Partout et toujours, les désespérants cônes orange

Publié le 06/08/2011 à 00:00

Partout et toujours, les désespérants cônes orange

Publié le 06/08/2011 à 00:00

On dirait que tout est en réparation au Québec. Il faut dire que les besoins sont pressants, comme nous l'a rappelé avec fracas l'écrasement, fin juillet, d'une structure de béton à l'entrée du tunnel Ville-Marie, à Montréal. Le festival des cônes orange qui afflige le Québec d'été en été n'est donc pas près de s'essouffler.

La consolation vaut ce qu'elle vaut, mais nous sommes loin d'être les seuls à devoir composer avec des entraves routières. Partout, en Amérique du Nord - et probablement au-delà - on essaie de ressusciter des infrastructures trop longtemps négligées.

À Los Angeles, en Californie, au coeur d'un des réseaux routiers les plus achalandés de la planète, des rénovations d'une portion stratégique de l'autoroute 405, qui compte cinq ou six voies dans chaque direction, ont occasionné sa fermeture complète pendant quatre jours, à la mi-juillet.

Bien sûr, s'ils avaient pu compter sur le Bixi... Mais l'État le plus populeux des États-Unis baigne déjà dans l'encre rouge et il ne peut se payer d'autres folies. Apparemment, Montréal le peut, mais c'est un autre débat.

Ce qu'il faut retenir, c'est que la conséquence de ces défaillances n'est rien de moins que catastrophique et menace les économies nationales pendant des décennies à venir. Il va falloir payer cher le laxisme des administrations précédentes qui ont rogné sur l'entretien des infrastructures. Les politiciens, c'est bien connu, se font élire en coupant des rubans, pas en engageant des équipes d'entretien. Pendant ce temps, les infrastructures se désagrègent, puis hop ! ni vu ni connu, on refile la misère aux gouvernements à venir... ceux d'aujourd'hui, par exemple.

L'American Society Of Civil Engineers vient d'ailleurs d'évaluer à 2,7 billions de dollars (2 700 milliards, environ 45 fois le budget total du Québec) l'impact global de tous ces problèmes routiers sur le produit intérieur brut des États-Unis au cours des prochaines années. La vie va se dérouler au ralenti. À part l'industrie de fabrication et de manutention des cônes orange - et celles des télécoms, parce que ça va texter fort dans les autos immobilisées par les bouchons - l'ensemble de l'économie va souffrir.

Mise à niveau au Québec

En 2007, le gouvernement québécois a annoncé un programme de "mise à niveau" de ses infrastructures routières, entre autres parce qu'on doutait de la solidité des viaducs partout sur le territoire. Ces investissements, engagés juste avant la récession, ont par ailleurs permis d'amortir le choc de la crise. Il est prévu que le montant alloué à ces travaux d'importance culminera en 2012-2013 à 9,6 milliards de dollars, pour ensuite décliner.

Mais... c'était avant, à Montréal, qu'on ne reconnaisse l'usure jusqu'à la corde du pont Champlain, qu'on n'admette l'urgence de rénover l'échangeur Turcot, quelques kilomètres plus loin, et qu'on ne découvre un beau dimanche matin une énorme poutre de béton en travers de l'autoroute 720. On dirait qu'il suffit d'examiner les ouvrages routiers de plus près pour que surgissent de mauvaises surprises. Ne comptez donc pas sur un allègement des chantiers dans les années à venir.

Le rattrapage ne fait que commencer

Où allons-nous trouver les fonds ? Dans ces circonstances, on se tourne immanquablement vers Ottawa. Il faut dire que le fédéral affiche sans détour sa superbe. Je reviens de l'île du Cap-Breton, réputé pour sa spectaculaire Cabot Trail. Une partie du parcours est incluse dans le parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton. La route y est impeccable. Par moments, elle sort des limites du parc. À la seconde même, au centimètre près, elle devient cahoteuse comme les routes du Québec. De toute évidence, quand il s'agit d'évaluer les moyens - et les soins - consacrés aux infrastructures, on retrouve les provinces dans un coin et Ottawa dans l'autre.

Mais quelle que soit l'origine du financement, le rattrapage ne fait que commencer. Il faut compenser l'incurie, ou la complaisance, dont ont fait preuve les gouvernements antérieurs. Et il faudra se trouver des histoires à raconter pour passer le temps dans les bouchons. "Tu sais, dira un père de famille à ses enfants incrédules, j'ai grandi, moi, à une époque où on ne voyait pratiquement jamais de cônes orange. Dans ce temps-là..."

rene.vezina@transcontinental.ca

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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