Le rêve vert de l'Ontario passe au rouge de l'austérité

Publié le 24/03/2012 à 00:00

Le rêve vert de l'Ontario passe au rouge de l'austérité

Publié le 24/03/2012 à 00:00

Ce n'est pas la descente aux enfers, mais tout juste.

Au fil des décennies, l'Ontario a mené la charge au Canada ; et au Québec, nous en étions réduits à regarder avec envie ses avancées en espérant qu'elle fasse assez d'argent pour que nous puissions profiter un peu des retombées par le jeu de la péréquation et de la sous-traitance.

C'était avant. Avant la crise, et avant de curieuses décisions dont Toronto essaie aujourd'hui de se dépêtrer, alors qu'elle s'enfonce dans les déficits et que son prochain budget sera marqué par un nouveau courant d'austérité. Nous avons tout intérêt, ici, à regarder ce qui s'y passe pour éviter les mêmes pièges et en tirer des leçons.

Bien entendu, ces jours-ci, ce sont d'abord les budgets de Québec et d'Ottawa qui vont retenir l'attention avec la marche vers le retour à l'équilibre financier. Il y a des stratégies dans l'air, du genre ponctions chez les contribuables et réductions des dépenses publiques. À défaut d'être populaires, elles font partie d'un arsenal de mesures auxquelles on peut penser recourir en cas de besoin. L'Ontario est plus mal pris.

L'an dernier, son déficit a atteint 16 milliards de dollars. Le climat économique actuel permet d'espérer de meilleurs revenus, mais ce ne sera pas suffisant. La province court le risque d'une décote, alors qu'elle n'entrevoit le retour à l'équilibre budgétaire que vers la fin de la décennie.

Grogne populaire

Au chapitre des bizarreries qui lui ont coûté cher, il y a notamment cet ambitieux plan d'énergie verte, peut-être louable en temps de prospérité, mais embêtant en période trouble. En voulant par exemple soutenir le développement d'une filière solaire, le gouvernement McGuinty a accepté de payer 80 cents le kilowattheure solaire, alors qu'on vend l'électricité 8 fois moins cher aux consommateurs. Ce sont les finances de la province qui ont dû encaisser le manque à gagner. De même, les parcs d'éoliennes se sont multipliés un peu partout, alors même que montait la grogne populaire.

L'Ontario, il est vrai, était déjà dans une position délicate : le tiers de l'électricité qu'elle produit vient de centrales nucléaires, dont l'entretien coûte de plus en plus cher ; le pétrole, le gaz naturel et le charbon en fournissent 40 %. Pas précisément réjouissant à l'heure où on cherche des options plus douces.

La province ne voulait pas être simplement verte, elle croyait faire naître tout un nouveau secteur industriel. L'erreur aura été de croire à la génération spontanée. Un jour, les technologies solaires seront au point. Mais ce n'est pas parce qu'on veut qu'on peut... D'autant plus que des pays comme la Chine se sont lancés dans la fabrication de panneaux solaires, en court-circuitant par leurs prix réduits l'industrie locale embryonnaire.

Envolé, le rêve. Toronto ne signera plus de contrats à perte. Mais il lui faudra quand même respecter les ententes existantes. Ce sont les consommateurs, et l'économie dans son ensemble, qui en feront les frais, parce qu'on n'aura d'autre choix que de faire grimper les factures d'électricité.

Un réveil brutal

L'enfer est pavé de bonnes intentions. Les rêves sont beaux, mais il faut tôt ou tard s'ancrer dans la réalité. En pensant établir une industrie à coup de subventions, l'Ontario a cru qu'elle était plus verte. Le vert vient malheureusement de passer au rouge. Au Québec, l'énergie demeure un facteur d'enrichissement, mais elle est plutôt un facteur d'appauvrissement pour l'Ontario.

Par ailleurs, ce réveil brutal force l'Ontario à remettre en question l'ensemble de ses pratiques et à innover. Nous aurions intérêt à surveiller, par exemple, la façon dont nos voisins entendent dorénavant fournir des fonds à leurs hôpitaux. En deux mots, les meilleurs recevront plus d'argent, les autres moins.

En envoyant le signal qu'elle veut ainsi récompenser l'efficacité, Queen's Park espère créer de l'émulation dans un réseau qui, comme chez nous, souffre trop souvent de sclérose et de fatalisme.

De toute façon, les gouvernements n'ont plus le choix. Leur carte de crédit est pleine et, comme tout contribuable, ils doivent apprendre à étirer leurs dollars. C'est l'heure du retour à la realpolitik.

Les fantasmes sont toujours possibles, parfois souhaitables, mais il vaudrait mieux qu'eux et les finances publiques fassent chambre à part.

rene.vezina@tc.tc

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