En 2012... nous prendrons le temps d'aller au-delà de la frénésie des manchettes quotidiennes pour comprendre ce qui nous arrive. Ce serait déjà une bonne résolution.
Tout dépend de l'horizon de temps que l'on se donne. À court terme, le paysage économique demeure embrumé. Le timide redressement qui touche les États-Unis est rapidement occulté par l'ampleur de la crise européenne, et rien ne permet de croire qu'elle se réglera bientôt.
Cependant, un relèvement de l'économie américaine, même marginal, est immédiatement ressenti ici, alors que les misères européennes frappent de plus loin. Les taux d'intérêt faramineux que paient et risquent de payer les pays méditerranéens affectent la confiance internationale... mais pas, du moins jusqu'à présent, les taux que l'on exige du Canada et qui demeurent minimaux.
S'il fallait chercher un risque réel, il faudrait regarder du côté de l'Asie. Il y a Xstrata et quelques autres minières occidentales, mais pour l'essentiel, nos belles perspectives d'investissement viennent de la Chine et des environs. Un ralentissement marqué et soutenu de la demande mondiale refroidirait l'appétit pour nos matières premières et retarderait la mise en valeur du potentiel nordique québécois. Mais le travail annoncé est titanesque et son aboutissement n'est pas prévu avant de nombreuses années. On va y penser à deux fois avant de retarder le déploiement des chantiers. Les remises en question ne surgiront pas à court terme, du moins pas lors des premiers mois de 2012.
Nous ne sommes pas pour autant à l'abri des soucis. Il suffit de nous regarder dans le miroir pour contempler notre plus grand démon : notre démographie défaillante.
La nouvelle est arrivée en fin d'été et c'est peut-être la raison pour laquelle elle n'a pas eu tout le retentissement qu'elle méritait : pour la toute première fois, le Québec a dû reconnaître le renversement de sa pyramide démographique. En juillet 2011, nous comptions officiellement davantage de gens âgés de 65 ans et plus que de jeunes de 15 ans et moins : 1 253 600, ou 15,7 % de la population, comparativement à 1 241 700, ou 15,5 %. La différence semble minime, mais elle est significative. Et cet écart ira en s'accentuant.
Le Québec est une société vieillissante.
Ce n'est pas un drame en soi. Aujourd'hui, les gens âgés sont en bien meilleure santé qu'autrefois. Les augmentations des dépenses en santé qu'on attribuait au vieillissement de la population ne se produiront pas du jour au lendemain. Mais on ne pourra pas inverser la marche du temps. Notre déclin collectif sera inévitable si nous ne réagissons pas.
De là la nécessité de trouver du renfort, et ce sera certainement un des enjeux marquants de 2012. La discussion est déjà ouverte, à savoir s'il faut attirer plus ou moins d'immigrants, et elle va s'intensifier dans les mois à venir. Mais on pourrait aussi discuter des budgets faméliques consacrés à l'accueil des nouveaux arrivants et donner un coup de main aux organismes qui s'échinent pour faciliter leur intégration.
SUGGESTIONS DE LIVRES POUR NOËL
Incontournable : Steve Jobs, de Walter Isaascon, chez JC Lattès. Une brique de près de 700 pages, mais il en fallait au moins autant pour raconter la vie d'un grand leader, à la fois génial et tourmenté, qui a transformé à jamais notre relation avec le monde et la technologie.
Intelligent : Pensouillard le hamster, du Dr Serge Marquis, aux Éditions Transcontinental. Il ne manque pas de traités sur la vie courante axés sur la croissance personnelle, mais celui-ci choisit l'inverse : il suggère avec humour et finesse la «décroissance personnelle», de manière à calmer ce fichu hamster qui trotte dans notre tête.
Intrigant : Les règles du jeu, de Guy Le Blanc, à compte d'auteur. Soucieux de faire comprendre les rudiments de la finance, le fondateur de la firme Cote 100 avait déjà publié La Bourse ou la vie. Il revient cette fois-ci avec un roman à saveur policière qui lui permet de poursuivre son travail de vulgarisation économique.
Inspirant : Réussir, de L. Jacques Ménard (avec Denis et Michèle Beauregard), chez VLB. En présentant les témoignages de 22 grands Québécois issus du monde des arts, du sport, de la science ou des affaires, cet essai postule que les accomplissements personnels mènent à la réussite collective, un objectif à ne pas oublier.
DE MON BLOGUE
Pâtes et papier
Scandale chez Papiers White Birch
À la veille de Noël, l'usine de Papiers White Birch, à Québec, cesse «temporairement» ses activités, et quelque 600 travailleurs se retrouvent sans emploi [...] Scandale, parce que le président actuel de Papiers White Birch, Peter Brant, a touché de plantureux honoraires de gestion au moment où l'entreprise frôle la faillite. Pour les trois premiers mois de 2011, ils ont pratiquement atteint six millions de dollars !
Vos réactions
«Comment des gens pareils peuvent-ils diriger des entreprises d'une telle importance pour nos localités ? Comment ces gens réussissent-ils à gravir les échelons de nos organisations sans se faire prendre ou se faire réprimander ? Pour moi, ce genre de comportement est un acte criminel et devrait être puni sévèrement.»
- JeffSimm
«Ils les achètent afin de les exploiter et d'en retirer le maximum de bénéfices par toutes sortes de transactions, et ainsi les endetter et enfin les mettre en faillite. C'est de cette façon qu'ils deviennent milliardaires... Bravo ! ! !»
- paulem
«J'ai entendu dire par un travailleur que M. Brant vend sa tonne de papier à perte à une firme de courtage qui la revend le double [...] Il semble y avoir beaucoup de mauvaise foi dans ce dossier...»
- NickLupien
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rene.vezina@transcontinental.ca
