Prospérité 2.0, ou ensemble pour des jours meilleurs

Publié le 12/05/2012 à 00:00

Prospérité 2.0, ou ensemble pour des jours meilleurs

Publié le 12/05/2012 à 00:00

Contrairement à la rumeur, les Québécois sont en faveur de la prospérité. Ils veulent seulement avoir la certitude que les moyens utilisés pour l'atteindre sont appropriés.

C'est déjà ce qu'on peut retenir du 37e congrès de l'Association des économistes québécois, tenu la semaine dernière à Montréal. L'orientation était claire : un parti pris déclaré en faveur de la prospérité globale, une déclaration quasi audacieuse dans le contexte québécois, alors que des esprits chagrins prêchent continuellement le nivellement par le bas, comme «Soyons tous pauvres, mais égaux»... Un parti pris clair, donc, mais des choix complexes qui montraient bien la raideur de la pente à gravir pour accéder à cette fichue prospérité. Comparativement à nos voisins américains, nos revenus individuels et collectifs sont plus bas, notre productivité est également à la traîne, alors que nos taxes et nos impôts sont plus élevés, et que notre dette publique cavale toujours plus haut.

Un forum, plusieurs disciplines

Oui, c'est vrai, il paraît que la qualité de vie est inégalable, que l'indice «Vivre mieux» (de l'OCDE) est excellent, que le modèle québécois assure une meilleure répartition de la richesse... Mais qu'est-ce qu'on aimerait en avoir davantage, de la richesse à redistribuer !

D'où l'intérêt d'un forum comme celui qu'ont offert les économistes d'ici, de tous les milieux, privés ou publics ; un forum éclaté, puisqu'une bonne partie des conférenciers étaient experts en d'autres domaines que celui de l'économie. Des sociologues, entrepreneurs, urbanistes ou écologistes, évidemment accompagnés d'économistes, sont venus présenter tour à tour leur vision d'un grand enjeu en soumettant chacun trois propositions sur lesquelles les participants devaient voter. Leurs choix (p. 9) traduisent bien l'état d'esprit nécessaire à l'atteinte de cette prospérité durable.

La population n'est pas hostile aux grands projets

Je retiens par exemple l'analyse de Michel Venne, directeur général et fondateur de l'Institut du Nouveau Monde, sur l'importance de la participation des citoyens aux discussions entourant les grands projets. L'Institut vient justement de tenir dans tout le Québec une série de consultations sur le sujet, ce qui lui a permis d'asseoir ses positions. Et c'est précisément ce qui a retenu l'attention des économistes présents dans la salle : malgré certaines manchettes plutôt noires, le sentiment général de la population n'est pas hostile aux grands projets - encore que le réflexe «pas dans ma cour» demeure bien présent. Sauf qu'il importe surtout de consulter les gens en amont, avant de se lancer dans l'exploitation des ressources, une étape cruciale que certains promoteurs ont allègrement galvaudée par le passé. Si le travail est bien fait, l'adhésion populaire peut faciliter bien des choses.

On a aussi abordé les inévitables et parfois décourageantes questions liées à l'état de la dette publique, des infrastructures publiques, de l'environnement, du système d'éducation, des régimes de retraite et autres, mais en offrant chaque fois des options dynamiques : que peut-on faire pour modifier le cours des événements en notre faveur ? Les solutions existent, mais de là à pouvoir les mettre en application ! Oui, il va falloir travailler plus longtemps, compte tenu de l'augmentation de l'espérance de vie, a rappelé Jean-Pierre Aubry, économiste et fellow associé au CIRANO. Et l'éducation reste la voie royale vers le mieux-être collectif.

C'est ce qu'ont rappelé les professeurs et économistes Clément Lemelin (aujourd'hui retraité) et Jean-Michel Cousineau, tous deux de l'Université de Montréal, pourvu qu'on mette les énergies à la bonne place. Pour amortir l'effet de la hausse des droits de scolarité, on pourrait apporter une aide financière plus généreuse mais plus sélective aux étudiants qui en ont besoin, a tranché l'assemblée au regard des propositions soumises par M. Lemelin. Cependant, il ne faudrait pas oublier l'impact déterminant des mesures destinées à la petite enfance et aux premières années à l'école, a dit M. Cousineau, sous les applaudissements.

Un vibrant témoignage en faveur du retour du sens de la communauté

Il reste que le moment fort de ces deux journées n'est pas venu d'un économiste, mais d'un entrepreneur : le président de Canam, Marc Dutil, a livré un vibrant témoignage en faveur du retour du sens de la communauté, en racontant que, dans la Beauce, les gens se serrent encore les coudes et bâtissent ensemble un avenir meilleur. C'était la meilleure façon de montrer que la prospérité, la vraie, devrait toujours s'écrire au pluriel.

DE MON BLOGUE

Universités

Surveiller, oui, étouffer, non

Il y a sûrement des économies à réaliser dans la gestion des universités québécoises, mais pas de l'ampleur dont rêvent ceux et celles qui voudraient qu'elles finissent par neutraliser les hausses des droits de scolarité. Et il ne faudrait pas scléroser les universités et jeter le bébé avec l'eau du bain.

Vos réactions

«À vouloir mettre le nez dans la gestion des universités, on pourrait s'immiscer dans la gestion de tous les niveaux de la fonction publique fédérale, provinciale et municipale [...] Donc, la prochaine fois que j'attendrai 15 heures à l'urgence, je demanderai à siéger au comité de l'hôpital ou à avoir une rencontre avec le ministère de la Santé pour vérifier que mes impôts sont bien utilisés.»

- Olivier M.

«Tous les établissements d'enseignement publics [...] devraient allouer des salaires fixes à tous les postes de direction, qui seraient déterminés par le gouvernement. En effet, ces établissements, y compris le rectorat, font partie des dépenses du gouvernement, comme un premier ministre dont le salaire est fixe.»

- travailleur

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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