La Grèce a été sauvée, mais rien n'est réglé pour l'euro

Publié le 06/08/2011 à 00:00

La Grèce a été sauvée, mais rien n'est réglé pour l'euro

Publié le 06/08/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Un diachylon appliqué sur une plaie béante. C'est la meilleure manière de résumer le dernier sauvetage financier de la Grèce. Le mal sera plus facile à supporter et l'inflammation sera mieux contenue. Cependant, la guérison requerra une autre médication.

L'argent que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) prêtera à la Grèce lui évitera la faillite, mais il ne relancera pas son économie, qui subit une grave récession. Alors que sa production industrielle est en chute, que le chômage explose et que les revenus de l'État reculent, la Grèce a dû accepter un plan d'austérité très sévère (réduction des dépenses de l'État et hausse des impôts et des taxes) en échange de l'aide financière des 16 autres pays de la zone euro. Rien pour relancer l'économie d'un pays.

Les Grecs subissent aujourd'hui les conséquences des folies du passé (gaspillage des fonds publics) et de la très mauvaise gestion de leur gouvernement, qui a toléré un niveau de travail au noir inégalé en Occident.

Si la Grèce n'appartenait pas à la zone euro - elle y a adhéré en maquillant ses finances publiques -, elle aurait pu imiter l'Argentine, qui a dévalué son peso de 29 % le 6 janvier 2002 pour se sortir d'une crise. Grâce à la baisse des prix de ses produits exportés, l'économie argentine a rapidement trouvé le chemin de la croissance. Imaginez les conséquences qu'aurait eues une dévaluation de l'ancienne drachme sur le tourisme grec. Cependant, ce n'était pas possible, la Grèce ayant adopté l'euro pour le meilleur et pour le pire, le pire étant la renonciation à une politique monétaire, la nécessité de maintenir une compétitivité en phase avec celle des autres pays de la zone euro (ce qui était un voeu pieux) et la préservation de finances publiques saines.

Selon le Pacte de stabilité accompagnant le traité de Maastricht, les pays membres de la zone euro devaient limiter leur déficit annuel et leur endettement à 3 % et à 40 %, respectivement, de leur produit intérieur brut. Or, ces critères ne tiennent plus depuis la dernière récession.

Un pas dans la bonne direction

L'accord sur le sauvetage de la Grèce contribuera à renforcer les bases de l'union monétaire au sein de la zone euro ainsi qu'à fédéraliser en quelque sorte les risques financiers et la dette des pays membres.

Non seulement la Grèce pourra rééchelonner sa dette (d'une échéance moyenne de 7,5 ans à des périodes de 15 à 30 ans) et bénéficier d'un taux d'intérêt de 3,5 à 4 % (au lieu de 5,5 %) sur le financement consenti par le FESF, mais ce dernier pourra racheter des obligations de la Grèce à leur échéance. Pour se financer, le FESF pourra émettre des obligations garanties par l'ensemble des pays de la zone euro. Ce fonds de secours devient ainsi une sorte de Fonds monétaire européen, à l'instar du Fonds monétaire international. Autre particularité de l'accord, la chancelière allemande, Angela Merkel, a réussi à faire participer les banques privées et les autres prêteurs au sauvetage à hauteur de 50 milliards d'euros (G€), portant ainsi à 159 G€ le total des sommes supplémentaires mises au service de la Grèce (après les 110 G€ du sauvetage de mai 2010). La contribution des prêteurs privés viendra du manque à gagner subi par le rééchelonnement de la dette et la baisse des taux d'intérêt payés. Ce manque à gagner représente 21 % de la valeur des prêts existants à leur échéance. Voilà pourquoi on peut parler d'un défaut de paiement, les conditions originales des prêts ayant été modifiées par l'accord de sauvetage.

Un dispositif monétaire intenable à long terme

Puisque le FESF a été en mesure d'imposer ses conditions avant de porter secours à la Grèce - et, tôt ou tard, à l'Irlande ou au Portugal -, l'Europe vient de faire un pas de plus vers une coopération fiscale accrue. Elle devra toutefois procéder à une intégration économique pour assurer la survie de l'euro.

En effet, le dispositif monétaire européen actuel est intenable à long terme, car les pays les moins productifs et les moins efficaces au point de vue fiscal sont condamnés à être de moins en moins concurrentiels face aux meilleurs pays, ce qui nourrit le déséquilibre au sein de la zone euro.

Par ailleurs, comme le démantèlement de cette zone n'est pas envisageable sur le plan de la continuité historique et qu'il serait catastrophique pour la reconstruction européenne, l'Europe n'a pas le choix : elle doit accroître son intégration économique.

Malheureusement, cette oeuvre s'avère si difficile à réaliser qu'elle semble ne devoir se faire qu'à la faveur de crises financières. Elle n'en est pas moins une nécessité.

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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