"Nous ne voyons pas la diversité comme un défi, mais comme un atout qu'on peut mettre à profit." Avec des artistes, metteurs en scène, techniciens et employés administratifs de 40 nationalités, le Cirque du Soleil est un bel exemple de cohabitation quotidienne, comme l'explique sa vice-présidente, intégrité et qualité des spectacles, Murielle Cantin.
Elle nous reçoit entre deux réunions, à côté des gymnastes bondissant sur des trampolines. La diversité, elle connaît. Son mandat consiste à s'assurer que le concept original des spectacles est respecté au fil des représentations. Elle parcourt donc le monde à la rencontre des directeurs artistiques et des artistes. "Disons que j'ai la grosse version du passeport !" dit-elle. Un document qui fait 48 pages, plutôt que 24, et réservé aux grands voyageurs.
Reconnu à l'échelle mondiale pour ses spectacles hors de l'ordinaire, le Cirque doit son succès à la créativité et à l'individualité de ses employés. La diversité des points de vue et des origines culturelles et sociales suscite l'émulation parmi les créateurs. Se mettant constamment au défi les uns les autres, ils conçoivent des spectacles hors du commun.
Au Cirque, tous peuvent s'approprier la créativité. "Ici, c'est tout sauf de la complaisance", souligne Mme Cantin.
Il n'y a pas qu'une seule manière de faire
Toutefois, gérer des dizaines de nationalités n'est pas toujours de tout repos.
D'une part, c'est un défi de communication. Comment des artistes, des metteurs en scène et des techniciens provenant des quatre coins de la planète arrivent-ils à se comprendre alors qu'ils parlent des langue différentes ?
Par leur art ! Le langage corporel est un outil de communication efficace. C'est donc par l'art, par le corps et par les yeux que les artistes du Cirque apprennent à se connaître et arrivent à se comprendre. "Je suis toujours épatée de constater à quel point on peut échanger à travers l'art. C'est un langage international", dit la Québécoise, qui se considère comme une citoyenne du monde.
D'autre part, des accrochages surviennent, surtout entre les artistes, en raison des différentes valeurs et croyances de certaines cultures.
Il faut alors prendre le temps d'expliquer qu'il n'y a pas qu'une manière de procéder, rappeler les valeurs du Cirque et trouver un terrain d'entente.
"Il faut faire preuve d'ouverture d'esprit et de délicatesse", souligne Mme Cantin. Ce qui est logique pour l'un est peut-être absurde pour l'autre. Chacun s'efforce de gérer ces oppositions, car l'objectif ultime de tous les employés est la réussite des spectacles, ajoute Mme Cantin. Une personne qui n'a pas d'ouverture d'esprit, enchaîne-t-elle, n'a pas sa place au Cirque du Soleil.
Se documenter sur les diverses cultures
"Nous pourrions donner des cours aux Nations Unies sur la gestion de la diversité", lance-t-elle. Au-delà de la plaisanterie, la vice-présidente raconte qu'il arrive que deux personnes originaires de deux pays en guerre travaillent de concert.
La vice-présidente avoue ne pas tout savoir à propos des multiples cultures qu'elle côtoie dans les corridors du Cirque et à l'étranger, mais explique qu'elle s'efforce de se documenter sur celles-ci. Il y a quelques années, très peu de gens connaissaient la culture chinoise, cite-t-elle en exemple. Mais aujourd'hui, l'entreprise a appris à connaître les moeurs et les valeurs de ce pays émergent, dont proviennent plusieurs de ses artistes.
"Une autre raison pour laquelle nos employés doivent faire preuve d'un esprit de collaboration, d'entraide et de tolérance, conclut Murielle Cantin, est qu'ils représentent les valeurs de l'entreprise à l'étranger." Des ambassadeurs, en quelque sorte.
audrey.myrand-langlois@transcontinental.ca
