Le gaz naturel n'est pas la panacée, selon l'Agence internationale de l'énergie

Publié le 18/09/2010 à 00:00

Le gaz naturel n'est pas la panacée, selon l'Agence internationale de l'énergie

Publié le 18/09/2010 à 00:00

Contrairement à ce qu'affirment les entreprises pétrolières, l'exploitation de nouvelles sources de gaz naturel n'est pas la bonne solution pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, selon l'Agence internationale de l'énergie.

" Le gaz naturel émet deux fois moins de CO2 que le charbon, mais ce n'est pas la meilleure solution ", dit Fatih Birol, économiste en chef de l'Agence. Selon lui, les baisses d'émissions engendrées par une utilisation accrue du gaz naturel ne sont pas assez importantes.

Au Congrès mondial de l'énergie, qui a eu lieu cette semaine à Montréal, les grandes pétrolières faisaient valoir les avantages de cette filière. " Le gaz naturel, en tant qu'énergie fossile la plus verte, jouera un rôle de premier plan au cours des prochaines décennies ", a soutenu le directeur général de Royal Dutch Shell, Peter Voser.

" Pour la plupart des pays, le gaz offre la solution la plus rapide, la plus économique et la plus facile pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ", a-t-il ajouté.

Fatih Birol n'est pas de cet avis. Chaque année, il dirige pour l'Agence internationale de l'énergie la publication du World Energy Outlook (WEO), la référence pour l'analyse des tendances énergétiques. Il rappelle les conclusions du dernier rapport, publié à l'automne 2009. " Pour l'instant, environ 80 % de notre énergie vient des carburants fossiles, y compris le gaz. Si nous continuons dans cette voie, les changements climatiques seront incontrôlables ", dit-il.

M. Birol préconise plutôt " une décarbonisation révolutionnaire de l'énergie ". Il mise d'abord sur une hausse appréciable de l'utilisation des énergies renouvelables et des investissements massifs dans l'efficacité énergétique. " Il faut aussi augmenter la place du nucléaire là où c'est possible. "

Dans les pays qui misent surtout sur le charbon, développer des technologies de séquestration du carbone sera nécessaire, ajoute l'économiste. " Les sources de gaz non conventionnelles peuvent être une bonne solution pour des pays qui comptent beaucoup sur les centrales au charbon pour produire l'énergie électrique, mais en général, ce n'est pas la bonne solution ", précise M. Birol.

De pétrolières à gazières

Le discours de l'Agence internationale de l'énergie contraste avec celui des pétrolières. Au Congrès mondial de l'énergie, Khalid Al-Falih, pdg de la pétrolière saoudienne Saudi Aramco (numéro un mondial), a insisté sur les programmes d'exploration de son entreprise qui viseront à augmenter ses réserves de gaz : " Acheminer plus de gaz vers le secteur de l'électricité pourrait contribuer à réduire sensiblement les émissions de gaz à effet de serre. "

Pour sa part, Peter Voser a précisé que Shell deviendra bientôt une société gazière avant tout. " Pour l'instant, le chiffre d'affaires de Shell provient à 52 % du pétrole et à 48 % du gaz. Mais c'est sur le point de s'inverser. "

Sur la mauvaise voie

Selon M. Birol, le défi climatique exige des actions plus ambitieuses que cette solution du " moindre mal ".

Des investissements colossaux - 26 000 milliards de dollars américains (G$ US) - seront requis pour répondre à la demande d'énergie d'ici 2030. Si les pays respectent leurs engagements climatiques, une somme supplémentaire de 10 500 G$ US sera nécessaire, selon le WEO 2009.

Mais pour l'instant, les investissements en énergie ne prennent pas en considération la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, dit M. Birol. Il cite les nombreux projets de centrales au charbon.

hugo.joncas@transcontinental.ca

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