Les travailleurs plus rares que les contrats

Publié le 27/08/2011 à 00:00

Les travailleurs plus rares que les contrats

Publié le 27/08/2011 à 00:00

Par Marie-Eve Fournier

On ne peut pas dire que le secteur québécois du vêtement jouisse de la meilleure réputation qui soit. On le croit moribond, ou même carrément mort. Et plusieurs présument qu'il offre les pires conditions de travail que l'on ne peut trouver.

Par conséquent, Vêtements Cookshire peine à recruter assez de travailleurs, déplore son directeur, Steve Blanchette. Il aurait besoin de 10 à 15 personnes additionnelles, précise-t-il, en nous faisant faire le tour du propriétaire. "Le taux de chômage est élevé en Estrie, mais on ne réussit pas à combler tous nos postes."

On sent sa frustration quand il détaille les conditions de travail qu'il offre. Conditions qui se comparent avantageusement aux autres usines manufacturières, soutient-il : salaires de 10 à 14 $ de l'heure, environnement climatisé, bien éclairé et peu bruyant. "Le vêtement a été mal médiatisé. Pertes d'emplois, fermetures d'usines... les gens ne veulent pas travailler là-dedans, soupire M. Blanchette. Il faut valoriser le milieu et dire aux gens qu'ils peuvent venir travailler pour nous."

Le fait que l'usine soit située à Cookshire, un village de 5 354 âmes, ne serait pas la cause du problème. Car Sherbrooke se trouve à 20 minutes de route. Et à Montréal, les entreprises ont autant de difficulté à recruter, confirme Vêtements Québec.

"Ce ne serait pas une mauvaise idée de regarder comment on pourrait faire venir des immigrants ici pour qu'ils travaillent dans l'industrie", suggère le directeur général de l'organisation, Patrick Thomas, conscient que "ce n'est pas le genre de job que tu veux faire toute ta vie".

Quatre ans pour être bon à 100 %

Ce manque de main-d'oeuvre fait en sorte que les équipements de Vêtements Cookshire sont sous-utilisés. "Je pourrais facilement avoir 40 % d'employés de plus pour produire", précise Steve Blanchette. En attendant de trouver une solution, Vêtements Cookshire ne cherche plus de contrat et ses délais de livraison s'allongent.

La pénurie d'employés est accentuée par le fait que la formation, dans la fabrication de vestons, est longue. Ce vêtement est si "complexe" qu'au bout de trois ans, les employés affichent un niveau de performance de 85 %. Il leur faut en moyenne quatre ans pour atteindre 100 %. Pour l'entreprise, cela représente un coût "énorme", surtout quand le roulement de personnel est important. Voilà pourquoi tout est mis en oeuvre pour éviter les baisses de production qui font fuir "les bonnes mains".

Autre stratégie pour faciliter le recrutement, la fidélisation et la formation : l'utilisation de technologies qui rendent le travail plus simple. Certaines machines, par exemple, cousent les rebords des cols toutes seules, tandis que d'autres coupent tous les morceaux de tissu en suivant un patron virtuel.

Comme on se l'imagine, ce sont surtout des femmes (90 %) qui cousent et repassent les vêtements, compte tenu "de la dextérité et de l'endurance nécessaires à un travail routinier". "Ce sont des tâches que les hommes ne sont pas capables de faire", estime simplement Steve Blanchette.

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