Le clientélisme avant la création de richesse, pour Pauline Marois

Publié le 29/09/2012 à 00:00

Le clientélisme avant la création de richesse, pour Pauline Marois

Publié le 29/09/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Énergique, déterminée et résiliente, Pauline Marois est devenue une femme très pressée.

Sa longue expérience politique lui a enseigné que son gouvernement ne durera pas, car les deux principaux partis d'opposition voudront le renverser à la première occasion. On pouvait penser que celui-ci survivrait à son prochain budget, en mars prochain, mais avec les fortes hausses d'impôt qui s'en viennent, ce n'est plus certain.

L'urgence de Mme Marois explique la composition de son conseil des ministres, les mandats qu'elle leur a donnés et les annonces précipitées qu'elle a déjà faites. Puisqu'elle ne doit rien à personne, elle maintiendra une poigne de fer sur son gouvernement.

Il lui fallait d'abord remercier des clientèles qui l'ont portée au pouvoir. Non seulement la hausse des droits de scolarité a été annulée, mais les étudiants ont conservé les améliorations au programme d'aide aux études. Les universités auront aussi le financement promis. Mais il faut être plutôt déconnecté pour qualifier cette décision de « triomphe de la justice et de l'équité », comme l'a fait Martine Desjardins, présidente de la FEUQ. La réalité, c'est que l'ensemble des contribuables paiera plus pour les études coûteuses des futurs médecins, dentistes, etc. Les étudiants sont bien partis pour se faire traiter d'enfants gâtés.

Les écolos se voient confirmer la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly II avant que l'on connaisse quoi que ce soit de l'analyse coût-bénéfice de sa réfection ou de son déclassement. C'était dans le programme du PQ.

Enfin, Québec abolira aussi la contribution santé de 200 $ pour 2012, qui devait figurer dans la déclaration d'impôt du printemps 2013.

C'est un besoin financier d'environ 1,2 G$ qui s'ajoute dans la cour du ministre des Finances, alors qu'un trou de 800 M$ s'est creusé dans le budget de l'exercice en cours, que l'économie mondiale se contracte et que la croissance du Québec. Le gouvernement promet toujours l'équilibre budgétaire en 2013-2014. Un gros défi pour Nicolas Marceau.

Mme Marois croit avoir des cartes dans son jeu, mais elle pourrait bien se tromper. Sa première idée est d'aller chercher rapidement 1 G$ de plus dans les poches des prétendus riches et de bien des gens de la classe moyenne (y compris des retraités) qui reçoivent des dividendes, qu'elle veut imposer davantage. Se peut-il que les retraités ne fassent pas partie des principales clientèles visées par le PQ ?

Étonnamment, elle ne semble pas embarrassée qu'il n'existe aucune étude sur l'impact éventuel d'une telle hausse du fardeau fiscal sur la prospérité à long terme du Québec. C'est inciter un plus grand nombre de Québécois à quitter la province.

Sa deuxième carte est l'accroissement de 388 M$ du fardeau fiscal des sociétés minières, qui versent déjà à l'État 40,9% (c'est 29,8% en Ontario) de leurs profits en impôts, taxes et redevances. Cela pourrait rendre le Québec beaucoup moins concurrentiel.

Comme s'ils avaient la science infuse, les leaders péquistes proposent de nouvelles taxes sans étude à l'appui. Il y a un risque élevé que les investisseurs aillent voir ailleurs.

Trio-choc de journalistes pour la cause

Les mandats confiés à Bernard Drainville, Jean-François Lisée et Pierre Dufresne dans le but de rassurer ou conforter certains groupes cibles (les souverainistes égarés, les anglophones, les allophones et les étudiants) ne sont pas une coïncidence. Pour améliorer ses chances de réélection, le gouvernement aura besoin de renforcer ses communications avec tous ces groupes. Le monde des affaires semble laissé pour compte, mais bon...

Un duo de verts dogmatiques

Les nominations de Martine Ouellet, aux Ressources naturelles, et de Daniel Breton, à l'Environnement, sont inquiétantes. Martine Ouellet s'est montrée radicale dans plusieurs causes et dans les débats sur les projets de loi sur les mines. Quant à Daniel Breton, c'est un militant écologiste du type bagarreur, qu'on voit mal occuper une telle fonction. Ce duo risque de bloquer bien des projets.

La défense du développement durable et la promotion des énergies vertes sont des objectifs incontournables, mais il ne faut pas en faire des dogmes. Il faut les poursuivre en fonction de nos moyens, sans mettre en péril notre prospérité à long terme et après en avoir étudié les enjeux sous-jacents. En ce domaine comme en fiscalité, la précipitation est mauvaise conseillère. L'avenir du Québec ne peut pas être mis en danger par l'improvisation.

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