Les ressources naturelles exigent une vision à long terme

Publié le 16/03/2013 à 00:00

Les ressources naturelles exigent une vision à long terme

Publié le 16/03/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Malgré ses immenses ressources naturelles et même si elle a été dirigée par des gouvernements dits conservateurs depuis plusieurs décennies, l'Alberta a de la difficulté à gérer ses affaires de façon optimale sur une longue période.

Avant l'entrée au pouvoir du Parti conservateur, qui a débuté par l'élection de Peter Lougheed en 1971, l'Alberta avait été gérée par des gouvernements du Crédit social, un parti à droite du Parti conservateur et qui a été dirigé pendant 25 ans par Ernest Manning.

Peter Lougheed a laissé les finances de sa province en excellente santé quand il a cédé son poste à Don Getty en 1985. Puis, le gouvernement Getty a autorisé plusieurs déficits. Ralph Klein, qui lui a succédé en 1992, a réduit les dépenses et réalisé des surplus qui ont permis d'éteindre la dette de la province, et ce, deux ans avant son retrait de la vie politique en 2006. Le gouvernement de son successeur, Ed Stelmach, a été marqué par un retour aux déficits. Il a été remplacé en avril 2011 par Alison Redford, dont le gouvernement a été réélu en avril 2012.

Le budget que celui-ci vient de présenter affiche un déficit courant de 450 millions de dollars pour 2013-2014, mais il est plutôt de 2 milliards de dollars avant certains ajustements d'ordre comptable et en tenant compte de l'amortissement des dépenses d'immobilisation, qui sont estimées à 5,2 G $. Le gouvernement a puisé plus de 2 G $ dans son fonds de réserve.

Le gouvernement Redford s'est fait réélire en promettant de présenter un budget sans déficit. Toutefois, les dégâts financiers que le nouveau gouvernement doit gérer relèvent en bonne partie des erreurs de prévision de son prédécesseur sur les revenus tirés des ressources ; ces revenus ont été inférieurs de 4 G $ aux prévisions du dernier budget du gouvernement Stelmach. Pour l'exercice 2013-2014, les redevances sont estimées à 7,25 G $, soit 6,2 G $ de moins que les prévisions un an auparavant. Ce sont des manques à gagner énormes que le gouvernement a décidé de ne pas combler par des mesures fiscales.

Marge fiscale inutilisée

L'Alberta a une marge de manoeuvre fiscale, puisqu'elle ne perçoit pas de taxe de vente et que le revenu des particuliers y est imposé au taux unique de 10 %.

L'État a plutôt choisi d'emprunter et de réduire ses dépenses. Celles-ci ne croîtront que de 4 % en 2013-2014, ce qui correspond à la croissance de la population et à l'inflation. Ce sera tout un exploit pour une province habituée à dépenser généreusement, même si ses programmes sociaux dans leur ensemble ne sont pas aussi généreux que ceux du Québec. Le gouvernement éliminera des postes et gèlera pendant trois ans la rémunération de ses salariés et des professionnels de la santé, un engagement qui risque de faire des vagues.

En négligeant de mieux utiliser sa base fiscale, le gouvernement s'est rendu très dépendant de ses ressources, dont l'exploitation souffre d'une planification adéquate.

Celles-ci sont abondantes, mais on a négligé de se doter de moyens de transport suffisants pour les acheminer dans les marchés visés. Il manque d'oléoducs et de pipelines vers la côte ouest et les États-Unis, ce qui explique en partie que le pétrole albertain s'y vend autour de 68 $ le baril, soit 26 % de moins que le prix du West Texas Intermediate.

L'ouverture du marché américain dépend beaucoup du projet d'oléoduc Keystone, sur lequel le président Obama se prononcera en juin. Or, l'influent New York Times vient de conseiller au président de dire non au projet Keystone et d'oublier les sables bitumineux. Autre tuile potentielle pour l'Alberta, la mort d'Hugo Chavez pourrait rendre le pétrole vénézuélien plus accessible aux États-Unis. De plus, les États-Unis accroîtront leur production de pétrole de schiste, ce qui fera baisser les prix.

Moins de revenus tirés des ressources de l'Alberta, cela signifie moins de recettes fiscales pour Ottawa et moins d'argent pour financer la péréquation et les programmes sociaux et d'éducation des provinces.

Dans ce contexte, le renversement du flux pétrolier de l'oléoduc d'Enbridge reliant le Québec et l'Ontario devient plus vraisemblable, ce qui serait favorable pour l'industrie québécoise des hydrocarbures. Le gouvernement du Québec, qui met beaucoup d'espoir dans le pétrole, devra s'assurer de bien planifier et d'éviter les risques indus.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Comment ne pas ressentir une immense fierté à la vue du premier avion CSeries de Bombardier, qui vient d'être assemblé à Mirabel ? Avec cet appareil, qui pourra transporter de 100 à 160 passagers, Bombardier devient un rival incontestable des géants Boeing et Airbus dans le marché occupé par les B737, A319 et A320. Le CSeries est équipé du moteur PW1500G également assemblé à Mirabel par Pratt & Whitney.

Je n'aime pas

Quand on a annoncé la construction du nouveau rond-point de l'aéroport Montréal-Trudeau à Dorval en mai 2005, on avait estimé à 150 millions de dollars le coût de ce projet, qui devait être terminé en 2011. Lors de l'annonce officielle du projet en 2009, le coût des travaux avait été porté à 224 M$ et l'échéance, à 2013. Or, Secor-KPMG vient d'estimer à 507 M$ le coût de cette infrastructure, dont la construction se terminera en 2019. Dix partenaires sont associés au projet, mais il n'y a pas de bureau de projet pour coordonner les différends. Un bel exemple de mauvaise planification, de piètre exécution et d'incompétence. Qui paiera ce fiasco ? Les contribuables...

jean-paul.gagne@tc.tc

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