Le paternalisme du Sud dérange les communautés du Nord

Publié le 12/11/2011 à 00:00

Le paternalisme du Sud dérange les communautés du Nord

Publié le 12/11/2011 à 00:00

C'est Maurice Duplessis qui disait : «L'instruction, c'est comme la boisson, il y en a qui portent pas ça.»

Certains politiciens québécois ont entrepris, semble-t-il, d'élargir la formule qui devient : «L'argent, il y en a qui ne portent pas ça... surtout les autochtones du Nord- du-Québec.»

Et manifestement, ceux-ci en ont assez.

D'un côté, il y a les Amir Khadir de ce monde qui remettent en question les ententes conclues entre Hydro-Québec et certaines nations et entreprises innues de la Côte-Nord, en cherchant l'arnaque ; de l'autre, on retrouve des gens comme François Bonnardel, de l'ADQ, qui reproche à Hydro de tolérer que l'argent versé aux communautés innues soit redistribué directement à la population concernée... à ses yeux, trop vulnérable pour en profiter correctement.

Paternalisme, répond l'écho ? Oui. D'un côté comme de l'autre, on semble incapable de croire que ces communautés soient assez responsables pour s'occuper elles-mêmes de leurs affaires. Oui, elles vivent un choc culturel, mais de là à les trouver dépourvues, il y a une marge.

C'est vrai que, vu du Sud, les négociations en cours entre Hydro-Québec et les communautés innues sont difficiles à suivre : un jour, on nous fait part d'une entente, et le jour suivant, des mécontents montent le ton. Étonnamment, du côté des Cris de la baie James, les discussions semblent se dérouler plutôt bien. Où est la différence ?

Il faut d'abord comprendre que la structure du pouvoir n'est pas la même au sein de ces deux nations. Il existe chez les Cris un Grand Conseil, maintenant dirigé par Matthew Coon Come, et qui sert d'interlocuteur privilégié pour l'ensemble de la nation. Les villages conservent une relative autonomie, mais cette représentation unifiée facilite les discussions.

Chez les Innus, le pouvoir est plus éclaté. Il n'existe pas d'autorité globale. Et comme les quelque 12 000 Innus de la Côte-Nord se répartissent entre neuf communautés, dont plusieurs sont des parties prenantes pour les projets d'Hydro, il faut négocier avec chacune d'entre elles. En d'autres termes et selon une analogie syndicale, les Cris font penser à la CSN, une centrale où la chaîne de commandement est bien établie, alors que les Innus font davantage penser à la FTQ, une fédération où les entités de base sont plus indépendantes.

Cette différence est significative. Du côté de la baie James, on note des avancées substantielles en regard du Plan Nord. Les Cris sont de mieux en mieux équipés, ils comptent sur des porte-parole expérimentés et ils ont appris à aller chercher leur part des projets et des retombées.

La situation est plus problématique sur la Côte-Nord, en bonne partie à cause de ce fractionnement du pouvoir. Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage... ce qui finit par apparaître frustrant pour les uns, tout en représentant une aubaine pour les autres. Surgissent inévitablement des dissidents, qui permettent un regain de vie à l'inévitable fronde contre la grosse machine et ses exactions, comme le «saccage de la Romaine» (dixit Amir Khadir).

Il a bien fallu changer de victimes : c'est dur de défendre des gens qui ne veulent pas être défendus, comme les Cris de la baie James, pourtant héros aux yeux des écologistes des années 1980. Il reste au moins certains Innus à protéger, même si d'autres n'apprécient pas ce nouveau paternalisme.

Voici ce qu'on pouvait lire en septembre dans un communiqué du Conseil de la Première Nation d'Essipit, une communauté voisine des Escoumins, sur la Côte-Nord : «Cette façon qu'a Québec solidaire de mêler les pommes et les poires en s'associant d'une part au discours d'écolo-sportifs opposés à toute forme de développement régional impliquant quelque cours d'eau que ce soit, et en formulant d'autre part une critique socioéconomique réaliste et pleinement justifiée, porte à confusion. Il en ressort l'image d'un parti essentiellement urbain, déconnecté des réalités régionales, pour qui nos «grands espaces» ont surtout une valeur récréative pour citadins en mal de dépaysement.»

Et vlan ! Oui, disent-ils, nous voulons votre écoute, mais pas votre ingérence. Et si le Québec tient à développer de façon durable les ressources du Grand Nord, il a intérêt à s'appuyer sur les populations locales plutôt que d'écouter les jérémiades habituelles des bien-pensants du Sud.

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