Vous avez récemment affirmé que les universités sont mieux gouvernées que les entreprises. Pourquoi maintenant ?

Depuis quelques semaines, les étudiants en grève ont laissé tomber leur discours sur les droits de scolarité et fait dévier le débat sur la gestion des universités. Et pour leur donner leur bonbon, le gouvernement a annoncé la mise sur pied d'un comité sur le sujet et promis que, s'il y avait des économies à faire, il réduirait les frais de scolarité en conséquence. D'abord, je veux leur dire que les universités ne sont pas un «bar ouvert» et que la gouvernance y est même supérieure à celle des entreprises. Et que, s'il y a des économies à faire dans la gestion des universités, il faudrait voir quelle est la façon la plus avisée de les utiliser. Il ne faut pas détourner la mission des universités au profit d'un petit groupe. Certains porte-parole étudiants disent n'importe quoi ; j'en ai entendu un reprocher aux universités québécoises de faire plus de recherche qu'ailleurs au Canada. Si je comprends bien le raisonnement, moins une université fait de recherche, mieux elle est gérée.

Et l'Îlot Voyageur ? Et Concordia ?

Je vous ferai remarquer qu'il y a 17 universités et écoles affiliées au Québec et qu'elles n'ont pas toutes un Îlot Voyageur dans leur placard. La grosse erreur du gouvernement a été de signer un chèque de 300 à 350 millions de dollars pour effacer tout ça, au lieu d'en faire porter le poids à l'UQAM. Comme le budget du gouvernement n'est pas illimité, toutes les universités vont payer les bêtises de l'UQAM. Quant à Concordia, le problème vient d'un riche donateur qui impose sa loi à l'université.

Que pensez-vous de l'expansion débridée de certaines universités ?

Sur ce point, j'avoue que les contribuables ont raison de s'inquiéter. Quand le gouvernement verse de 20 à 25 M$ à l'Université de Sherbrooke pour ouvrir un campus à Longueuil qui est presque vide le jour, quand l'Université du Québec en Outaouais propose à Saint-Jérôme des services qui sont tous offerts sur l'île de Montréal, je me pose des questions. L'Université de Montréal a ouvert une antenne à Laval, mais nous n'avons pas demandé un sou à Québec. Avant de financer l'ouverture d'une antenne, le gouvernement devrait faire ses devoirs et vérifier qu'il est bien question d'augmentation de la clientèle étudiante et non seulement de déplacement.

CV

Nom : Robert Panet-Raymond

Titre : Ingénieur civil, MBA et administrateur de sociétés agréé, M. Panet-Raymond, âgé de 69 ans, a été premier vice-président responsable des services aux entreprises, Québec et Est du Canada, de la Banque CIBC. Il siège au CA de l'Université de Montréal, à son comité exécutif et préside son comité de vérification. Il siège également au conseil de la Cité universitaire de Paris.

707,3 M$

Budget de l'Université de Montréal, hormis les budgets de recherche, pour l'année 2012-2013.

Source : UdeM