Le Québec demeure fragile, quoi qu'en dise Jean-François Lisée

Publié le 11/02/2012 à 00:00

Le Québec demeure fragile, quoi qu'en dise Jean-François Lisée

Publié le 11/02/2012 à 00:00

Le Québec est malheureusement en train de se faire rattraper par la fragilité de son économie.

Même si le plus portrait de l'emploi dressé par Statistique Canada montre une légère embellie pour janvier, avec un ajout net de 10 000 emplois, la fin de 2011 a été pénible. Les récentes annonces de fermeture, dans des domaines aussi différents que la fabrication d'électroménagers ou la R-D pharmaceutique, n'augurent rien de bon.

Il est vrai que nous avons pu traverser la récente récession sans trop nous faire écorcher, en bonne partie grâce aux vastes chantiers d'infrastructure lancés avant la crise, mais ils ont grevé les finances publiques et on pourra difficilement répéter le stratagème. Après les vaches grasses, voici donc que se profile l'ère des vaches austères.

Entre autres données dévoilées dans la dernière édition de l'«Enquête sur la population active» (EPA) de Statistique Canada, il s'en trouve deux, globalement, qui méritent attention.

D'une part, il y a la situation de l'emploi dans les villes.

De toutes les agglomérations québécoises étudiées, c'est Montréal qui présente le taux de chômage le plus élevé, à 9,1 %. En fait, si on pose le regard sur l'ensemble des régions, seule la Gaspésie fait pire.

Il faudra en même temps cesser de présenter la ville de Saguenay comme la capitale québécoise du chômage, puisque le taux n'y est plus que de 5,6 % : la ville a gagné quelque 1 500 emplois en janvier.

Si j'habitais Québec, je commencerais à me faire du souci. La ville vieillit, et même si sa population totale augmente, sa population active - le nombre de gens en âge de travailler -, continue de décliner. Elle a diminué de 1 % entre décembre et janvier, c'est-à-dire une perte de 4 000 travailleurs potentiels.

D'autre part, il faudra un jour aborder la question de l'écart grandissant du taux de chômage entre les jeunes et les moins jeunes. Les premiers sont durement frappés, tout particulièrement les jeunes hommes de 15 à 24 ans. En janvier, au Québec, un jeune homme sur six (16,3 %) n'arrivait pas à trouver de travail. C'est près de deux fois la moyenne provinciale.

La situation est bien meilleure dans le groupe des 25 ans et plus : le taux de chômage n'est que de 7,3 % ; et en ne tenant compte que des femmes, il glisse à 6,4 % !

Apparemment, c'est bien... mais une économie qui n'arrive pas à faire de la place aux plus jeunes ne peut pas être qualifiée de vigoureuse : c'est plutôt une économie sur la défensive, qui s'accroche, qui temporise. Les départs à la retraite finiront par libérer des postes, ce qui contribuera à aplanir le problème, mais une victoire par défaut n'est pas convaincante.

Il reste que les régions dites «ressources», particulièrement au nord du Québec, s'en tirent bien. De l'Abitibi à la Côte-Nord, l'élan de l'emploi est perceptible. Avec ou sans Plan Nord, il y a de l'espoir de ce côté. Mais il serait dommage que les beaux discours sur l'avènement de l'économie du savoir se brisent sur la froide réalité d'un Québec avant tout pourvoyeur de matières premières.

Je le pense, donc c'est vrai ?

Jean-François Lisée, lui, ne doute pas. Dans son plus récent livre, Comment mettre la droite K.-O. en 15 arguments, il s'acharne à démontrer que le Québec est en bien meilleure position qu'on ne le dit généralement.

Sans trancher sur le fond de la question, certains aspects laissent songeurs.

Pour commencer, à quand remonte un affrontement féroce entre la gauche et la droite au Québec ? Entre souverainistes et fédéralistes, d'accord. Entre écologistes et promoteurs, peut-être. Mais la gauche et la droite ? En France, c'est une obsession nationale, mais de là à la transposer ici et d'en faire un enjeu brûlant... passons.

Dans un message publicitaire diffusé à la radio, l'auteur incite même les lecteurs à enfiler des gants de boxe pour terrasser la droite. Plutôt agressif... Or, vous rappelez-vous la phrase de Claude Garcia, alors président de la Standard Life, qui avait appelé à «écraser le OUI» lors du référendum de 1995 ? On l'avait publiquement crucifié pour son agressivité. Et des gants de boxe, alors ?

Il conclut en soulignant qu'il en a assez d'entendre dire que «les Québécois sont des paresseux». Vous entendez souvent cette phrase, vous ? Pas moi, à part peut-être dans le dernier Bye Bye, par le personnage qui caricaturait maladroitement Lucien Bouchard. Dans la vraie vie, ce n'est pas là l'insulte qui nous brise le coeur.

Donc, pas besoin de gants de boxe. Alors, pas besoin d'en faire tout un plat, non ?

DE MON BLOGUE

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Ce n'est pas le désastre européen, mais le chômage frappe durement les jeunes au Canada [...] À 14,5 %, nous sommes encore loin de la France à 24 %, de l'Irlande à 30 %, de la Grèce à 43 % ou de la pathétique Espagne à 47 %. C'est quand même beaucoup. Pourtant, de quoi sont faites les manchettes quotidiennement ces temps-ci ? Les problèmes des caisses de retraite.

Vos réactions

«À l'époque, on pouvait plus facilement accéder à un emploi sans une formation aussi complète qu'aujourd'hui, ni même un diplôme. Ce n'est pas étonnant que les boomers disent des jeunes qu'ils se plaignent pour rien. Tout était si facile à l'époque, comparativement à aujourd'hui !»

- Patrick

«Je pense que ceux qui s'imaginent que le chômage sera très bas et qu'il y aura beaucoup de possibilités pour les jeunes à cause du vieillissement risquent d'être déçus [...] Il n'y a qu'une façon de créer des emplois, il faut être productif et concurrentiel. Or, on a là un sérieux problème, surtout avec la concurrence formidable qui se développe chez nos voisins du Sud.»

- pbrasseur

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

rene.vezina@tc.tc

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