Les mystérieux barrages de Jean Charest

Publié le 31/01/2009 à 00:00

Les mystérieux barrages de Jean Charest

Publié le 31/01/2009 à 00:00

Dans le Plan Nord qu'il a promis en campagne électorale, le premier ministre Jean Charest a affirmé son intention de construire des centrales hydroélectriques d'une puissance totale de 2500 mégawatts (MW) au nord du 49e parallèle. Mais ces centrales ne figurent pas dans le dernier plan stratégique d'Hydro-Québec.

D'où la question : quelles rivières le gouvernement veut-il aménager ? La Nastapoka, dont le système hydrique abrite une population de phoques d'eau douce unique en Amérique ? Ou la Caniapiscau, dont un affluent, la rivière aux Mélèzes, est un important site de reproduction des saumons dans l'Ungava ? Ou encore la rivière aux Feuilles, autre refuge pour ces poissons ? Belles discussions en perspective avec les écologistes et les Inuits...

Ces trois rivières figurent vraisemblablement parmi les principales rivières d'intérêt pour Hydro-Québec, après le développement des rivières Romaine et Petit Mécatina, sur la Côte-Nord.

Rivière Nastapoka

À l'origine, ce cours d'eau était inclus dans les limites du futur parc national des Lacs-Guillaume-Delisle-et-à-l'Eau-Claire, à cheval sur le 56e parallèle, à la baie d'Hudson. Mais Hydro-Québec a fait exclure la plus grande partie du bassin de la Nastapoka du territoire visé, lors des audiences publiques sur le projet.

Dans le mémoire qu'elle y a déposé, Hydro-Québec écrit que la Nastapoka "permettrait de développer un potentiel hydroélectrique de l'ordre de 1000 MW" et que "le gouvernement du Québec peut [...] demander à Hydro-Québec de développer le potentiel hydroélectrique des rivières de cette région".

Des concessions minières sont enregistrées en aval du cours d'eau, ce qui rendrait son aménagement doublement intéressant d'un point de vue économique. "S'il y a des mines pas loin, ça peut changer la perspective d'un projet", dit Claude Béchard, ministre des Ressources naturelles et de la Faune, en entrevue au journal Les Affaires.

Bassin de la Caniapiscau

Dans son avant-dernier plan stratégique visant la période 2004-2008, Hydro-Québec écrivait que l'aménagement du bassin de la Caniapiscau, qui se déverse dans la baie d'Ungava, pourrait "devenir intéressant à long terme". Elle évaluait le potentiel hydroélectrique à 1600 MW.

La société d'État ajoutait toutefois un bémol : "Son prix de revient, d'environ 0,11 $ le kilowattheure, est trop élevé selon les prévisions actuelles.

Le projet présente également certains défis sur le plan environnemental." Sept ans après la rédaction de ce document, le coût de l'énergie serait sans doute plus élevé.

Rivière aux Feuilles

Jean Charest a aussi mentionné la possibilité d'aménager la rivière aux Feuilles, encore plus au nord. Mais cette rivière ne figure dans aucun plan stratégique d'Hydro-Québec.

Ni le porte-parole du premier ministre, Hugo D'Amours, ni le ministre Béchard n'ont voulu en dire plus. "Il y a des projets, mais je ne veux pas me prononcer pour l'instant", dit Claude Béchard.

Selon lui, le territoire visé par le Plan Nord recèle un potentiel de plus de 20 000 MW. C'est plus que la puissance totale du complexe La Grande !

"Un gros sac vide"

Pour l'instant, le flou qui entoure les intentions du gouvernement libéral alimente le scepticisme. "Le Plan Nord, ça a l'air d'un gros sac vide", lance, sous le couvert de l'anonymat, un retraité d'Hydro-Québec, chargé durant sa carrière d'identifier les sites potentiels pour des centrales.

Luc Ferland, député d'Ungava et critique du Parti québécois en matière de développement nordique, n'y croit pas non plus. "Pourquoi irait-on harnacher un cours d'eau comme la rivière aux Feuilles ? demande-t-il. D'un point de vue environnemental, ça n'a aucun sens. Et avec les populations inuites, ce serait beaucoup trop délicat."

Hugo D'Amours, attaché de presse de Jean Charest, assure que le développement se fera "avec les gens du Nord".

À la société d'État, silence radio. La porte-parole renvoie au dernier plan stratégique d'Hydro-Québec, muet sur les nouveaux "engagements" de Jean Charest.

En plus des 2500 MW de nouvelles centrales, Québec veut développer dans le Nord au moins 700 MW d'énergie éolienne et quelques centaines de mégawatts grâce à l'ajout de turbines dans des centrales existantes.

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