La désignation équitable est en essor depuis plusieurs années. Elle s'applique aux produits qui ne sont pas issus du travail forcé, du travail des enfants ou de conditions discriminatoires. Or, voilà qu'entre en scène une nouvelle désignation, celle de " ville équitable ".
L'an dernier, l'organisme de certification internationale Transfair a accordé cette désignation à La Pêche, en Outaouais, une première au Québec. Cette petite municipalité de 7 600 habitants comprend le pittoresque village touristique de Wakefield.
Un exemple instructif pour des militants de l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, dans le Centre-Sud de Montréal, qui sont à mettre en place les conditions nécessaires en vue d'obtenir cette désignation.
Transfair a désigné jusqu'à maintenant plus de 600 villes équitables dans le monde. La plupart sont situées en Europe - comme Copenhague, Dublin, Manchester et Garstang, en Angleterre, où est née l'initiative.
Aux États-Unis, on en compte une douzaine, dont la plus connue est San Francisco. Au Canada, la seule autre ville équitable est Wolfsville, en Nouvelle-Écosse.
Pas de révolution
La désignation ne demande pas une révolution. Elle n'exige pas de revoir les moyens de production des industries, mais seulement de convaincre un certain nombre d'organisations de modifier leurs politiques d'approvisionnement pour inclure au moins un produit issu du commerce équitable.
Les organisations visées sont les écoles, les institutions religieuses, les restaurants, les commerces de détail ainsi que le gouvernement local.
Les critères varient en fonction du nombre d'habitants. Ainsi, dans une ville de moins de 10 000 habitants, il faut qu'au moins un commerce par 2 500 habitants vende un ou des produits certifiés équitables, et qu'au moins un restaurant par 5 000 habitants fasse de même.
Pour une plus grande agglomération, le ratio exigé est plus faible.
Plusieurs initiatives de sensibilisation
Dans le cas de La Pêche, la désignation a été facilement obtenue : il y avait déjà un nombre suffisant de commerces qui répondaient aux critères, dont un dépanneur " engagé ".
Les responsables du dossier, Anne Windship, une marchande de café équitable, et Chantal Plamondon, présidente de l'organisme Vivre sans plastique, ont ensuite obtenu l'adhésion de l'Église Unie, d'une école primaire et du conseil municipal, qui, en plus de servir du café équitable, vient d'acheter des ballons de soccer certifiés équitables.
La municipalité est allée plus loin : elle a organisé une campagne d'achat local où les marchands indiquaient le nombre de kilomètres parcourus pour chaque produit vendu. Vint par la suite une campagne visant à restreindre l'utilisation des sacs de plastique.
Selon Robert Bussière, maire de La Pêche, la désignation de " ville équitable " n'a que du bon pour sa communauté. " Cela rassemble les gens et augmente la visibilité de notre ville. "
Mercier-Hochelaga-Maisonneuve vise le début de 2010
Pour sa part, l'arrondissement montréalais Mercier-Hochelaga-Maisonneuve est à deux doigts de recevoir la désignation.
Une campagne vient d'être lancée pour recruter la dizaine de marchands et de restaurateurs qui manquent pour répondre aux ratios exigés par Transfair, indique l'instigateur du projet, Jimmy Vigneux, directeur général de la Société de développement commercial (SDC) Promenade Sainte-Catherine Est.
La SDC a récemment rallié le conseil d'arrondissement, qui a adopté une résolution à cette fin. Un comité de coordination vient d'être créé. Quant au critère concernant l'appui d'institutions religieuses, il ne peut pas s'appliquer à l'arrondissement.
" Toutes les églises sont à vendre ici, alors cela donne rien ! Nous avons remplacé les églises par des groupes communautaires ", précise M. Vigneux.
Il espère que l'arrondissement recevra la désignation d'ici le début de 2010.
suzanne.dansereau@transcontinental.ca
