l'Italie... Ce sera un gros test. Le printemps sera chaud.

En fait, personne ne prédit la fin du monde. Le risque sera cependant omniprésent, souligne François Dupuis, qui entrevoit un ralentissement de l'économie canadienne en 2012. Au Québec, en particulier, les hausses de taxes et les prélèvements en tous genres (TVQ, RRQ, contributions en matière de santé, etc.) vont entamer un peu plus les portefeuilles et la confiance des ménages, pense-t-il. Sans compter qu'à 153 % du revenu disponible, l'endettement atteint un niveau record... L'amélioration qui se dessine aux États-Unis peut aider, mais rien n'est certain, et c'est pourquoi il faudra attendre 2013 pour vivre une reprise digne de ce nom.

Au moins, les taux d'intérêt resteront bas. Les citoyens peuvent en profiter pour rétablir leurs finances ; quant aux entreprises, elles ont tout intérêt à profiter de l'aubaine.

C'est l'appel que Stéfane Marion a lancé à l'auditoire de gens d'affaires, très attentif, surtout quand il a rappelé que la grande majorité des emplois créés aux États-Unis en 2011 l'ont été par des PME. Le même principe vaut pour le Québec. Or, la concurrence vient maintenant de partout, et il est essentiel de gagner en efficacité. Investir dans la productivité a plus de chances d'être payant quand le crédit est moins coûteux.

Mais encore et toujours, il importe de considérer l'environnement mondial. Le commerce de biens ralentit déjà. Pour l'instant, de nouveaux acteurs économiques ont le vent dans les voiles. Plus du tiers de la production industrielle mondiale vient des économies asiatiques dites émergentes. C'est le double de celle des États-Unis. Si la demande européenne fléchit, la Chine, l'Inde et les autres pourront-ils maintenir ce train d'enfer ?

De là la nécessité d'assainir les finances nationales pour éviter des secousses encore plus brutales. Ce sera douloureux. À titre d'exemple, Stéfane Marion rappelle qu'en 2007, les dépenses en programmes sociaux français équivalaient à 28,4 % du PIB ; le chiffre canadien était de 16,9 %. Non pas que ces initiatives soient mauvaises. La question est de savoir si on pourra se les permettre longtemps sans avoir à les réajuster.

D'autres statistiques sont carrément effarantes. Plus de 41 % des jeunes Espagnols de 15 à 24 ans sont chômeurs, par rapport à 14 % au Canada. C'est là un ferment de troubles sociaux. Le ralentissement qui nous guette ici n'est rien en comparaison des sacrifices qui attendent ces populations. Vivement 2013 !

DE MON BLOGUE

Énergie

Une contestation du genre gaz de schiste

C'est un mode de production d'énergie qui fait du bruit, qui cause des problèmes de santé, qui menace de détruire le tissu rural et dont les bénéfices ne sont pas suffisamment partagés avec les communautés touchées. Un moratoire s'impose. Quelle calamité, ce gaz de schiste, pensez-vous instinctivement. Bien non ! Il s'agit des éoliennes.

Vos réactions

«Le développement de la filière éolienne est coûteux et non rentable. À moins qu'il ne soit prévu d'augmenter les tarifs d'électricité. C'est probablement un autre signe de la puissance des lobbys environnementaux au Québec.»

- grousseau222

«Appliquons à la lettre le principe de précaution et retournons au mode de vie traditionnel de nos ancêtres qui vivaient très bien dans les arbres de la brousse africaine, sans se soucier de tous ces risques ! Et sans même un casse-noisette, une autre technologie dont les effets sur le tympan n'ont jamais été étudiés...»

- jpthoma1

rene.vezina@transcontinental.ca

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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