Montréal coincée entre les autobus et les retraites

Publié le 05/11/2011 à 00:00

Montréal coincée entre les autobus et les retraites

Publié le 05/11/2011 à 00:00

Les régimes de retraite pèsent dorénavant plus lourd sur les finances de Montréal que le transport en commun.

La preuve en est que la Ville pense devoir consacrer, en 2011, 438 millions de dollars (M$) aux régimes de retraite de ses employés, tandis qu'elle versera environ 350 M$ à la Société de transports de Montréal (STM). C'est la première fois que les retraites coûteront plus cher que le transport collectif. Et si rien ne se passe, l'écart ira en augmentant : les prévisions font état d'une hausse supplémentaire des coûts des régimes de plus de 100 M$ en 2012. Théoriquement, la situation devrait se stabiliser pour quelques années en 2013, mais s'il fallait que les astres soient mal alignés...

Les gestionnaires de régimes de retraite font face à une situation impossible. Dans les organisations qu'ils desservent, les retraités sont de plus en plus nombreux et vivent de plus en plus longtemps. La caisse est lourdement sollicitée. S'ils pouvaient compenser en faisant gonfler la valeur des régimes... Mais voilà, à moins de miser davantage sur le marché boursier, par essence plus risqué, les gestionnaires ne peuvent obtenir que des rendements de misère avec les taux d'intérêt qui demeurent au plancher. Dans la plupart des cas, les régimes voient leur solvabilité s'effriter, et il faut sans cesse y injecter des fonds additionnels pour les garder à flot.

De là les hausses de coûts spectaculaires comme celles qui affligent le régime de la Ville de Montréal. Dans au moins trois catégories d'employés - cols bleus, policiers et pompiers -, on compte maintenant plus de travailleurs retraités que de salariés actifs, ce qui n'arrangera pas les choses.

À quoi serviront, pensez-vous, les augmentations de taxes qui attendent les contribuables montréalais ? En bonne partie, elles sont destinées à renflouer la caisse, puisque c'est la Ville qui est ultimement responsable du manque à gagner, à moins que Québec n'accepte de sortir son chéquier.

Tant mieux pour ces employés qui profitent de conditions avantageuses - dûment négociées avec l'employeur, faut-il le préciser -, mais l'argumentation devient fragile quand on considère le sort de l'ensemble de la population. À peine le tiers des travailleurs québécois bénéficient d'un régime de retraite d'entreprise, et la majorité d'entre eux sont employés par les secteurs public et parapublic. Autrement dit, les citoyens qui paient pour garnir ces régimes protégés n'ont souvent comme recours, eux, que leur REER auquel ils cotisent tant bien que mal... et pour lequel il leur reste de moins en moins de fonds au fur et à mesure qu'ils doivent payer pour les autres.

Les organisations publiques et parapubliques ont le loisir d'en demander plus à leurs commettants, parce qu'elles sont en situation de monopole. Si Hydro-Québec ou la Ville de Québec facturent vos services davantage, vous n'avez d'autre choix que de payer. C'est différent dans le secteur privé, dont les régimes de retraite, lorsqu'ils existent, prennent également l'eau et hypothèquent lourdement le bilan des entreprises.

C'est pourquoi, dans leur cas, on assiste à cette vague de fond qui transforme les régimes à prestations déterminées en régimes à cotisations déterminées. L'employeur contribue en amont. Mais pour le reste, c'est dorénavant aux employés qu'incombe la responsabilité de faire fructifier le capital investi. L'entreprise peut s'en laver les mains. Dans le secteur public, une telle proposition serait accueillie comme une déclaration de guerre.

Sauf que ça ne peut plus durer. Il faudra bien tôt ou tard ajuster les pratiques aux réalités du vieillissement et de la longévité accrue. Un compromis ? Selon un ami actuaire, il conviendrait que les parties souscrivent à une formule hybride : si les régimes deviennent déficitaires, employeurs et employés les renflouent - pour l'instant, tout retombe sur les épaules des employeurs.

En revanche, si les finances s'améliorent et que les régimes engrangent des surplus, ce sont les deux parties qui en bénéficient. On peut alors en profiter pour ajuster les versements. Dans les années 1990, lorsque le phénomène s'est produit, les employeurs prenaient un congé de cotisations, quand ils ne puisaient pas carrément dans la caisse.

De toute façon, on doit aussi s'occuper des métros, des autobus, des écoles, des hôpitaux, des routes... le pacte social doit être repensé. La retraite ne peut devenir un puits sans fond. Va pour des lendemains qui chantent, mais peut-on se garder quelques couplets pour le présent ?

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