L'histoire de Taylor, dont les neuf magasins sont établis en Montérégie et en Estrie, est si peu connue que plusieurs croient que cette entreprise provient des États-Unis. Pratiquement centenaire, elle est pourtant née au village de Saint-Lambert.
Depuis 1920, la sympathique rue Victoria, à Saint-Lambert, doit une grande partie de sa vitalité au grand magasin Taylor. Sur trois étages, le commerce, qui ne proposait à ses débuts que du tissu, a rapidement diversifié son offre à la demande des clients qui désiraient aussi s'y procurer des vêtements. Proposant encore de la mode féminine et masculine, Taylor fait partie de la vie des résidents du coin depuis plusieurs générations. «J'ai des clients qui viennent ici chaque jour. Même s'ils n'achètent pas, ils viennent voir leurs amis», raconte le président Robert Taylor, petit-fils du fondateur Joshua Taylor, un Irlandais qui importait du tissu.
Comme tout commerce né au début du siècle dernier, Taylor a connu son lot de difficultés. Dans son cas, les épreuves se sont présentées dès le départ. «C'est ma grand-mère qui devait s'occuper du commerce. Mais elle est tombée malade. Alors mon père Charles a quitté l'école pour faire le travail. Il était en 9e année.»
La Deuxième Guerre mondiale finit par éclater, rendant les approvisionnements difficiles. Charles Taylor, alors en poste sur la base militaire de Gander, à Terre-Neuve, trouve le moyen de revenir discrètement à Montréal pendant quelques jours pour convaincre ses fournisseurs de faire leur travail. Impressionnant dans son uniforme, il n'aurait pas eu trop de mal à y arriver...
Le ciel s'éclaircit après la guerre. Dès 1949, les affaires vont si bien qu'un deuxième étage est ajouté. Dix ans plus tard, les Taylor acquièrent même le cinéma voisin pour 125 000 $, ce qui équivaut aujourd'hui à un million de dollars.