La démocratie a été bafouée dans Berthier-Maskinongé

Publié le 14/05/2011 à 00:00

La démocratie a été bafouée dans Berthier-Maskinongé

Publié le 14/05/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Même si Élections Canada a validé l'élection de la candidate néodémocrate Ruth Ellen Brosseau dans Berthier-Maskinongé, il n'en demeure pas moins que le processus qui a mené à la victoire de cette serveuse d'un pub d'Ottawa est une véritable farce.

Les électeurs de Berthier-Maskinongé avaient certes le droit de voter pour le bon Jack (Layton), comme l'ont fait des centaines de milliers de Québécois, mais il est fort probable que plusieurs d'entre eux n'ont pas désiré l'élection d'une non-résidente de leur circonscription, qui n'y a jamais mis les pieds, qui parle difficilement le français et qui les représentera au Parlement fédéral pendant quatre ans. C'est au Québec, pas à Las Vegas où elle se trouvait le soir des élections, qu'elle a gagné le jackpot, puisqu'elle recevra un salaire de base de 157 731 $, sans compter plusieurs autres avantages, pour un travail qu'elle n'a pas mérité et pour lequel elle n'a fait aucun effort. Connaissez-vous un employeur qui recruterait un pur inconnu à plus de 150 000 $ par an pour un travail, alors que celui-ci n'a ni les compétences ni l'expérience nécessaires ? Poser la question, c'est y répondre.

Mais ce n'est pas le profil de la jeune députée qui pourrait la disqualifier. Ce sont plutôt les irrégularités qui semblent avoir été commises dans l'autorisation et la validation de sa candidature comme représentante du Nouveau Parti démocratique (NPD) dans cette circonscription, d'où le bien-fondé de la plainte que la candidate libérale défaite à cette élection, Francine Gaudet, a déposée au Bureau du commissaire des élections fédérales. Si sa plainte n'est pas reçue, Mme Gaudet pourrait recourir à un tribunal du système judiciaire. D'autres candidats pourraient l'imiter. La démocratie est trop importante pour être galvaudée. Or, c'est ce qui semble s'être passé dans l'élection de Ruth Ellen Brosseau. Selon Jean Provencher, directeur du scrutin dans Berthier-Maskinongé, cité dans Le Devoir, le nom de la candidate du NPD ne figurait pas sur toutes les pages de l'acte de candidature. Guy André, député sortant et candidat défait du Bloc québécois, a déclaré que " sur les 128 noms de l'acte de candidature, il y en a une douzaine qui représentent des résidences hors circonscription et une dizaine qu'on n'arrive pas à lire. Au moins 11 personnes ont indiqué ne pas avoir signé le document, alors que leur nom y figure. "

Il appert aussi que des électeurs et des candidats défaits examinent le processus d'obtention des signatures de la candidate du NPD dans la circonscription voisine de Saint-Maurice-Champlain. Aucune plainte n'a toutefois été formulée dans ce cas.

Les candidats " poteaux "

Il ne s'agit pas de faire le procès de Ruth Ellen Brosseau ni de remettre en question le jeune âge des candidats (au Congrès américain, l'âge minimum est de 25 ans), mais plutôt de s'interroger sur les " poteaux ", ces candidats que les partis politiques présentent dans les circonscriptions où ils n'ont pas d'organisation. Il y en a toujours eu, mais l'élection du 2 mai semble avoir établi un nouveau record à cet égard. En effet, plusieurs étudiants devront interrompre leurs études pour siéger comme députés. Des cinq étudiants de McGill élus députés du NPD, quatre ont travaillé à l'élection de Thomas Mulcair dans Outremont, au lieu de faire campagne dans leur propre circonscription. Dans Sherbrooke, le nouveau député NPD n'a que 19 ans.

La démocratie est une valeur incontournable, mais notre système électoral l'a mal servie dans plusieurs circonscriptions. En effet, il est certain que des centaines de milliers d'électeurs québécois ont voté pour le NPD par désir de changement et pour la bouille sympathique de son chef, sans nécessairement vouloir élire le poteau qui représentait ce parti dans leur circonscription. Ils ont voté en masse, comme des moutons, comme ils l'avaient déjà fait par le passé.

Ces vagues, dangereuses, ne servent ni la démocratie ni les électeurs eux-mêmes, à cause de l'élection de candidats incompétents. Elles nous interpellent sur notre système politique, qui nous empêche de voter séparément pour le chef du gouvernement et pour le candidat local par lequel nous aimerions être représentés. Combien d'excellents candidats, tels Lawrence Cannon et Larry Smith, ont été sacrifiés pour cette même raison ?

Le système électoral municipal nous permet de voter séparément pour le poste de maire et celui du conseiller. Pourquoi n'en serait- il pas ainsi aux échelons supérieurs ?

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jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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