Le gouvernement du Québec en veut plus

Publié le 21/04/2012 à 00:00

Le gouvernement du Québec en veut plus

Publié le 21/04/2012 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Que cela plaise ou non aux minières, le gouvernement Charest participera davantage aux activités d'exploration et d'exploitation dans la province.

«On s'invite à table !» résume Clément Gignac, le ministre des Ressources naturelles et de la Faune en entrevue avec Les Affaires. Le dernier budget Bachand ouvre en effet un nouveau chapitre dans le développement des ressources minières au Québec.

Création de Ressources Québec, une société dotée d'un budget de plus d'un milliard de dollars. Doublement du budget de la Société québécoise d'exploration minière. Prise d'options de participation dans des sociétés d'exploration et des sociétés d'exploitation. Financement d'une étude pour amener le gaz naturel sur la Côte-Nord. Création d'une grappe minière. Lancement d'un chemin de fer détenu au tiers par la Caisse de dépôt et placement pour desservir les minières dans la Fosse du Labrador. Extension de l'hydroélectricité au Nunavik...

Comme l'Alberta, le Québec veut se positionner dans la course mondiale aux ressources, convaincu d'assurer ainsi sa croissance économique et de réduire son déficit. Et la province veut le faire de façon interventionniste, «pour que les Québécois en profitent», explique M. Gignac.

Pour le ministre, il est important de s'assurer que le Québec aura sa part de la cagnotte. «On ne veut pas faire de cadeau aux minières. Quand une minière voudra des infrastructures, on lui demandera de payer le coût marginal et on négociera une prise de participation.»

Une vision d'ensemble

De leur côté, les grandes minières se réjouissent de constater que Québec, dans ce budget, va de l'avant avec le Plan Nord et qu'il y consacre les ressources nécessaires, notamment 70 millions de dollars pour les communautés touchées. «On voit que les choses commencent à prendre forme», observe Éric Tétrault, porte-parole d'ArcelorMittal Mines Canada.

De son côté, l'Association de l'exploration minière du Québec accueille très favorablement la création d'une grappe minière au Québec. «L'industrie minière est très fragmentée. Le gouvernement se dote d'une approche plus structurée, ce qui augmentera les maillages dans l'industrie», constate Jean-Marc Lulin, président de l'AEMQ.

«C'est la première fois, à ma connaissance, qu'il y a une vision d'ensemble et pas juste une gestion comptable de l'activité minière au Québec», signale-t-il. Ressources Québec fera selon lui partie des grands leviers de développement économique du Québec.

Cette vision d'ensemble et ce déploiement de moyens devraient se traduire par un plus grand développement minier, plus rapidement.

Des craintes

Mais cette «auto-invitation» du gouvernement chez les minières soulève des questions et des craintes dans l'industrie. L'État va-t-il concurrencer le secteur privé, plutôt que de le soutenir ? Va-t-on décourager les investisseurs plutôt que de les attirer ?

«Les Québécois en profiteront en période faste, mais en période creuse, cela leur coûtera des sous», prévient M. Lulin. «Car le gouvernement augmente son budget dans une activité qui présente des risques», renchérit Nochane Rousseau, leader des services au secteur minier chez PricewaterhouseCoopers à Montréal.

La réduction du crédit d'impôt de 10 points de pourcentage, annoncée dans le budget Bachand relativement aux activités d'exploration minière, déçoit l'AEMQ. «Ce crédit était nécessaire», soutient M. Lulin. Il rappelle que le Québec n'offre pas les teneurs les plus élevées en minerai, ni les plus gros gisements du monde, ni les coûts de production les plus bas.

«Pour amener du capital de risque au Québec, il faut un incitatif, sinon les investisseurs iront ailleurs, plaide-t-il. Au moment où tous les pays cherchent à attirer du capital de risque en ressources, on affaiblit l'attractivité du Québec.»

Certes, le budget provincial offre de bonifier ce crédit en échange d'options de participation, mais cette solution augmente l'inquiétude de l'industrie. D'abord, parce que la participation de Québec «contribuera à diluer le titre d'une société», dit M. Rousseau. «Cela risque de réduire notre capacité à établir des partenariats», ajoute M. Lulin. Quand un investisseur verra que le gouvernement possède 10 % des parts d'une société, il va y penser à deux fois», poursuit-il.

Plusieurs questions se posent concernant cette mesure, car on n'en connaît pas encore les termes exacts : quelle sera la durée de l'option ? Sera-t-elle offerte au rabais ?

La prise d'options de participation s'applique non seulement aux sociétés d'exploration, mais aussi aux sociétés d'exploitation qui auront besoin de soutien gouvernemental, pour leurs infrastructures par exemple.

Nochane Rousseau pense que Québec veut ainsi faire en sorte que les projets miniers ne seront pas entièrement détenus par des étrangers. Certaines entreprises, comme BlackRock Metals, qui envisage un projet minier à la Baie-James, ne sont pas inscrites en Bourse. D'autres, comme Adriana et Century Iron Mines, sont financées par des aciéries chinoises.

«Nous voulons augmenter le niveau de vie des Québécois grâce à l'exploitation des ressources. La productivité, c'est bien beau, mais cela a ses limites. Prenez l'Alberta, sa productivité est restée faible, mais, grâce aux ressources, son niveau de vie est élevé.» - Clément Gignac

TOTAL DES DÉPENSES D'EXPLORATION MINIÈRE

103 M$ en 2001

710 M$ en 2011

14x

Prévision de l'augmentation des redevances minières d'ici 2021-2022.

4 G$

Prévision des redevances qui entreront dans les coffres de l'État de 2011-2012 à 2021-2022.

6 G$

Prévision du total des retombées fiscales des activités minières de 2012 à 2016.

25 %

Augmentation des revenus provenant de la hausse des droits d'inscription et du renouvellement des titres miniers. Elle sera versée au Fonds des ressources naturelles.

Source : Budget du Québec 2012

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