Mauvaise conjoncture pour préparer les prochains budgets

Publié le 21/01/2012 à 00:00

Mauvaise conjoncture pour préparer les prochains budgets

Publié le 21/01/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Le Canada est le pays du G7 qui a le mieux traversé la crise financière de 2008 et la récession qui a suivi. Cette performance est due à la solidité de notre système bancaire et aux plans de relance économique mis en place par les gouvernements.

Cela a coûté cher toutefois. Ainsi, après plusieurs années de surplus budgétaires, Ottawa a subi un déficit de 55,6 milliards de dollars (G$) pendant l'exercice 2009-2010, auquel s'est ajouté un manque à gagner de 33,4 G$ pour 2010-2011. Le déficit de l'exercice courant devrait être de 31 G$.

Pour sa part, le Québec s'est beaucoup mieux tiré d'affaire que l'Ontario (victime de l'effondrement de l'industrie automobile), grâce surtout à la diversification de son économie, à l'important programme d'infrastructures mis en oeuvre pour améliorer le réseau routier et à des investissements dans les secteurs de l'habitation, de l'énergie et de la santé. Résultat : le niveau d'emploi s'est accru et le taux de chômage a baissé exceptionnellement sous celui de l'Ontario.

Or, voilà que la situation s'inverse. Le Québec a perdu 69 500 emplois au dernier trimestre, ce qui a fait monter son taux de chômage à 8,7 % en décembre, par rapport à 7,7 % pour l'Ontario et 7,5 % pour l'ensemble du pays.

Au moment où l'économie américaine montre des signes de reprise, le taux de croissance économique faiblit dans l'ensemble du pays et au Québec en particulier. Les programmes de relance sont terminés et la force du dollar canadien nuit à nos exportations, principalement aux États-Unis.

Tant ces programmes d'appoint que les dépenses de transfert occasionnées par la hausse du nombre des sans-emploi ont accru les dépenses de certains gouvernements. Au niveau fédéral, la réduction de l'impôt sur les profits, la baisse de la TPS et l'introduction de plusieurs avantages fiscaux destinés à certaines clientèles ont ralenti la croissance des recettes fiscales.

Les dettes publiques explosent

C'est pourquoi certains gouvernements se retrouvent actuellement avec un endettement fortement accru. Selon Services économiques TD, la dette nette du fédéral devrait atteindre 648 G$ en mars 2012, alors qu'elle était de 516 G$ quatre ans auparavant. Elle continuera d'augmenter, puisque le déficit fédéral croîtra encore pendant quelques années.

Pour sa part, le gouvernement du Québec devrait afficher une dette nette de 168 G$ en mars 2012, en hausse de 18 G$ sur deux ans, ce qui est énorme par rapport aux hausses de 1, 2 ou 3 G$ au cours des années précédentes. Ainsi, la dette nette du Québec atteindra en mars 37 % de son produit intérieur brut. Et, comme il faut ajouter à la dette du Québec la part de la dette fédérale qui est imputable aux citoyens québécois, soit 151 G$ (23,3 % de la dette fédérale), ce sont 319 G$ de dette publique nette totale qui pèse sur les épaules des contribuables québécois, lesquels représentent 95 % du PIB québécois. Ce ratio nous place dans le peloton de tête des pays européens que surveillent les agences de notation de crédit. C'est 40 000 $ par personne (319 G$/8 M de citoyens) , soit 160 000 $ pour une famille de quatre personnes, sans compter les dettes municipales.

Ce contexte de réduction de la croissance économique et des compressions budgétaires annoncées l'an dernier rendent très difficile la préparation des plans budgétaires des prochains exercices par les gouvernements.

Maintenant qu'il est majoritaire, le gouvernement Harper se sentira plus à l'aise de respecter ses engagements de baisse cumulative de ses dépenses de 15 G$ en cinq ans et de limiter à 2,2 % par an la croissance de ses dépenses de programmes pour les six prochaines années. Si cette orientation est maintenue, la croissance économique du Canada sera touchée, alors qu'elle subira déjà l'impact du ralentissement mondial. Les citoyens et les provinces en subiront les contrecoups.

Pour sa part, le gouvernement du Québec profitera de la hausse de sa taxe de vente (de 8,5 à 9,5 % le 1er janvier 2012) et de la compensation d'Ottawa pour l'harmonisation des deux taxes de vente, qui rapportera 733 M$ le 1er janvier 2013 et 1 467 M$ le 1er janvier 2014. Le problème majeur du Québec est son endettement très élevé, qui continuera de croître rapidement à cause des immobilisations en cours (hôpitaux universitaires, échangeur Turcot, routes, viaducs, etc.).

Il s'agit là d'une bombe à retardement qui nous explosera en plein visage le jour où les taux d'intérêt se mettront à remonter.

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

MON COMMENTAIRE

J'aime

Malgré les coups de semonce des agences de crédit, l'Italie et l'Espagne ont emprunté respectivement 16,75 et 10 milliards d'euros (1 euro = 1,28 $) la semaine dernière à des taux beaucoup plus bas que ceux qui étaient exigés le mois dernier. C'est un signe que les marchés financiers répondent favorablement au plan de sauvetage qui se met en place en Europe et à l'intervention de la Banque centrale européenne auprès des banques.

Je n'aime pas

Le sondage que la CSN a fait réaliser auprès du grand public sur la syndicalisation des dépanneurs Couche-Tard, les salaires des employés et la durée de la semaine de travail est odieux. Ce n'est rien d'autre qu'une manoeuvre simpliste visant à utiliser la population comme partie prenante à la campagne de syndicalisation. Quant aux résultats du sondage, ils ne sont pas plus crédibles que l'appui reçu à la question suivante adressée à la population il y a quelques années : «Êtes-vous en faveur d'une hausse des impôts pour préserver les programmes sociaux ?» Poser cette question, c'était y répondre, puisque 40 % des contribuables ne paient pas d'impôt. C'est toujours facile de dire oui quand on ne paie pas la facture.

À la une

Bourse: records en clôture pour Nasdaq et S&P 500, Nvidia première capitalisation mondiale

Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les titres de l’énergie contribuent à faire grimper le TSX.

Stellantis rappelle près de 1,2 million de véhicules aux États-Unis et au Canada

Environ 126 500 véhicules au Canada sont concernés par le rappel.

Le régulateur bancaire fédéral maintient la réserve de stabilité intérieure à 3,5%

L’endettement des ménages reste une préoccupation pour le Bureau du surintendant des institutions financières.